Road 96 c’est avant tout une ambiance : le jeu déroule, dès le questionnaire initial, puis la vidéo d’ouverture, un monde intrigant que l’on a fortement envie de découvrir : autoritarisme, rébellion, jeunes en quête de sens (et de liberté), ça pose le ton et ça rend drôlement curieux quant à la suite.
On incarne un adolescent fugueur, qui veut fuir le pays totalitaire qui l’a vu naître, et va pour ce faire tenter de traverser le pays entier en autostop. Le jeu est constitué de scénettes qui vous feront croiser des personnages plus ou moins hauts en couleur, et découvrir leurs histoires respectives au fur et à mesure qu’ils vous prendront en stop. Les rencontres successives permettent aussi de découvrir le monde du jeu par touches impressionnistes, chaque petite information glanée à droite à gauche permettant de peindre l’univers dans lequel on évolue.
Le jeu se présente comme une aventure procédurale, pouvant être vécu de différentes manières, mais je trouve que c’est un peu exagéré : les scènes que vous vivrez seront toujours plus ou moins identiques (c’est quasiment du visual novel en 3D), et la seule touche de hasard sera l’ordre dans lequel elles vous seront présentées.
Et si ça fait sens d’avoir une structure singeant le rogue-like à cause du concept du jeu (vous allez incarner plusieurs adolescents fugueurs, et échouer sa run est synonyme de prison ou de mort pour votre personnage), du point de vue du gameplay j’ai trouvé ça beaucoup plus bancal. On a juste l’impression de jouer à un jeu solo normal, dans lequel on joue un épisode après l’autre, sans que ce côté aléatoire ne nous impacte plus que ça... Pendant un temps je me suis même demandé s’il y avait quoi que ce soit d’aléatoire dans tout ça, ou si c’était juste un leurre méta de la part du jeu. Et j’ai fini par comprendre : tant que vous n’avez pas atteint la fin, le jeu ne vous proposera jamais deux fois la même scène, même sur plusieurs run, et vous proposera les rencontres avec un personnage donné dans un ordre prédéfini, d’où ce côté « pas très aléatoire » finalement.
Mais force est de constater qu’il se dégage de ce bordel une vraie ambiance de road trip désespéré, avec une histoire hyper agréable à suivre, et des personnages toujours plus profonds que ce que l’on soupçonnait au premier abord. Ça manque parfois d’un peu de finesse dans le propos (la dictature c’est mal, m’voyez), mais ça n’occulte pas du tout les autres qualités du titre. L’écriture est parfois naïve, parfois nuancée, mais elle fait régulièrement mouche. Du coup les rencontres s’enchaînent jusqu’à une fin bien ficelée, et on ressort très satisfait du jeu.
Bref, Road 96 m’a fait vivre de chouettes moments sur la route, donc promesse tenue en ce qui me concerne !
16/20
PS : Techniquement, le jeu est gourmand pour pas grand-chose : un pauvre look low poly avec textures pastelles devrait pas ramer comme ça...
PPS : Le New Game + vous permettra de vivre les dernières scènes qui vous ont échappé à cause de l’aléatoire, car le jeu pipera une fois de plus les dés, et vous les proposera de manière prioritaire par rapport aux autres (afin d’éviter de s’arracher les cheveux face à un évènement de plus en plus statistiquement improbable). Ce qui me fait me dire une fois de plus que la génération procédurale n’était sans doute pas le meilleur choix pour ce Road 96. D’autant plus que, pour le coup, devoir également rejouer des segments déjà faits est quand même pas très amusant, vu qu’ils se déroulent toujours quasiment de la même manière, et qu’on ne peut skipper ni les dialogues ni les actions.