Pokémon Bouclier
6.5
Pokémon Bouclier

Jeu de Game Freak, Nintendo et The Pokémon Company (2019Nintendo Switch)

Bon... ça va.


En toute franchise, je craignais vraiment le pire avec cette huitième génération, la septième m'ayant salement refroidi. Je n'ai jamais fait la sixième, peut-être est-ce en fait elle qui a amorcé la chute, mais en tout cas, le fossé entre la 5G (Noire) et la 7G (Soleil) m'avait vraiment troué le cul à l'époque. Pour la première fois de ma vie, je me forçais avec Soleil à finir un jeu Pokémon, tellement celui-ci me gavait par son abondance de cinématiques et son assistance presque insultante du joueur (pour ne citer que ses plus gros défauts).


Fort heureusement, cette 8G remonte un peu la pente. Alors, ne m’emmerdant de toute façon plus depuis la 3G à remplir à 100% le Pokédex, je passerai outre cette insolente quenelle qu’est la suppression pure et simple de la moitié du bestiaire pour ne me concentrer que sur la moitié restante et en particulier les nouveautés.


Alors sans surprise, les starters sont tous dégueus – une constante depuis la 3G – et je me suis retrouvé une fois encore à choisir le starter Feu par simple allégeance au type. Ah qu’elle est loin, l’époque des Dracaufeu, Tortank et Aligatueur ! Sans surprise non plus, les légendaires sont nuls (sans déconner, les deux chiens-titre ont la prestance de fuyards – et encore, ceux de la 2G les mettent à l’amende) mais sont en plus réduits à peau de chagrin : deux par version ! Deux ! Sachant qu’ils sont en plus ultra-simples à capturer (tous les deux chopés du premier coup, sérieusement ?), la phase de capture des légendaires (autrefois l’un des passages les plus excitants de l’histoire) ne devient aujourd’hui qu’une simple formalité. La capture des légendaires commençait certes à devenir très (trop) simple dès la 4G, mais celle-ci faisait au moins l’effort de compenser en en mettant plein en jeu (dont des fuyards, histoire de corser la chose). Bref, niveau starters et légendaires, cette 8G continue sur la lancée (merdique) entamée depuis – hélas ! – plusieurs générations.


Agréable surprise en revanche concernant le reste (soit l’immense majorité) des nouveautés : peu d’horreurs et pas mal de bêtes sympas : en vrac, Corvaillus, Torgamord, Wagomine, Scolocendre, Krakos, Hexadron, Morpeko, Lanssorien, Hastacuda, Dunaconda, Coléodôme (et leurs familles respectives), tous ceux-là sont plutôt réussis. Une nette amélioration depuis la 7G, donc.


Là où cette 8G ne s’améliore pas, c’est malheureusement concernant deux des plus gros défauts de sa prédécesseure (première fois que je me pose la question de savoir quel est le féminin de prédécesseur - eh bien figurez-vous que c’est encore sujet à débat, donc j’emploie celui qui me plaît le plus) : l’abus de cinématiques et l’assistance abusive du joueur :


Premier point, les cinématiques : ça m’emmerde, il y en a bien trop. Alors OK pour les passages épiques, qui rendent parfois bien, mais pas à chaque putain de dialogue, c’est juste chiant. Ça casse vraiment la dynamique du jeu, j’aime pas. Puis comme dans Soleil, la première heure de jeu, ce n’est quasiment que de la cinématique, si bien que tu as finalement l’impression de regarder un dessin animé. Puis ce n’est pas comme si l’histoire était plus intéressante que les versions GBA, donc vraiment aucun intérêt de passer par des cinématiques pour chaque dialogue inutile. J’aurais préféré qu’ils intègrent l’intégralité du Pokédex plutôt que de foutre des cinématiques partout. Mais bon. Disons que ça m’a moins heurté que dans Soleil, vu que cette fois-ci, je m’y attendais.


Second point, l’assistance complètement abusée : le jeu est trop simple. Pas une seule fois je ne me suis retrouvé bloqué ni je n’ai eu à chercher où aller. Tout est tellement bien rodé et indiqué que tu sais toujours immédiatement où aller sans aucune hésitation. Le jeu ne te laisse pas réfléchir ni te planter. En plus de cela, on retrouve au moment des combats la même idée de merde ajoutée en 7G qu’est l’indication de l’efficacité ou non de chacune des attaques du Pokémon en jeu sur le Pokémon adverse (dès la seconde apparition dudit Pokémon), ne laissant pas au joueur le plaisir d’hésiter et de se planter. Pour un mec comme moi qui ne maîtrise toujours pas la table des types post-Fée, c’est complètement con, ça m’empêche de me planter un coup sur deux et d’en chier (mon péché mignon).


Dans le même ordre d’idée, je déplore toutes les évolutions touchant aux CT (désormais utilisables indéfiniment), aux points d’expérience (désormais partagés par tous les membres de l’équipes), à la gestion de la santé de son équipe (régulièrement soignée après un combat important), au starter de l’adversaire (désormais en position de faiblesse par rapport à celui du joueur), bref, tous ces choix qui vont dans le sens d’une simplification du jeux (et je sais que la majorité d’entre eux sont antérieurs à cette 8G mais il était possible de les corriger, merde !).


Bref, tout ça fait du jeu un jeu très simple et rapide à boucler. C’est bien simple, je n’ai pas perdu un seul combat de l’aventure. Pire encore, à l’exception d’une poignée de combats (dans l’ordre, le maître de la deuxième arène, le maître de la ligue, Nabil et son légendaire et le prétendant au trône Jean-Coiffure de merde), pour lesquels j’avoue avoir saigné les Herbes rappel, je fistais sans vergogne mes adversaires. En fait, après avoir galéré au maître de la deuxième arène (je ne devais pas avoir l’avantage sur son type), j’ai entraîné mon équipe (modeste, j’ai fait toute l’aventure avec 4 Pokémon – mon record, je tourne d’habitude avec 2) dans les Terres sauvages (une bonne idée de cette 8G !) et j’ai ensuite enculé tout le monde sans peine jusqu’au maître de la ligue (même les quatre gaillards avant ne m’ont pas donné de fil à retordre).


Et du coup, bah c’était un jeu assez rapide à faire. J’ai bouclé la ligue en 17h (ma plus rapide toutes générations confondues) puis le post-ligue en 3h (j’ai ainsi bouclé le jeu en 3 jours, alors qu’on tourne d’habitude sur du 7 jours). D’ailleurs, parlons-en, du post-ligue : une misérable quête du légendaire-titre, rythmée par les combats contre huit Gigamax (un par arène) puis le combat contre lui et la capture (quasiment offerte, donc). Alors OK, les personnages de Jean-Fleuret et Jean-Barge sont drôles, mais bon, ça ne compense pas le vide de ce post-ligue. Ah pardon, on me signale que Game Freak vient d’annoncer la sortie prochaine d’un DLC. Ben oui, bien sûr, je suis un putain de pigeon et je vais débourser 30 balles (30 balles, putain – le jeu en coûte déjà 50 !) pour continuer l’aventure. Il est où, le respect ? Je n’ai pas emprunté gracieusement le jeu pour payer une extension, qu’ils aillent se faire foutre (en tout bien tout honneur, œuf corse).


Un dernier point un peu dommage : la quasi-figuration de la Team Yelle. C’est bien simple, on doit les affronter quatre fois dans l’aventure avant la branlée finale dans la ville de la septième arène. Sans rire, je pense que l’on combattait plus de sbires de la Team Rocket dans les seules îles post-ligue de Rouge Feu que dans toute l’aventure de Bouclier. De loin la Team la plus insignifiante, donc. Dommage. Le délire Teams Aqua x Magma de la 3G semble bien loin.


Tous mes reproches étant désormais formulés, passons aux trucs sympas : eh bien le jeu n’est pas désagréable à faire. J’y ai globalement pris beaucoup plus de plaisir que Soleil.


En premier lieu, les graphismes commencent à devenir vraiment jolis (même si je conserve une préférence certaine pour le design fonctionnel des versions Game Boy puis GBA – je réalise que la nostalgie joue), certains décors sont beaux comme tout, les animations des Pokémon et des attaques lors des combats ont vraiment de la gueule et le fait de pouvoir personnaliser l’apparence de son personnage est assez plaisant (c’est toujours plus sympa de jouer une jolie fille court vêtue qu’un mec en pantalon et casquette).


Pour mon plus grand bonheur, le jeu réintroduit les arènes (absentes de la version Soleil). Remplacer les arènes par des Pokémon dominants (rien du tout) était la pire idée de Soleil… désormais corrigée. Ouf. Parce que y’a un moment, faut arrêter de déconner. Au risque de passer pour un dangereux Gaulois réfractaire, un jeu Pokémon sans arène, c’est comme une pizza sans fromage ou une levrette sans fessée : c’est quand même vachement de la merde. C’est corrigé dans cette 8G et tant mieux. Ils conservent quand même le concept d’épreuve avant, mais puisqu’elles sont toutes couplées avec des combats contre des dresseurs, l’essentiel est sauf. Ouf !


Autre chose, la disparition des montures. Qui était plus chiante qu’autre chose dans Soleil. Ici, on ne réintroduit pas les CS mais on a un vélo tout-terrain et on peut grimper tout seul aux échelles. Ok.


J’en parlais plus haut, mais les Terres sauvages, c’est vraiment un endroit sympa. La zone où s’entraîner si besoin, avec des Pokémon d’un niveau décent. J’approuve. En plus de cela, les Pokémon sont désormais visibles dans les herbes, ce qui est parfait pour l’entraînement. Je veux entraîner mon Kaorine ? Je ne perds pas de temps, je fonce de Machopeur en Machopeur. Pratique. Et en plus d’être visibles, les Pokémon se déplacent et mieux encore, peuvent te pourchasser si tu t’approches trop près d’eux. Et tous n’ont pas la même vitesse. Du coup, ça donne des moments assez marrants où tu te retrouves pourchassé par trois petites merdes qui vont à deux à l’heure et que tu sèmes facilement… avant de te faire poursuivre par un Fulgudog, qui te rattrape en cinq secondes et t’oblige à combattre. Ça, c’est vraiment une évolution sympa qui rend le jeu marrant. Bien plus que le concept merdique de meutes qu’il y avait dans Soleil et qui te maintenait parfois captif pendant plusieurs minutes.


Autre élément marrant, le Gigamax. Je trouvais les Méga-évolutions et autres Attaques Z des versions précédentes vraiment pourries. Ici, on dégage tout ça pour introduire cet espèce de compromis qu’est le Gigamax et ça me semble plus intelligent. J’oubliais à chaque fois l’existence de ce truc et lorsque chaque champion d’arène le déployait (systématiquement sur son dernier Pokémon) et qu’il enculait mon Pokémon en jeu, je lâchais des petits pets de stress et me promettait d’y penser la prochaine fois, c’était marrant.


Au passage, m’étant personnellement engagé auprès de moi-même de faire cette aventure avec les premiers Pokémon que j’aurais l’occasion de croiser, je dois bien dire que je me suis trouvé assez satisfait de mon équipe, composée de quatre Pokémon inédits pour moi : le starter Pyrobut donc, Fulgudog, Kaorine (baptisé Harmony, les cinéphiles comprendront)et Tranchodon. Ils n’auront pas démérité.


Voilà, quelques petits points qui rendent ce jeu sympa. Ajoutés au bestiaire pas vilain, cette version Bouclier se hisse sans peine au-dessus de Soleil (qui reste donc la pire). Tous les éléments disparus (sans qu’ils soient compensés par de nouveaux ajouts de la même trempe) depuis les premières versions me donnent – hélas – la désagréable impression de faire un jeu Pokémon-pour-les-Nuls, mais disons que dans le genre, c’est quand même plus sympa que Soleil.


Il s’agirait désormais de se sortir un peu les doigts du Cupcanaille pour la 9G et de me remplir un peu ces jolis graphismes avec du fond. Entendu, Game Freak ? La Pokéball est dans votre camp !

ServalReturns
6
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le 19 janv. 2020

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ServalReturns

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