Resident Evil 2
7.9
Resident Evil 2

Jeu de Capcom Production Studio 4 et Capcom (1998GameCube)

À ceux qui ont découvert RE 2 dans son itération de 2019

Vous qui avez découvert Resident Evil 2 avec le remake de 2019, que cela ne vous dispense pas de jouer à l'original : ce sont deux jeux très différents, avec leur propre langage, et la formule de 1998 vaut encore le coup. Certes, ce n'est plus très effrayant selon nos standards actuels, mais on prend encore beaucoup de plaisir à le parcourir.



Graphismes



Commençons par le point technique : RE 2 fait partie des beaux jeux de l'époque PS One, et ce grâce au fameux système de caméras fixes qui permettaient des décors en 3D pré-calculée très détaillés moyennant un infime temps de chargement entre deux changements de caméras. Cela s'accompagne des non moins fameux "contrôles tank", mais nous y reviendrons plus tard. Ce qu'il faut retenir, c'est que RE 2 est encore aujourd'hui tout à fait regardable – et surtout, beaucoup plus coloré et lumineux que son remake, qui se déroule bien souvent dans le noir.



Ce que les deux jeux partagent



Que faites-vous dans Resident Evil 2 ? Vous explorez différents environnements infestés de zombis et autres créatures monstrueuses issues d'expériences ayant mal tourné. Beaucoup de portes étant fermées, il faudra trouver des clés pour progresser et faire plusieurs allers-retours en économisant ses munitions. Le plaisir de jeu repose sur deux choses :



  • le sentiment de maîtrise de son environnement et de son inventaire (limité en taille) : chaque halte dans une pièce de sauvegarde sera propice à l'élaboration d'un plan de bataille : choisir ses armes, ses objets-clefs, et son itinéraire vers le prochain objectif qu'on se sera fixé.

  • l'ambiance de fin du monde dans laquelle on évolue : une bonne partie de l'aventure se déroulera par exemple dans un immense commissariat où s'étaient réfugiés de nombreux habitants au début de l'épidémie, et on suivra leur lente agonie en lisant les rapports et journaux qu'ils auront laissés.



Ce qui les différencie



Puisqu'on parle de l'ambiance, revenons au système des caméras fixes que nous évoquions plus haut. C'est ce système qui va faire toute la différence entre ce jeu et sa version de 2019.


Les caméras fixes ont deux conséquences : d'abord, les "contrôles tank", souvent décriés aujourd'hui. Rien ne vaut un exemple pour les comprendre : si vous appuyez sur la touche de direction droite, votre personnage ne se déplacera pas vers la droite, il pivotera sur lui-même vers la droite. Ces contrôles un peu particuliers se traduisent pour les non-habitués par des collisions dans tous les meubles et murs possibles. On leur reproche beaucoup d'être peu intuitifs mais en vérité, on en maîtrise très vite les codes. En revanche, il faut admettre que votre personnage manquera toujours un peu de souplesse, ce qui est particulièrement flagrant dans cet opus qui n'inclut pas le demi-tour rapide : se retourner prend donc une plombe.


L'autre conséquence, c'est que vous ne pouvez pas viser avec précision, tout au plus modifier votre axe de tir (ex : tirer vers le haut au dernier moment avec un fusil à pompe pour arracher la tête d'un zombi).


Le remake, contrairement à son aîné, est un jeu de shoot. La caméra est à l'épaule et votre point de vue ne variera pas. Et puisque vous ne pouvez que regarder devant vous, le sound design est important pour savoir si un ennemi se trouve hors de votre champ de vision – à votre droite, à votre gauche ou derrière vous. La conséquence, c'est qu'il y a très peu de musique dans le remake (on peut activer les musiques originales [moyennant finance], mais le jeu n'a pas été conçu pour ça).


Ses angles de caméra et sa musique font que la version de 1998 possède un charme particulier que la version de 2019 n'a pas – ce qui ne la rend pas pour autant illégitime, entendons-nous bien.



Les scénarios A et B



Une autre différence de taille entre les deux itérations est leur manière de gérer les interactions entre les deux scénarios. En effet, la particularité de RE 2 est de proposer de vivre l'aventure avec deux personnages et d'avoir deux points de vue sur les événements. Il n'a pas échappé aux joueurs de la version de 2019 que cela occasionnait de nombreuses incohérences : un mur plastiqué deux fois, des boss affrontés de la même manière aux mêmes endroits et même un personnage secondaire qui meurt deux fois (!), donnant un peu l'impression que les deux héros évoluaient dans deux univers parallèles. La version de 1998 n'a pas ces problèmes : chaque protagoniste possède ses propres boss et une poignée d'actions que vous accomplirez ou non dans le scénario de l'un influencera le scénario de l'autre (une arme que vous pouvez lui laisser, un piège que vous pouvez lui éviter, une porte que vous pouvez lui ouvrir...). Ce sont de petites choses mais qui font leur effet...


...et font oublier le fait que les objets-clés existent tous en double, placés à des endroits différents. Ce qui me fait remarquer ceci : pour le plaisir du jeu, on était capable à l'époque de passer sur plein de petits détails qui font tiquer aujourd'hui. Les clés trèfle, cœur, carreau et pique, les passages secrets, les fusibles en forme de pièces d'échec : cela choquait moins en 1998, où tout était un peu kitsch de toute façon (les cinématiques, les dialogues). En 2019, en revanche, c'est un peu dissonant. Le revers de la médaille du photo-réalisme, j'imagine : plus un jeu devient visuellement réaliste, plus on s'attend à ce que les actions du joueur soient également réalistes.


Précisons enfin que dans le remake, vous verrez à peu de chose près la même chose en faisant un parcours Leon A/Claire B qu'en faisant un parcours Claire A/Leon B. Dans l'original au contraire, l'histoire était sensiblement différente selon l'ordre des scénarios et la rejouabilité avait beaucoup plus de valeur.



Conclusion



Ce texte commence à être un peu long alors il est temps d'arriver où je voulais en venir : le remake 2019 de Resident Evil 2 n'est pas à RE 2 ce que le remake 2002 de Resident Evil (sur GameCube) était à RE. Les mécaniques sont différentes et l'opus de 1998 possède encore des qualités qui lui sont propres. Tant qu'un remake qui conserverait ces qualités et dépoussièrerait le reste, comme on l'a fait en 2002, ne verra pas le jour (et on peut douter que ce jour viendra), vous n'avez aucune raison de ne pas jouer à l'original. Et ce, quelle que soit la qualité de sa version de 2019.

Maître_Grenouille
8

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Créée

le 5 nov. 2019

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