Pokémon Ultra Lune s’inscrit comme une réinterprétation de Pokémon Lune, proposant des ajouts narratifs, des défis renouvelés et une exploration élargie des Ultra-Brèches. L’intention est louable : offrir aux joueurs un voyage enrichi dans un univers déjà familier. Malgré les limites traditionnelles de la franchise et certaines mécaniques sous-exploitées, le titre parvient à conserver un charme indéniable, justifiant une appréciation globalement positive mais nuancée.
L’univers d’Alola : charme, nouveautés et limites
Le monde d’Alola apporte une rupture bienvenue avec les structures continentales des générations précédentes. La configuration en archipel, composée d’îles distinctes aux identités propres, offre un cadre visuellement séduisant et varié. Les plages, montagnes et forêts tropicales, associées à une direction artistique colorée et soignée, créent un environnement agréable à explorer.
Parmi les nouveautés, l’introduction des formes régionales constitue un ajout particulièrement réussi. Ces variations locales de Pokémon connus enrichissent le bestiaire et offrent de nouvelles stratégies de combat, tout en valorisant l’univers d’Alola et sa cohérence écologique. Cette idée originale apporte une dimension de surprise et d’exploration qui compense partiellement la linéarité du jeu.
Cependant, l’atmosphère uniformément « sympathique » limite encore la tension et la surprise. Les villes et villages, malgré leurs détails, apparaissent souvent interchangeables, et le post-game, bien qu’accessible et généreux en contenu fan service, ne parvient pas à créer un vrai suspense ou un enjeu narratif. L’accessibilité reste un point positif pour les nouveaux joueurs, mais les vétérans ressentiront une certaine redondance.
Le système d’épreuves : une mécanique en demi-teinte
La substitution des arènes par le système d’épreuves représentait une innovation majeure de la génération. Malheureusement, ces épreuves déçoivent par leur monotonie et leur linéarité. Les tests, souvent basiques et peu variés, ne procurent pas la même satisfaction que l’affrontement stratégique contre un champion d’arène.
Cette approche, censée moderniser la progression du joueur, accentue un sentiment de routine et de prévisibilité. Elle illustre le compromis récurrent de la franchise : vouloir offrir une accessibilité large tout en proposant des mécaniques nouvelles, au risque de diluer le plaisir de jeu. Les épreuves, bien qu’intéressantes sur le papier, ne parviennent pas à renouveler l’expérience autant que le système classique d’arènes.
Dans le même ordre d’idées, l’introduction des Attaques Z, présentées comme des techniques spectaculaires et stratégiques, se révèle largement superflue. Leur utilisation, limitée et peu impactante, ne change quasiment rien à l’expérience de combat, réduisant ces mécaniques à un simple gadget visuel plutôt qu’à un élément tactique pertinent. Cette approche accentue le sentiment de routine et de prévisibilité, illustrant le compromis récurrent de la franchise : vouloir offrir des nouveautés tout en maintenant un gameplay trop simple.
Les Ultra-Brèches : promesses inexplorées
L’introduction des Ultra-Brèches constituait l’un des points les plus ambitieux de Ultra Lune, offrant l’accès à des mondes parallèles d’un potentiel fascinant. L’Ultramégalopole, l’Ultra-Gratte-Ciel et les autres Ultra-Mondes post-apocalyptiques séduisent par leur design et leur atmosphère. Ces environnements auraient pu constituer une expérience immersive et servir de tremplin à des arcs narratifs audacieux ou à des quêtes secondaires complexes.
Malheureusement, la plupart de ces mondes restent cantonnés à des zones de capture de légendaires ou de Pokémon des opus précédents. L’opportunité d’exploiter leur richesse visuelle et leur potentiel narratif est largement manquée, donnant l’impression d’un décor fonctionnel plutôt que d’un monde vivant et intrigant. Les Ultra-Brèches deviennent ainsi un ajout superficiel, prometteur mais sous-exploité, illustrant les limites de la génération dans l’audace et la créativité.
Pokémon Ultra Lune reste fidèle à l’esprit de la série : un titre accessible, visuellement agréable et fidèle à ses codes. Parmi les points positifs, l’univers d’Alola, charmant et varié, et l’ajout des formes régionales constituent de réelles réussites. Les innovations proposées — épreuves, Ultra-Brèches et post-game enrichi — souffrent cependant d’un manque de profondeur et d’exploitation, limitant la sensation de découverte et de challenge.
Au final, Ultra Lune offre un divertissement sympathique et plaisant, fidèle à l’identité Pokémon, mais laisse une impression de potentiel inexploité et de mécaniques trop classiques. Les amateurs de la licence y trouveront leur compte, tandis que les joueurs en quête de gameplay plus audacieux ou de mondes plus immersifs resteront partiellement frustrés. Une expérience globalement agréable mais imparfaite, justifiant une note légèrement positive.
6/10