Après le succès commercial et l'échec critique de Resident Evil 6, Capcom se retrouvait face à un dilemme cornélien. Devaient-ils poursuivre sur la voie du shooter décérébré pour contenter les amateurs de jeux d'action et continuer à vendre des palettes de RE (easy mode), ou renouer avec l'essence de leur licence et essayer de récupérer les fans de la première heure ? Force est d'admettre qu'ils n'ont pas fait le choix de la facilité.
RE7 est un survival horror, aucun doute là dessus. Le jeu vous place à la première personne, ce qui est une nouveauté dans la série (hors spin off), le but assumé de cette démarche étant de gagner en immersion. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça marche. On sent que l’équipe de dev s'est goinfré de jeux d'horreurs à la première personne (Amnesia, Outlast) et a compris que les jump scare, ça fonctionne. Ils l'ont même un peu trop compris, car RE7 en use et en abuse. Mais il ne compte pas que sur les sursauts faciles pour poser son ambiance.
Le jeu emprunte énormément aux slashers (et un peu au torture porn) pour renouveler l'expérience. Capcom fait l'impasse sur les morts vivants pour enfermer le joueur au sein d'une famille de psychopathes possédés. Les premières confrontations avec les Baker donnent le ton, on alterne entre parties de cache-cache sous tension et affrontements ultra-brutaux. Le tout compose un début d'aventure particulièrement mémorable.
Un bestiaire un peu plus "classique" (et très peu varié) ne tarde pas à faire son apparition, et marque le retour aux fondamentaux de la série : exploration angoissée, économie de munitions et d'objets de soin, énigmes simplistes, aller-retours avec ce qu'il faut de changement dans la disposition des streums pour être régulièrement surpris... le rythme effréné des premières heures retombe un peu, et si on subit quelques vrais moments de terreur et un ou deux combats de boss vraiment flippants, le soufflé n'en fini plus de se dégonfler jusqu'à un dernier segment fade et un "affrontement" final complètement expédié.
Resident Evil 7 est un bon survival. L'ambiance est clairement au rendez-vous, servie par une réalisation correcte, une DA qui oscille entre le très classique et le génial, une bande son de qualité et des personnages vraiment dérangés. On pourra lui reprocher un bestiaire très peu varié et un vrai manque de boss (ainsi que la disparition d'un personnage en cours de route et sans aucune explication), et le jeu se perd un peu entre références forcées et une intrigue au final pas bien passionnante. Mais la deuxième partie en demi teinte n'efface pas une première moitié vraiment éprouvante et particulièrement inspirée.