Rime sur Switch : Ça rame mais pas de galère à l'horizon.

Le monde du jeu vidéo indépendant nous a livré, au cours de la dernière décennie, de nombreuses perles dont l’ambition artistique est parfois supérieure à celle de jeux dits “AAA”. C’est cette ambition qui caractérise le mieux Rime, conçu par le studio espagnol Tequila Works et dont la version Switch, malgré des problèmes techniques persistants, parvient à délivrer son message poétique.

La narration visuelle à son meilleur
Beaucoup de studio indépendants choisissent la narration visuelle réalisant ainsi des économies somme toute substantielles en se passant des services de comédiens de doublage professionnels. Cependant ici ce choix semble s’inscrire avant tout dans une démarche artistique qui vise à suggérer l’histoire plutôt que de la raconter de façon explicite.
Notre jeune héros se réveille sur la plage d’une île qui semble d’emblée aussi belle que mystérieuse. Il fera bien vite la rencontre d’un petit renard qui fera office de guide tout au long de l’aventure par ses petits glapissements en direction de l’objet avec lequel interagir pour faire avancer le scénario. En dehors de ce compagnon roux, il n’y a ni carte, ni flèche de direction, et quasiment aucun dialogue, même à l’écrit.
Le level design se doit donc d’être particulièrement clair et épuré pour ne jamais perdre le joueur, et il y parvient de fort belle manière.

Des graphismes enchanteurs
La magie qui se dégage de Rime tient avant tout à la poésie qui se dégage de ses graphismes, tout en cel shading, mêlant les tons pastels à des couleurs plus vives et jouant sur les contrastes pour créer une sorte de tableau animé qui assure presque toujours la bonne lisibilité de l’écran de jeu.
La musique signée David García Díaz n'est pas en reste. Les mélodies jouées au piano accompagnent à merveille l'action et les orchestrations savent se faire tantôt minimalistes, et tantôt épiques.

L'exploration comme seul moteur
À l'instar de d'autres titres misant sur la narration visuelle, Rime ne comporte aucun système de combat, ce qui ne signifie pas pour autant que l'adversité et les obstacles à surmonter soient également absents. Divers obstacles physiques et autres créatures viendront régulièrement entraver l'avancée du garçon, mais les puzzles à résoudre pour s'en défaire sont largement à la portée de quiconque à déjà joué à un jeu d'aventure au moins une fois dans sa vie.

Sur Switch Rime rame
Il faut maintenant aborder le point délicat du portage sur Switch de Rime comportant à sa sortie de nombreuses chutes de framerate qui ont déçu plus d'un possesseur de la console hybride. Depuis, le titre a reçu au moins une mise à jour majeure qui a très largement réduit ce problème, mais des moments où le framerate chute, en dessous des 20 images par seconde dans le pire des cas, subsistent au moment de la rédaction de ce test. Cependant, si ces soucis techniques nuisent incontestablement à l'immersion, ils ne cassent pas le jeu au point de bloquer la progression ou de provoquer l'échec.
Il est à noter que la mort du personnage est possible, une chute de trop haut ou une noyade faisant partie de ses causes les plus courantes. Elle se matérialise par un fondu au noir et l'action reprend juste avant l'échec en question.

Terminer l'exploration de l'île et résoudre le mystère qui la lie au garçon ne prendra que sept ou huit heures, ce qui peut paraître court, mais qui est en réalité relativement long pour un jeu reposant intégralement sur la narration visuelle. Il faudra largement deux ou trois heures de plus pour découvrir tous les secrets de l'île tant certains sont bien dissimulés.

Rime s'inscrit dans le paysage vidéoludique comme un fer de lance de la production indé de ces dernières années tant ses ambitions artistiques et narratives et ses standards esthétiques sont élevés. La présence de quelques soucis techniques spécifiques à la version Switch ne doit pas en décourager l'achat si on considère que la console de Nintendo reste la seule façon de parcourir cette belle aventure en situation de mobilité.