Mon histoire avec Rockstar a commencé il y a maintenant presque 20 ans. Je me rappelle parfaitement de ce mercredi après-midi pluvieux ou un ami m'a glissé entre les mains la manette pour me faire découvrir GTA Vice City (oui, honte à moi je n'ai fait le III que bien plus tard.) Des heures durant nous avons ainsi écrasé des piétons, lancé des grenades sur la maréchaussée et racolé des péripatéticiennes pixelisées. Une véritable révélation.
De retour au foyer j'ai commencé les négociations, assez de Driver, je voulais un GTA, jeu tout à fait approprié à un gamin de 10 ans. Mon vœu a été exaucé et j'ai pu enfin me lancer moi-même dans l'aventure. Après quelques génocides j'ai décidé de m'intéresser au cœur du jeu : les missions. Au contraire de mon ami qui ne daignait pas s'y intéresser, j'ai pour ma part pris plaisir à m'attacher aux personnages haut en couleur et à suivre leurs péripéties à travers cette narration (dont beaucoup de tenants devaient m'échapper, et qui me paraîtrait sans doute un peu fade aujourd'hui.) Néanmoins, ce fut à l'époque la découverte d'une aventure et d'un univers complets qui m'auront fait tomber amoureux de Scarface bien avant l'heure.


J'ai par la suite englouti nombre d'excellentes productions du studio : Max Payne, le très sous-côté Bully, San Andreas et sa déclaration d'amour à la culture hip-hop, L.A Noire, Red dead premier du nom, The Warriors - qui rend hommage à l'un de mes films favoris - GTA IV(encore mon préféré à ce jour) et j'en passe et des meilleurs jusqu'à RDR2 donc.


Arrivé quelques mois après la guerre, afin de pouvoir profiter du jeu durant mes vacances (riche idée au demeurant vu la longueur du bébé) je lance le titre. Masterclaque. Le jeu est splendide, on approche le photoréalisme. Chaque décor est une carte postale. Chaque partie de l'immense map est aussi variée qu'exceptionnelle, que ce soit les montagnes, le bayou, le grand Ouest, les villes industrialisées... Tout est d'une beauté à tomber. Et mieux encore : tout est vivant. Les citoyens, la faune, la flore... Tout est crédible. Le jeu pourrait très bien être un simulateur de randonnée, de pêche ou de chasse. Le niveau d'animation est lui aussi extraordinaire, tout est animé et donne au jeu un caractère ultra-réaliste : si on m'avait dit qu'un jour j'allais vérifier si effectivement la taille des testicules des chevaux variait en fonction de la température..


Vient enfin le cœur du jeu, la narration donc. Ce jeu se veut comme une aventure. On connait déjà la fin avant même le commencement, mais peu importe, là ou Rockstar excelle c'est pour étendre son univers et raconter une histoire. Chaque dialogue, chaque mission nous en apprend davantage sur des personnages riches et réellement travaillés. Et c'est un régal. Pas de stéréotype, pas de cliché du cowboy, le héros lui-même est en constante évolution et on finit inévitablement par s'attacher à lui. Le réalisme constant et ambiant pousse le joueur à se mettre dans la peau du héros. Il ne se dit pas 'tiens je vais jouer RP', il joue forcément RP. Après une série de gunfights dans la boue et la poussière, le joueur passera inévitablement quelques minutes à brosser son cheval et nettoyer ses armes, puis à s'arrêter au saloon prendre un bain, commander un steak avant de finalement faire passer par la fenêtre un PNJ croisé des heures auparavant qui aurait tenté de voler notre précieuse monture. Sans qu'aucun de ces éléments ne paraisse jamais 'artificiel' ou superflu.


Ce jeu est le chef d'oeuvre de Rockstar, il incarne la quintessence actuelle de ce qui se fait en matière de narration, d'open world et de création d'univers. Et il restera très certainement mon jeu favori de la gen avec The Witcher III. Alors certes, le studio a tourné le dos à une partie de son public en faisant le choix de rayer tout ce que ses productions avaient d'arcade. Et c'est tant mieux. Vous vous souvenez de mon ami qui ne faisait pas les missions de Vice City et préférait rouler sur les piétons des heures durant ? Il existe toujours et il s'appelle le hater bas du front. Ouin ouin, y'a trop de dialogue. Ouin, ouin le gameplay est trop lourd et rigide. Ouin, ouin on ne peut pas courir dans les bâtiments.
Ce jeu se veut comme un whisky d'exception servi au coin du feu. Il se savoure tel qu'il est présenté par notre hôte, ou alors pas du tout. Tu n'aimes pas le whisky ? Alors tu n'en prends pas. Tu aimes un peu-mais-pas-trop ? C'est pas la peine d’espérer du coca et des glaçons, retourne sur Fortnite mon garçon.

AlrickTalife
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Jeux vidéo et Les meilleurs jeux de la Xbox One

Créée

le 15 août 2019

Critique lue 99 fois

3 j'aime

AlrickTalife

Écrit par

Critique lue 99 fois

3

D'autres avis sur Red Dead Redemption II

Red Dead Redemption II
Hunter_Arrow
8

Ce jeu fabuleux mais que je ne peux aimer... Ou l'ironie du temps qui passe.

Avant de commencer, si vous êtes choqués par la note que j'ai attribué à ce jeu vous devez comprendre la chose suivante : pour moi une note n'a aucune valeur en soi quant à évaluer un jeu ou un film...

le 28 oct. 2018

97 j'aime

46

Red Dead Redemption II
Nicolas_S
10

Une dernière chevauchée

(spoilers) Quand on lance Red Dead Redemption II, on ouvre la porte vers une aventure, celle d’Arthur Morgan et de la bande dont il fait partie, dirigée par un charismatique truand à l’idéologie...

le 4 nov. 2018

93 j'aime

12

Red Dead Redemption II
jeds
7

La possibilité d'un jeu

Voilà donc le chef d'oeuvre absolu, celui qui va redéfinir pour les 20 années à venir notre vision du jeu vidéo. Les propos dithyrambiques fusent, l'unanimité est atteinte, Red Dead Rédemption 2 est...

Par

le 7 nov. 2018

67 j'aime

12

Du même critique

Le jour où tout s'embrasa
AlrickTalife
6

"L'unité nationale, c'est une sorte d'état d'urgence de la pensée unique"

Charbon ardent du moment, notamment du fait de la stratégie de com' de l'éditeur RING ( Qui n'en n'est pas à son coup d'essai, il n'y a qu'à voir le buzz autour de Marsault ) GUERILLA se place en...

le 22 oct. 2016

13 j'aime

American Nightmare 4 : Les Origines
AlrickTalife
2

American Disappointment

Aaaah The Purge. Un concept présentant tellement de potentiel sur le papier. On aurait pu en faire une satire intelligente des USA, ou surtout lui prêter un traitement intéressant des pulsions de...

le 29 janv. 2019

7 j'aime

1

American Sniper
AlrickTalife
7

Critique de American Sniper par AlrickTalife

Quoi de mieux pour commencer que la "bête noire" du moment ? Le film qui suscite tant de réactions et de critiques. Alors oui, on reste sur un portrait assez cliché d'un Texan, bien benêt, présenté...

le 20 févr. 2015

7 j'aime

2