Game Freak, C'est Chic

Avec plus de 40 millions d’unités écoulées dans le monde, record absolu de ventes d’un jeu Nintendo (Super Mario Bros., Tetris et Wii Sports étant des jeux essentiellement "offerts" en bundle), et même s’il faut relativiser ce résultat car beaucoup de joueurs ont acheté plus d’une version (moi y compris :p), il aurait été idiot de ne pas proposer de suite à Pokemon Blue / Red / Yellow / Green…surtout quand on connaît Nintendo, spécialiste de la licence essorée jusqu’à la moelle (avec l’aval des joueurs).

Le concept mélangeant RPG et collectionnite fonctionnant à merveille dès le premier opus, on pouvait légitimement se demander ce qu’un nouvel épisode apporterait de plus, hormis plus de bestioles à choper et une mise à jour graphique… Et effectivement, ces nouvelles versions Gold, Silver & Crystal n’apportent finalement pas grand-chose à la formule de base, mais les quelques ajouts / ajustements mineurs améliorent tout de même sensiblement l’expérience de jeu…

L’interface par exemple, est mieux pensée : lorsqu’on fait face à un pokemon sauvage, si celui-ci a déjà été capturé, une petite pokeball s’affiche à gauche de son nom. C’est tout bête, mais fallait y penser. La barre d’expérience du pokemon actif est affichée sous son nom, nous permettant de savoir à peu près quand celui-ci gagnera un niveau. Le jeu gagne aussi en ergonomie : on peut désormais assigner un objet important au bouton select, idéalement la bicyclette ou la canne à pêche, tandis que la plupart des CS (Surf, Force…) peuvent s’utiliser directement sans passer par le menu…

Les joutes ont quelque peu gagné en tactique. Si l’on est toujours limité à 4 pov’ attaques, il est maintenant possible de faire tenir à notre pokemon actif un item pouvant influer le cours du combat, que ce soit un objet renforçant ses aptitudes naturelles ou encore un objet de soin (notamment les baies). Deux nouveaux types (Ténèbres & Acier) viennent compléter les 15 déjà présents, et modifier un peu le rapport de forces auparavant largement en faveur de certains (Psy…), tandis qu’un système d’alternance jour/nuit joue sur la fréquence d’apparition de certaines espèces (mais pas sur leur niveau, comme peut le faire un Dragon Quest). On peut enfin faire s’accoupler les pokemon (dans les limites de leur compatibilité of course), ce qui ne sera pas de trop pour compléter le pokedex, celui-ci contenant maintenant jusqu’à 251 pokemon différents !

Avec autant de créatures à choper, il fallait un terrain de jeu à la hauteur…et c’est le cas ! On évolue désormais dans la région de Johto, qui est pratiquement deux fois plus grande que Kanto, mais qui est surtout bien moins linéaire, truffée de lieux -notamment des grottes- qu’il conviendra de trouver en fouinant un minimum, en s’éloignant quelque peu de la route toute tracée. Et comme si ça ne suffisait pas, Kanto finit par devenir explorable une fois le Conseil des 4 explosé une première fois ! L’occasion de noter qu’en seulement trois petites années, tous les dresseurs de Kanto sont devenus des maîtres en puissance…

Ce qui nous amène au scénar’, la seule vraie déception du soft, car ce n’est ni plus ni moins qu’une resucée de Pokemon Blue / Red / Yellow / Green. On incarne à nouveau un gosse de 10 ans (ou au choix une fille dans Crystal), on a encore un rival exclusif qui vient sanctionner notre progression à intervalles réguliers, on va d’arènes en arènes pour récupérer les badges, précieux sésames donnant accès à la Ligue Pokemon… Même la Team Rocket, bien que dissoute par Giovanni à la fin du premier opus, répond présente, en tentant bien maladroitement de se reformer… On a certes quelques tentatives de scénarisation un brin élaborées (une histoire de pokemon malade, un mystérieux signal radio…), mais dans l’ensemble, ça respire le déjà-vu…

Techniquement, même constat. Le jeu est loin d’être moche, mais aussi très loin d’exploiter toutes les possibilités offertes par le Game Boy Color. Les pokemon sont certes mieux dessinés (les sprites bougent dans la version Crystal!!), les environnements sont un peu plus fouillés et mieux architecturés, mais niveau animations et effets de lumière, c’est toujours le minimum syndical. Musicalement parlant, c’est un poil mieux orchestré, les thèmes -plus nombreux et variés- restent dans la continuité du premier opus, mais les bruitages sont toujours aussi stridents, notamment les cris des monstres de poche…

Petit aparté à la sauvage, pour parler de cette version Crystal qui, à l’instar de Yellow pour Blue / Red / Green, n’apporte finalement pas grand-chose à l’expérience proposée par Gold / Silver. L’ajout le plus significatif est sans doute la Tour de Combat, dont le déroulement des joutes rappelle un peu Pokemon Stadium. À côté de cela, citons deux nouvelles quêtes secondaires, l’une centrée sur Suicune, l’autre sur les Zarbi. Le reste est de l’ordre du détail, avec quelques changements graphiques mineurs, ou encore des contacts beaucoup moins en mode 3615MYLIFE, qui appellent désormais plus pour prendre leur revanche ou donner des infos sur des pokemon rares que pour raconter leur vie palpitante…

Au final, Pokemon Gold / Silver / Crystal se contente d’être une version ++ de l’épisode précédent -ce qui n’est pas forcément (encore) problématique- mais reste avant tout un très bon jeu. Il propose une meilleure ergonomie et un contenu plus conséquent, parfait pour les newbies, et titille la fibre nostalgique naissante des fans du premier opus, en leur mettant à disposition leur ancien terrain de jeu lorsque ceux-ci pensent être tout près de finir l’aventure… Il permet même l'importation des pokemon de la première génération absents de cette nouvelle épopée ! Il n’est dès lors pas très étonnant de constater que cet opus reste, aujourd’hui encore, l’épisode préféré de nombreux joueurs, y compris pour l’auteur de la prose…