On enchaine sur mes séries coup de coeur, avec le curieux Portal...
Portal, c’est comme cette première pièce d’un puzzle qu’on ne veut jamais perdre. Elle paraît simple, évidente presque, mais une fois enclenchée, elle fait naître tout un monde. Et même si le deuxième opus lui volera un peu la vedette par sa générosité et sa richesse narrative, Portal premier du nom mérite largement qu’on s’y attarde, parce qu’il représente à lui seul l’une des plus brillantes portes d’entrée dans le puzzle game.
Parlons directement de cette simplicité glaçante... On est seul dans un environnement clinique, impersonnel, presque froid, avec une voix synthétique qui nous guide sans trop qu’on sache si elle veut vraiment notre bien. Le décor est posé.
Dans cet espace réduit mais terriblement ingénieux, on découvre un concept de gameplay aussi limpide que grisant, créer des portails pour traverser l’espace. Rien que ça, mais c’est suffisant pour tenir tout un jeu.
Chaque salle devient un petit casse-tête à la logique limpide, où le joueur se sent tour à tour brillant et piégé. On tâtonne, on teste, on recommence. C’est dans cette épure, très loin des fioritures de nombreux jeux contemporains, que Portal trouve sa force. Il n’a pas besoin de cinématiques, de grands discours ni de didacticiels à rallonge. Il vous met dans une pièce, vous donne un outil, et vous laisse comprendre. Il fait confiance à votre intelligence.
Et puis il y a GLaDOS, évidemment. Ce personnage, ou plutôt cette voix, fait tout le sel du jeu. D’abord simple entité robotique, elle glisse doucement vers un cynisme délectable, un humour noir qui tranche avec l’aspect très formel du reste. Portal, c’est aussi ça, un jeu de mécaniques froides, habité par une ironie mordante qui le rend étonnamment vivant.
Alors oui, le jeu est court. On peut le finir en une poignée d’heures. Mais c’est presque une qualité, il ne s’étire jamais, il sait quand s’arrêter, quand marquer les esprits. La dernière ligne droite, montée en tension parfaite, reste encore aujourd’hui un modèle du genre.
Et le morceau “Still Alive” en guise de générique... bon, c’est culte, tout simplement.
Avec le recul, difficile de lui trouver des défauts si ce n’est qu’il laisse un goût de "pas assez". Mais ce manque, c’est aussi ce qui rend Portal 2 si excitant derrière. Portal, c’est le prologue d’une saga qui aura redéfini le puzzle game, en y implémentant la 3D, avec une élégance rare. Minimaliste, inventif, drôle, fluide… Un coup de maître tout en discrétion.
Une entrée en matière parfaite. Le genre de jeu qu’on conseille sans hésiter, parce qu’il est accessible, brillant, et toujours aussi pertinent des années après.