Ride to Hell: Retribution
3.4
Ride to Hell: Retribution

Jeu de Eutechnyx et Deep Silver (2013PlayStation 3)

Je ne suis pas un mauvais bougre, enfin je pense. Alors pourquoi m’inflige-t-on cette punition ? Pourquoi ? Car les jeux catastrophiques sont nombreux (Paris Marseille Racing), les jeux qui se foutent de la gueule du monde pareil (Final Fantasy : All The Bravest), mais quand un jeu combine les deux et se paye le luxe de dire « il ne plaira qu’à un certain type de joueurs » c’est grave. Mais bon l’appel du test et l’envie de prendre le vent en pleine tête sur mon cheval de fer me font du pied. Je prends mon blouson et c’est parti.

==Ça commence mal==


Ce jeu a été accouché dans la douleur et ne devait pas exister. Un développeur masochiste, Deep Silver, a décidé dans un premier temps de faire un jeu dans un monde ouvert. La vision est de faire un semblable de Grand Theft Auto avec un fort hommage au monde des bikers. Le jeu est abordé en 2008 et semble bien avancé quand les news se font de plus en plus rares, pour finir sur une annulation. Mais en 2013, une nouvelle annonce est faite. Le jeu est de nouveau sur les routes, mais sera éclaté en 3 avec un jeu sur consoles HD et PC, un jeu en dématérialisé et un jeu sur téléphone. Ride to Hell Rétribution est le premier des 3, et quand un titre est annoncé seulement quelques mois avant la sortie, l’arnaque commence à pointer son nez.


L’histoire commence avec Jake Cliché, qui exécute un bad guy semblant être le dernier de ce qui semble être une bande contre qui il n’est pas content. Et comme dans 90% des jeux d’anti-héros actuels, un flashback sauvage apparaît. On voit un énième soldat du Vietnam qui rentre dans son chez soi adoré. On sent qu’il a bourlingué grâce à sa psychologie avancé….non je déconne, monsieur a l’air d’un rat mort qui arbore une moue enfantine quand il est contrarié. On découvre donc sa famille qui est composée dans l’ordre de Mack l’oncle grognon qui bugue des cheveux (parfois pâte à modeler) et du petit con d’ado rebelle. Ce dernier fait une fugue car « la vie c’est trop de la merde », et Jake doit le rattraper pour lui redonner goût aux choses simples. Manque de pot, ils sont embusqués par la bande des Devil’s Hand qui égorgent le petit et plombent de balles Jake car ils…détestent un blouson. Mais le héros non charismatique se relève, et grâce à son oncle Mack(in toche) va maraver la gueule de chaque vilain pour venger son honneur dans un Scott Pilgrim du pauvre.

==Les choses empirent==

La partie la plus « intéressante » arrive. Tout est purement charcuté dans les grandes lignes, avec les promesses de monde ouvert tombant à l’eau. Ce jeu est un immense couloir et ceux qui détestent les murs invisibles seront contents d’en voir partout, le seul message vous avertissant est « pas le bon sens ». Le jeu se retrouve éclaté en 3 (encore?) avec des phases de tir, de baston et de moto. De manière générale, les idées de gameplay sont les plus hideuses sur Playstation 3 depuis longtemps et c’est vrai pour les différentes phases du titre. Les phases en moto sont les plus réussies de Ride To Hell…enfin les moins ratées. On se trouve sur une autoroute totalement droite, avec de temps à autres des crochets par les terres. De temps en temps, on trouve un tremplin posé comme un étron ou encore un camion avec un clipping dégueulasse. Le but est aussi fin qu’un épisode de Rambo : tu fonces, tu tires, tu survis. La maniabilité est bien sûr complètement foireuse, avec une moto qui est montée sur savon à l’huile et seul le bouton triangle permet de « faire une cascade » en passant sous les camions, rapportant des points. L’expérience de nuit vaut également le détour pour une tare supplémentaire. Des ennemis débarquent de temps à autre pour du corps à corps mais n’espérez pas du Road Rash, ici on a le même QTE pour se débarrasser des gens. C’est chiant et laisse penser à de la paresse extrême. Le plus sympa restent les bugs, avec des policiers qui atterrissent du ciel, des ennemis indestructibles, un viseur invisible ou encore notre héros qui rate son script empêchant la fin du niveau. On peut également récupérer des cartes à jouer pour plus tard, mais le plus souvent par hasard .Mais là c’est encore du petit jeu.

Les phases de tirs à pied sont d’un niveau de bêtise intermédiaire. Dans celles-ci, le plus souvent dans le repaire d’un des mecs de la bande à tuer, on est revenus au tout début des beat them all. Chaque niveau est divisé en salles, fermés à clés derrière nous, et le but est de tuer un nombre X d’ennemis avant d’aller en salle suivante. Non seulement c’est juste inadmissible en 2013 mais le pire est que c’est encore une fois mal fait. Il n’y a tout d’abord aucune localisation des dégâts si ce n’est la tête, ce qui fait que tirer en dessous du cou donne l’impression d’affronter le Terminator. Les armes ont l’avantage d’être variées mais font le même bruit et on la même efficacité, que ce soit le pistolet ou la sulfateuse. Concernant le plus navrant, l’intelligence artificielle, pas de problème pour jauger son niveau : il n’y en a pas. Et les exemples sont nombreux : le bad guy se retrouve coincé dans une caisse, chaque tir se fait au tour à tour avec temps mort pour vous aider, les ennemis se cachent derrière une caisse en laissant passer leur tête. Ce qui m’a le plus marqué reste le gros baraqué qui court pour s’accroupir à 10 cm de moi dos tourné. A croire qu’il n’existe aucun testeur dans cette boîte. Au final on sépare les soucis, une balle dans la tête, et c’est réglé.

Mais le plus catastrophique (oui désolé j’ai révisé mes synonymes) est le corps à corps : seulement deux coups sont disponibles. Oui je ne me trompe pas, seulement deux coups pour venir à bout des photocopies d’adversaires présents dans le jeu. On tape donc avec ferveur sur : casser la garde, poing, casser la garde, etc… avec de temps en temps une touche de garde contre trop d’ennemis. Le mode « pas content » peut être enclenché, lançant encore un QTE qui achève plus vite la personne. C’est toujours la même chose, mais on souhaite de tout cœur l’avoir pour en finir le plus vite. En théorie c’est ce que je viens de vous expliquer… quand les commandes répondent. Certaines fois les touches ne seront pas reconnues et le personnage ne bougera pas en se laissant frapper. Je pensais être mauvais mais d’autres tests le mentionnent. Et bien sûr tous les bugs possibles et imaginables sont présent : les ennemis flottes, les objets rebondissent, les vitres sont parfois indestructibles…. je n’ai rien à ajouter. On a également un entre mission, mais à part acheter des armes ou des motos inutiles avec les cartes récoltées et vendre de la drogue dans un village de murs invisibles, ça n’a aucun intérêt.

==Les nerfs lâchent==

On a vu qu’à jouer c’est une purge, mais qu’en est il de la mise scène ? Pour la petite histoire, Deep Silver a annoncé tout fier que « Ride To Hell Retribution bénéficie du premier studio de cinéma virtuel, avec des acteurs de pixels réalistes ». Et on le sent clairement en jouant… si on retire le script, la modélisation, les expressions faciales et l’ambiance. Le premier problème est l’affichage des textures. Si vous avez déjà joué à des mauvais jeux, vous savez qu’au loin le décor va se construire à l’arrache. Eh bien ici c’est tout, du premier au dernier plan qui se charge après le début du jeu. Par exemple le personnage principal aura ses tatouages absent, Mack aura une pieuvre en guise de cheveux et le reste des personnages auront un espèce de maladie qui donne des yeux rouges et enfoncés, et au bout de 10 secondes tout rentrera dans l’ordre. Vous pouvez vous dire que le jeu a juste oublié les écrans de chargement mais non…ils sont là et durent une…minute…CHACUN.

Et une fois le tout chargé, tout va bien ? Nooon. Deep Silver sont une bande de moules mortes. Les personnages sont des monstres difformes, la palme allant à la bande de loubards que l’on doit affronter. Quand ce n’est pas la bouche désynchronisée, ni les yeux rouges c’est un gros problème de proportion dans tout le corps. Le premier des boss du jeu (Anvil) d’ailleurs est un mélange entre Zanglief et Hulk qui a la particularité d’avoir des bras visiblement énormes et ne sait pas comment les bouger en parlant. D’ailleurs quand on en vient à le tuer, son agonie ressemble à un scarabée les pattes en l’air, retirant tout satisfaction dans son exécution. Et plus l’aventure avance, et plus les fins de niveaux sont à mourir de rire avec des dialogues profonds du type « Connard – c’est toi le connard », « Je vais le venger, je prépare ma vengeance » ou « Je vais te montrer mon moteur poupée » à la moindre fille.


En parlant des filles, je ne suis pas spécialement féministe, mais le jeu a poussé le cliché de la femme objet au maximum. C’est simple dans ce jeu, chaque fille rencontrée finira forcément dans le plumard dans une scène de sexe torride. Amies, prostituées, mécaniciennes, femmes battues, toutes y passent. Bien sur il faut remplir le cliché du beau gosse viril, qui se bat, boit, et couche mais encore faut il aller jusqu’au bout. Ride To Hell Retribution, chers lecteurs, est le premier jeu interdit aux moins de 18 ans avec des scènes de sexes entièrement habillées. Les seuls moments de nus sont dans un strip club, avec encore une fois une modélisation à la truelle. Dans le reste des clichés, on retrouve les 15 insultes par phrase, chose qu’on entend jamais dans une vraie discussion et les références à la drogue avec seulement des hippies comme représentants hyper réalistes des drogués. Globalement c’est un gros mélange de Rambo/Mad Max/Commando/Un gros laxatif. En même temps il faut ça pour compenser une histoire ultra plate de vengeance qui va transformer le héros en gros méchant.

=====

Par où commencer ? C’est moche, non jouable, mysogine, trop frileux, bugué, con, bourré de clichés. Je remercie sincèrement mon patron de ce cadeau empoisonné qui peut être au 35ème degré peut être marrant (en se forçant). Je conseille à tout le monde assez endurant de jouer à ce truc, car après ça, tous les jeux (même Amy) sont supérieurs. C’est quand même bizarre que Deep Silver se soit mangé avec ça. Sur ce je vais me faire une tisane et retourner dans ma camisole de force.
Flbond
1
Écrit par

Créée

le 27 janv. 2014

Critique lue 460 fois

3 j'aime

2 commentaires

Flbond

Écrit par

Critique lue 460 fois

3
2

D'autres avis sur Ride to Hell: Retribution

Ride to Hell: Retribution
Flbond
1

"Hommage" aux bikers

Je ne suis pas un mauvais bougre, enfin je pense. Alors pourquoi m’inflige-t-on cette punition ? Pourquoi ? Car les jeux catastrophiques sont nombreux (Paris Marseille Racing), les jeux qui se...

le 27 janv. 2014

3 j'aime

2

Ride to Hell: Retribution
Doom_Slayer
1

Le zéro absolu !!!

Je m’en rappelle comme si c'était hier. J’avais 13-14 ans, ma mère m’avait acheté un jeu par surprise, un petit jeu d'occasion à 8 balles de quoi faire plaisir, mais il fallait que ce jeu soit Ride...

le 12 mars 2023

1 j'aime

Ride to Hell: Retribution
doppler
1

Quand on a touché le fond...

... il y a encore plus bas. Déjà que quand on attend rien de ce jeu on a tous les droits d'être déçu, je faisais en plus partie de ceux qui espéraient beaucoup de ce qui était annoncé comme un GTA...

le 24 juin 2014

1 j'aime

Du même critique

DuckTales: Remastered
Flbond
8

Un très bon remake

Duck Tales avait en son temps sur NES impressionné par son Gameplay et son côté plutôt difficile sans pour autant décourager totalement le joueur. Pour le remake, on reprend la même idée en faisant...

le 19 août 2013

18 j'aime

2

The Angry Video Game Nerd
Flbond
4

Parfois un détail casse l'envie

J'ai eu plusieurs remarques suite à cette note pour l'AVGN. Déjà je ne comprends pas ce que fait toutes les webséries sur SensCritique, mais là je vais paraphraser d'autres. Mais surtout, même si je...

le 13 nov. 2012

15 j'aime

4

Le Seigneur des Anneaux - Le Retour du roi
Flbond
5

L'indulgence résiste mal au n'importe quoi

Oui ça remplit bien son rôle d'aventure épique, oui visuellement parlant c'est quasi parfait et la bande son est géniale mais putain le scénario est au mieux niaiseux si on ne prend pas en compte le...

le 16 janv. 2013

14 j'aime

3