Pokémon Bouclier
6.5
Pokémon Bouclier

Jeu de Game Freak, Nintendo et The Pokémon Company (2019Nintendo Switch)

S’il est un jeu qui a fait couler beaucoup d’encre (virtuelle) sur les forums en 2019, c’est bien Pokémon Epée et Bouclier. Premiers jeux de la huitième génération, ceux-ci devaient achever la transition vers la HD entamée l’année d’avant avec le vrai-faux-onsaitpas spin-off Let’s Go Pikachu/Evoli. Les fans aguerris savaient à quoi s’attendre avant même leur annonce : une nouvelle région, de nouveaux Pokémon et des nouveaux concepts qui seront abandonnés à la génération suivante.
En revanche, il y a une chose que personne n’a vue venir, c’est la suppression du Pokédex National. Certes, techniquement ça remonte à Soleil/Lune, mais dans ces jeux on pouvait tout de même importer tous les anciens Pokémon. Ca n’est pas le cas dans Epée/Bouclier où la moitié des créatures (et énormément d’attaques) étaient tout simplement inexistantes dans les données du jeu au lancement. Les mises à jour ont un peu rattrapé ça, mais 234 Pokémon (soit 25% du Dex National, tout de même) restent interdits à Galar à ce jour. Accessoirement, ça signifie que n’importe quelle cartouche Pokémon sur 3DS contient plus de créatures utilisables qu’Epée et Bouclier, sortis sur une console plus puissante et ayant bénéficié de deux mises à jour majeures.


Pour justifier ce retrait, Game Freak a multiplié les déclarations : les modèles 3D seront désormais plus soignés et mieux animés, l’équilibrage sera compétitif, la région sera riche en contenu…
Deux ans après, qu’en est-il de ces belles promesses ?



Un jeu de base triste comme un Motisma-Froid vide



Commençons avec le Pachyradjah dans la salle, comme disent les Galarois, les promesses de modèles Pokémon plus détaillés et vivants sont…eh bien, des promesses. Un rapide data-mining du jeu permet de voir qu’il s’agit des mêmes modèles que sur 3DS, au polygone près. Aucune nouvelle animation n’a également été ajoutée, bref, 25% des Pokémon ont été sacrifiés pour du vent. Et ce ne sont pas les humains qui ont hérité de ces "high quality animations" non plus, vu qu’on a toujours droit à un fond noir quand un personnage ramasse un objet à terre.
En ce qui concerne la compétition, je n’ai jamais été un expert, néanmoins beaucoup de gens se plaignaient de la puissance de Darumacho de Galar au lancement du jeu et du Dynamax qui est considéré comme craqué. Oups !
Je voudrais aussi mentionner rapidement l’interface, qui est selon moi la plus grosse perdante de cette transition 3DS/Switch. On passe d’une console à deux écrans qui permettaient d’afficher beaucoup d’infos et de naviguer rapidement dans les menus à un seul écran qui rend toute manipulation poussive, surtout que le tactile n’est pas supporté du tout en mode portable.


Quid du contenu maintenant ? Là ça va être plus intéressant à détailler. Installez-vous, prenez une tasse de Théffroi, et discutons posément, ça va durer un moment.
La grosse nouveauté du jeu, c’est bien sûr le Currydex. Une encyclopédie incroyablement complexe comprenant plus de 150 recettes que certains PNJ vous encouragent fortement à compléter. Patience et recherche sont au rendez-vous pour cette activité qui émerveillera petits et grands !
(non je déconne, c’est bien évidemment complètement à chier et du temps de développement perdu, c’est désormais le troisième simili-Nintendogs d’affilée et je ne vois toujours pas qui ça intéresse quand on a plus de 8 ans d’âge mental)


La vraie nouveauté du jeu, c’est l’arrivée des Terres Sauvages, un simili-monde ouvert qui s’étend sur toute la région de Galar. On y accède dès le début du jeu et on peut y croiser des Pokémon très puissants qui se mettront parfois à vous poursuivre. De quoi me rappeler mes plus beaux moments de panique sur les Xenoblade !
C’est un concept amusant au début, c’est toujours surprenant de tomber sur un Pokémon qui a 20 niveaux de plus que toi (mais c’est frustrant de ne pas pouvoir les capturer alors qu’on pouvait par exemple chopper les Fauves Légendaires lvl 40 dans Or/Argent à un moment où ton équipe était lvl 15). La sensation de découverte faiblit avec le temps malheureusement, d’autant que ces Terres sont assez plates et que l’aspect aléatoire de l’apparition des Pokémon qui nécessitent une certaine météo pour apparaître peut très vite lasser quand on complète le Pokédex Régional. Cela dit, on peut aussi y trouver beaucoup de Pokémon qui n’évoluent en temps normal que par échange (Steelix, Gigalithe…), c’est vraiment bien pour ceux qui n’ont pas la possibilité de faire des échanges.


Les Terres Sauvages hébergent également les Raids Dynamax, l’autre nouveauté du jeu. En gros, vous êtes à 4 contre 1 Pokémon avec des stats boostées à l’absurde (le fameux phénomène Dynamax, que vous pouvez également utiliser lors de certains combats de l’aventure). Si vous êtes connecté à Internet (et que vous avez raqué pour l’abonnement Online, bienvenue sur Switch) vous pouvez combattre avec vos amis ou des inconnus, mais en solo l’issue de ces combats dépend souvent de l’IA qui vous assiste.
Je préférais les combats contre les Pokémon Dominants de Soleil/Lune, qui ont plus ou moins le même concept mais où le Pokémon adverse a des boosts plus raisonnables et peut appeler à l’aide. La difficulté me semble bien mieux équilibrée, d’autant que certains adversaires étaient redoutables (mes nuits sont encore hantées par le duo Floramantis/Morphéo).


D’ailleurs c’est une tendance qu’on observe dans tout le jeu. Si Soleil/Lune (et les versions Ultra) sont probablement les jeux les plus difficiles de la licence, Epée/Bouclier fait le grand écart en proposant des jeux très faciles. J’ai quasiment soloté 5 des 6 premières Arènes avec Corvaillus et ses pré-évolutions !
Il faut dire que la nouvelle mécanique du Dynamax est très facilement exploitable, il suffit de la déclencher lorsque le Champion n’a plus que 3 Pokémon et c’est la victoire assurée. Et dans le cas où j’avais besoin de soutien, je pouvais envoyer un Pokémon de réserve qui avait accumulé de l’expérience sans rien faire.
Car oui, le Multi Exp est désormais actif en permanence, sans possibilité de le désactiver. Cela achève les rares restes de challenge que le jeu pourrait avoir (j’ai un peu galéré contre Tarak, mais c’est parce que je me suis interdit tout grind à la fin du jeu et que je n’utilise jamais d’objet en combat).
Bien sûr, même avec le Multi Exp il pourrait y avoir du challenge, c’est le cas dans beaucoup d’autres RPG où tes personnages inactifs gagnent quand même un peu d’expérience après chaque combat (Xenoblade, FF7…). Mais ça demande un bien meilleur travail d’équilibrage que ce qui a été fait, c’est anormal que le Rival prenne le Pokémon qui est faible par rapport au tien par exemple.


Mais bien sûr, ce ratage total ne serait rien sans un scénario pourri. Et là-dessus, Epée/Bouclier dépasse toutes nos espérances en nous livrant une aventure bourrée d’incohérences (un PDG qui a la patience et la capacité d’anticipation d’un enfant de 5 ans, l’historienne qui découvre qu’il y avait deux héros légendaires en allant dans un musée ouvert à tous…) et de moments super frustrants (des explosions qui se produisent à côté de vous mais qu’on vous interdit d’aller voir, les sbires de la Team Yell qui bloquent pathétiquement les routes…). Pokémon n’a jamais été une série qui brillait par son scénario (même si j’apprécie ceux de XY et Soleil/Lune), mais c’est juste indécent de voir un tel traitement. Heureusement qu’il y a le Rival Nabil qui offre une histoire assez sympathique à suivre, même si elle emprunte beaucoup à Tili de Soleil/Lune (en étant tout de même mieux développée).
Il y a également beaucoup d’occasions manquées dans cette 8G : on sait qu’une Ligue mineure existe à Galar (évoquée par Omori dans une interview, teasée par les uniformes avec des Types non représentés dans le jeu et confirmée par un personnage dans un DLC) donc on aurait pu s’attendre à ce qu’il y ait un challenge parallèle où on aurait pu affronter 10 Arènes mineures…sauf que non, rien n’est exploité de ce côté-là. Pareil pour les sponsors de Tarak qui ont été un peu mis en avant dans la communication du jeu et qui laissaient penser que le scénario allait traiter de la corruption du Maître par des multinationales douteuses. Même pas, ces sponsors ne sont jamais évoqués dans les dialogues et servent juste à décorer (ou plutôt enlaidir) sa cape. Et surtout, l’histoire est plus linéaire que jamais, le scénar requiert explicitement que tu fasses les Arènes dans un certain ordre. Même dans la 5G ils cachaient (péniblement) la linéarité de l’aventure avec de meilleures explications.


Sans déconner, c’est complètement con. La région est divisée en deux parties : tu as une première zone qui contient les 3 premières Arènes et une seconde qui contient les 5 suivantes, sachant que les villes au sein de chaque zone sont plus ou moins reliées entre elles. Pourquoi on ne peut pas affronter les arènes 1 à 3 puis 4 à 8 dans l’ordre qu’on veut ? C’est quand même incroyable que la région qui introduit la première zone en monde ouvert de la licence ait un déroulé plus linéaire que des jeux Game Boy !
D’ailleurs il n’y a pas que le déroulement du jeu qui soit linéaire, le level-design l’est aussi. Ca n’est certes pas une nouveauté (ça remonte à XY), mais les donjons et les routes sont (très) courts et se résument souvent à une ligne droite dont les embranchements mènent à un bête cul-de-sac où se trouve au mieux une CT, à quelques exceptions près (la Route 8 joue beaucoup sur la hauteur, c’est vraiment sympa). Inutile de dire qu’on s’ennuie beaucoup en "explorant" la région, et ce ne sont pas les PNJ avec deux Pokémon grand max qui vous tireront de votre torpeur.
Le summum de cette linéarité se trouve nulle autre part que dans le "donjon" menant au boss final : un ascenseur qui s’arrête toutes les 15 secondes pour vous laisser faire un combat contre des Sbires, et qui repart dès que le combat est terminé. Evidemment, votre Rival est là pour soigner vos Pokémon après CHAQUE affrontement.


Et puis évidemment, on est habitués, mais il n’y a plus rien à faire une fois le jeu fini. On a droit à l’habituel scénario de 2 heures qui se résume à faire Vol une dizaine de fois et à regarder des cinématiques nazes puis à une Tour de Combat plus simple que jamais. Pas de Zone de Combat, pas de Concours de beauté, pas de zone inédite, pas même un Parc Safari à se mettre sous la dent.
Pourtant l’histoire est une des plus courtes depuis la 4G (finie en moins de 15 heures, en ayant perdu pas mal de temps à faire monter le bonheur d’un de mes Pokémon). C’est honteux, comme disait le regretté René Malleville.


Dans ce marasme général, on peut toutefois compter sur une excellente bande-son pour nous tenir occupé. La 7G m’avait pas mal dégoûté sur ce point, je suis donc très content d’entendre des thèmes aussi réussis que ceux de la ville d’Old Chister, des batailles de la Tour de Combat ou la plupart des thèmes liés à Rosemary. Dédicace spéciale au thème des Champions qui est assez nul à écouter sur YouTube mais qui prend tout son sens in-game, avec les chants de la foule qui se font au rythme de la mélodie et qui changent en fonction de votre performance. Et le boss final a beau être parfaitement con, il a la musique la plus "boss finalesque" de la série, tout va bien dans le meilleur des mondes.
Je n’aurai pas autant de compliments envers les graphismes malheureusement, puisqu’en-dehors d’effets de lumière sympas (parfois), le jeu ressemble plus à de la PS2 qu’à un jeu HD. Le pire étant lors des tempêtes de neige dans les Terres Sauvages où on ne voit pas à 2 mètres devant soi parce que le niveau d’opacité du brouillard a été monté au maximum, un délice pour se repérer. On n’oublie pas non plus de mentionner les désormais célèbres textures d’arbres sorties tout droit de la N64, ni oubli ni pardon.
Je trouve aussi que certaines cinématiques gagneraient à être doublées. Pas toutes (ça ne ferait que rajouter du temps à une aventure déjà trop envahissante et qui te crache une cinématique tous les 10 mètres, ça fait plaisir de voir que le principal défaut de la 7G n’a pas du tout été corrigé), mais au moins celles sur lesquelles le joueur n’a pas la possibilité d’appuyer sur A. Je pense à l’intro ou à la scène du joueur et Nabil dans le train par exemple. Sans même parler de la ridicule séquence où Peterson, un Champion artiste, se met à chanter son dernier tube. Sauf que sans voix ça fait très, TRES cheap, on parle de la licence la plus lucrative de tous les temps je le rappelle. Surtout que le même concept avait été traité 15 fois mieux sur Noir 2/Blanc 2, donc c’est l’humiliation la plus totale


Un mot sur la localisation française que je trouve ratée. C’est surprenant parce que la traduction a toujours été de qualité dans la série, mais là c’est bourré d’anglicismes (qui a déjà dit "ça va être ton endgame" ?), d’expressions wesh-wesh (les dialogues de Rosemary sont insupportables à lire à cause de ça) et de néologismes ("Professeure" et "Docteure" sont reniés par leurs professions, mais la féminisation des noms de métiers n’est qu’un délire de L1 socio on vous dit). Le premier point peut s’expliquer par la région de Galar qui s’inspire de l’Angleterre (mais il va falloir me dire pourquoi Unys et Alola, basées sur des états américains, n’ont pas eu droit à ce traitement) et on peut me rétorquer que la 1G avait pas mal d’argot et d’expressions typiques des années 90 ("mon p’tit kawa", "ça m’la coupe"...), mais c’est quand même bizarre de voir des personnages en HD bien lisse avoir le vocabulaire de sprites 8-bits.
Heureusement qu’on a Jean-Targe et Jean-Fleuret qui viennent animer la fin du jeu avec leurs dialogues d’aristocrates, c’est très distrayant, et ça m’a appris le mot "puîné".


Après, j’avoue que je n’accroche pas à cette région et à ses personnages qui hurlent "On a été créés en 2019, regarde comme on est trop dans le vent !", entre la Championne Instagrammeuse, le Champion qui prend des selfies au cours de son match, le Rival qui pianote sur son smartphone lors de ses voyages en train (on rappelle que l’idée de base de la licence c’est que Tajiri était attristé de voir que l’évolution technologique coupait les enfants de leurs liens avec la nature), le héros qui commence son aventure avec un jean déchiré… J’ai l’impression que c’est une génération qui va très mal vieillir esthétiquement.
Ca n’est pas aidé par le chara-design incroyablement laid. Rien à redire sur les Pokémon, comme d’habitude il y a de gros ratés (Galopa de Galar, Dolman…) et des réussites incontestables (Beldeneige, Corvaillus…), même si je tiens à dire que c’est la première fois que mon starter a fini au PC, en revanche les PNJ sont particulièrement dégueulasses. On a des hipsters de merde, des Miis, un Champion sans nez, mon démon du sommeil
Ken Sugimori se retire peu à peu de la licence et laisse les rênes de la DA à d’autres. En soi pourquoi pas, après 25 ans de travail sur la série il a le droit de prendre ses distances, mais son/ses remplaçant(s) ont un style qui tranche radicalement avec le sien, ça n’est pas agréable du tout. On se demande comment ces personnages peuvent cohabiter dans le même monde que ceux-là.



Des DLC ? Nanméouie



"Ah ah, tu critiques mais t’as acheté l’Expansion Pass, gros Poichigeon !"
Eh non Saturnin, j’ai juste acheté d’occasion la cartouche qui contient le jeu + le DLC, The Pokémon Company n’aura donc pas touché un centime sur mon achat.
C’est d’ailleurs le bon moment pour parler de cette fameuse cartouche, qui semble avoir été produite dans des quantités très limitées (je ne la vois plus en magasin alors qu’elle a à peine un an) et qui coûtait 90€ à sa sortie…soit le prix du jeu de base plein pot + le DLC, ils ont vraiment tout compris au principe d’une version GOTY.
Bref, avec la spéculation absurde qu’il y a sur les jeux Pokémon depuis quelque temps (100 balles la version Platine en boîte, quelle grosse blague), il y a fort à parier que cette édition incluant les DLC sur la cartouche va côter assez vite. Si vous voulez vous y mettre sans filer de thune aux développeurs, je vous conseille de ne pas trop tarder à l’acquérir.


Ceci étant dit, l’Expansion Pass contient deux aventures différentes : L’Ile de l’Armure et Les Terres Enneigées de la Couronne, au prix de 30€ tout de même. J’apprécie le fait que les développeurs aient proposé cette solution à la place d’une version complémentaire (USUL n’avait pas autant de considération pour les acheteurs), même si ça signifie que les problèmes du scénario dans le jeu de base ne seront jamais corrigés.
Chaque DLC propose une nouvelle zone en open-world à explorer. Pas de ville, peu de PNJ, même pas un Centre Pokémon : c’est vous contre la nature, et vous pouvez explorer à votre rythme.


Evidemment, Game Freak oblige, on n’allait pas vous lâcher dans la nature sans scénario, vous aurez donc quelques objectifs à accomplir dans chaque zone (ce qui rappelle un peu le déroulé du futur Legends Arceus). Le premier DLC, à Isolarmure, introduit un nouveau Rival qui vous parle comme de la merde (si on rajoute Travis dans le jeu de base, ça fait quand même deux Rivaux agressifs qui rappellent Blue ou Silver, c’est quand même plus sympa que les lèche-culs qu’on se trimballe depuis la 3G) ainsi qu’un Pokémon Légendaire de Type Combat, Wushours, qu’il faudra aider à faire évoluer.
Globalement j’aime bien ce DLC. C’est assez chouette d’avoir un Rival malhonnête qui tente par tous les moyens d’obtenir le Pokémon Légendaire. Et une fois celui-ci en notre possession, on est encouragé à aller visiter l’île de fond en comble pour voir de jolis paysages et renforcer nos liens avec Wushours. Une belle manière de se familiariser avec cette nouvelle aire de jeu remplie de Pokémon qui n’étaient pas dans le jeu de base. Le DLC se termine avec un combat entre vous et un ancien Maître de Galar, ce qui n’est pas sans rappeler les combats bonus contre Red ou Rochard dans Or/Argent et Emeraude.
Mon seul reproche à ce DLC est que vous êtes pénalisé si vous le faites après l’aventure principale. A un moment, il est demandé à ce que Wushours monte au niveau 70, ce qui est assez long à faire (d’autant que le petit n’a pas beaucoup de défense) alors que si vous faites cette quête sans avoir obtenu tous les Badges, le critère de niveau est beaucoup plus bas.


Le deuxième DLC est généralement considéré comme le meilleur, mais ce n’est pas vraiment mon avis.
Cette fois-ci vous êtes largué à Couronneige, une zone polaire qui fait la part belle aux Types Glace (et aux Nidoran, j’en croisais un tous les 5 mètres). La zone est beaucoup plus vaste qu’Isolarmure, qui elle-même était plus étendue que les Terres Sauvages de Galar, autant dire que vous allez passer beaucoup de temps à explorer les grottes locales, qui sont les seules de tout le jeu à être vraiment grandes et labyrinthiques. De ce point de vue là, c’est positif.
Là où le bas blesse, c’est plutôt la partie scénarisée de l’aventure. En gros, vous allez rencontrer un mec (le frère du grand méchant du jeu, qui ne mentionne par ailleurs jamais les actes de son frangin) qui va vous demander d’aller capturer des Légendaires. Plein de Légendaires. Avec un taux de capture de 3%. Et c’est tout.
Ah si, à un moment il y a la Professeurent du jeu qui vous demande…d’aller capturer quatre Légendaires supplémentaires.
Alors bon, ces Légendaires apportent un peu de lore à cette zone de la région, mais vu que celle-ci est déconnectée de l’aventure principale on s’en fout pas mal. Surtout en ce qui concerne les deux nouveaux Regi qui sont juste incohérents avec les précédents (on avait le créateur du groupe + des représentants de l’âge de glace, de pierre et de fer, et là sans aucun lien avec la thématique on rajoute une pile électrique et un dragon).


Et du coup, quelle est votre récompense pour capturer tous ces Légendaires au terme de combats intenses se résumant à "je mets ta vie dans le rouge et j’envoie 30 Chrono Balls" ? Bah vous débloquez encore plus de Légendaires, sauf que cette fois-ci leur taux de capture est de 100%. Et il y a les Ultra-Chimères d’Alola aussi. Par contre y’a toujours pas Feuforêve ou Mangriff. Allez vous faire foutre.
De plus, après avoir fini l’aventure principale et les DLC, vous débloquez une sorte de Pokémon World Tournament qui réunit tous les PNJ importants du jeu dans des Combats Doubles. C’est une bonne manière de clôturer l’aventure, même si le Joueur est clairement avantagé, pour ne rien changer (vu qu’on fait équipe avec un PNJ et que tout le monde sauf nous est limité à 3 Pokémon, ça signifie qu’il y a 9 bestioles de notre côté et seulement 6 dans l’équipe adverse, donc à moins d’avoir 10 niveaux de retard, je ne vois pas comment on peut perdre).


Bref, les DLC du jeu, c’est deux zones sympas à explorer (très sympa dans le cas de Couronneige) et un nouveau défi amusant, mais on retombe dans les mauvais travers de ROSA ou USUL qui consistent à croire qu’un bon post-game se résume à mettre plein de Légendaires. Alors que bon, personnellement juste des nouvelles Terres Sauvages et une Zone de Combat, j’aurais été content.
Le plus ironique, c’est que le seul avantage du Dexit selon moi, c’était qu’au moins les développeurs n’auraient plus besoin de rajouter au chausse-pied des Pokémon Légendaires dont la présence en-dehors de leur région d’origine est injustifiable (genre Dialga/Palkia qui sont liés au Mont Couronné). Sauf que voilà, tout s’est effondré au dernier moment, ils ont préféré faire revenir une soixantaine de créatures qui n’ont rien à foutre là au lieu de faire une sélection plus intelligente. Sans même parler de l’arnaque concernant les deux nouveaux Regis et les deux montures puisqu’il faut choisir entre l’un des membres du duo, le deuxième sera alors inaccessible à jamais. Heureusement que sur Switch on peut recréer un fichier de sauvegarde sans perdre le premier, mais je vous avoue que je n’ai pas trop envie de me retaper tout le jeu maintenant juste pour deux Pokémon.


Restons bon prince, les deux DLC m’ont pris autant de temps à compléter que le jeu de base (littéralement, j’étais à 16h de jeu après le scénario post-Ligue, j’en suis à 32h après ma victoire au Tournoi de Galar) ce qui, pour la moitié du prix de base, est parfaitement honnête. D’autant qu’on n’est pas submergés par les cinématiques dans ces DLC, donc le temps de jeu effectif est supérieur.
Maintenant il me reste à faire ma partie préférée de chaque jeu : compléter mon Pokédex (qui restera forcément incomplet).



L'heure du Zarbilan



Game Freak a menti, c’est clair et net. Leurs déclarations pour justifier l’absence d’une bonne partie des Pokémon ne tiennent juste pas debout manette en main. Ce serait excusable si le jeu avait au moins une aventure solide, mais même pas. On est face à un des jeux les plus simples de la franchise (derrière XY) et au pire scénario tout court, parvenant à détrôner Rubis/Saphir, ce qui n’est pas un mince exploit (on rappelle que les méchants ne connaissaient même pas le cycle de l’eau, qu’on apprend en CE2). Globalement un immense sentiment de gâchis se dégage de ces jeux qui nous offrent une expérience en demi-teinte, loin du potentiel que pouvait leur offrir la Switch.
Bien sûr, il est compliqué de blâmer les développeurs qui ont sûrement fait ce qu’ils ont pu avec leurs connaissances (limitées) de l’architecture Switch et le délai de développement très serré imposé par leurs supérieurs, mais j’ai vraiment la haine contre les marketeux et les décideurs de Game Freak/The Pokémon Company, sans parler du roi des clowns qui a poussé ce délire du Currydex dans la génération qui supprime le Dex National. A part le PDG de TPC, personne n’a besoin de voir des jeux mal branlés sortir tous les ans, et ça fait depuis 2013 qu’on le répète.


Le plus triste, c’est peut-être les chiffres de vente de ces cartouches qui s’élèvent à plus de 22 millions d’exemplaires, ce qui en fait la troisième paire de jeux la mieux vendue de la série, pas très loin derrière les géniaux Or/Argent (23 millions). Les créateurs peuvent mentir comme des arracheurs de dents et livrer un jeu à moitié fini, le nom de la marque couplé au succès de la Switch suffit pour qu’il n’y ait aucune conséquence sur le court et moyen terme (regardez les premiers chiffres de vente des remakes de Diamant/Perle qui ont également poussé le foutage de gueule assez loin), c’est écoeurant.


Mais bon. Les DLC ont permis de finir l’aventure à Galar sur une note positive, et je pense que les Terres Sauvages de Couronneige et Isolarmure sont de bonnes bases pour Legends Arceus. A voir à quoi ressemblera ce jeu, et surtout ce que Game Freak nous réserve pour la 9G.
Allez, je parie sur : une nouvelle région, de nouveaux Pokémon et des nouveaux concepts qui seront abandonnés à la génération suivante.

Sonicvic
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le 14 déc. 2021

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