Rocket League
7.3
Rocket League

Jeu de Psyonix (2015PC)

Critique publiée sur ArtZone Chronicles.


Difficile de laisser ses oreilles passer à côté de Rocket League depuis sa sortie à l’été 2015. On l’a vu, lu et entendu mais rappelons-le : Rocket League c’est l’association des beauferies en puissance : le football et les voitures bien tunées avec plus ou moins de goût. Le principe est simplissime. Dans des matchs qui vont du 1 vs. 1 au 4 vs. 4, les joueurs contrôlent des véhicules qu’ils vont devoir faire foncer dans le ballon pour marquer des buts à l’équipe adverse.
Vos voitures, vous pouvez les peinturlurer, modifier leur couleur, ajouter de petits drapeaux, des chapeaux, les jantes, la couleur ou le type de boost… Tout cet attirail du parfait kéké sera disponible au garage. Sachez néanmoins que ces modifications n’ont d’autres valeurs qu’esthétiques et ne changeront en rien les capacités en match. Idem pour les DLC (Batmobile, DeLorean), qui ne serviront qu’à arborer votre puissance financière ou votre « fanboyisme ».


Autant vous dire que, vous l’aurez bien compris à la lecture des paragraphes ci-dessus, je ne suis pas un grand amateur de l’image que Rocket League est supposé renvoyer de ces sports ou activités. Les jeux de voiture, sans être ma passion, peuvent être addictifs, tout comme les jeux de foot/sport, desquels j’ai du mal à me détacher durant des semaines avant de les laisser de côté. Mais laissons ces préjugés initiaux, les bonnes critiques pointaient souvent qu’il fallait y jouer pour en comprendre, sinon le génie, du moins l’addiction. Ajoutez-y un ami qui m’a un peu poussé à prendre le jeu pour s’éclater bêtement pendant des congés, et bingo, je passe à la caisse (ho, ho).


Tout ce que vous auriez pu lire est juste. On commence par un match d’exhibition pour s’approprier les commandes, on peut éventuellement se lancer dans une carrière pour se frotter à l’ordinateur et débloquer les trophées du mode solo. Enfin, on peut aussi directement se lancer dans l’aventure en ligne et ne jamais affronter l’IA. Mais de mon côté, le jeu multi en ligne m’effraie. Il a toujours développé une forme de complexe d’infériorité et la peur d’être le boulet de l’équipe, et donc de gâcher mon plaisir. Donc oui, moi je commence par me faire la main avant d’oser aller vers d’autres joueurs. Quoi qu’il en soit, on se rend vite compte que ce mode de jeu est très limité et ne présente que peu d’intérêts, en-dehors de cette familiarisation et de l’envie de compléter sa collection de succès.


Va donc pour le mode en ligne, où l’on se frotte à des joueurs autrement plus nerveux et talentueux. Mais pas forcément, le niveau de jeu moyen étant assez accessible, des bots arrivant même parfois pour remplacer les joueurs qui quittent rageusement une partie perdue d’avance. Alors oui, on se prend parfois des roustes sévères, mais on peut aussi rouler sur un adversaire, et en général on se situe dans un entre-deux. On peut soit jouer avec d’illustres inconnus qui reconnaîtront (ou non) vos talents supérieurs, soit avec des amis qui n’hésiteront pas à vous mettre plus bas que terre ou à vous encenser au micro, ou bien, là encore, faire un peu des deux selon les configurations de jeu.


Ces configurations, il faut en dire un mot, tant l’expérience diffère de l’une à l’autre. Un peu comme dans un jeu de plateau un peu stratégique, plus il y a de joueurs, moins il y a de contrôle, plus le chaos s’installe. Précisons ici que la taille du terrain n’est pas modulée par ce critère, et que huit voitures sur un terrain, c’est forcément différent de deux. Le duel ne pardonne aucune erreur, il faut être au four et au moulin sans cesse. Le match par binôme est lui aussi assez stratégique, certains préférant opter pour un attaquant/un défenseur quand d’autres privilégient l’offensive, ou essaient de marier les deux. Autre tactique dans le match à trois contre trois, où la défense permet des attaques en binôme plus construites et moins risquées, quitte à se prendre un contre qui irait vers l’adversaire resté en avant « au cas où ». Le quatre contre quatre, lui, permet aussi de nouvelles choses, mais dans l’ensemble, on peut dire que c’est le gros bordel.


Le chaos n’est pas exclusif à cette configuration. C’est fréquemment qu’on fait un peu n’importe quoi, qu’on pique la balle (ou un but) à un partenaire, qu’on marque contre notre camp, qu’on fasse un centre aux adversaires qui ne manqueront pas d’en profiter… Il faut ici revenir sur les sensations de jeu pouvant expliquer ce chaos maîtrisable. Rocket League fait partie de ces jeux immédiats. Les premières minutes permettent d’en comprendre tenants et aboutissants, les contrôles étant au fond très limités : avancer, reculer, tourner, sauter, utiliser le boost que l’on récupère sur le terrain clos. Celui-ci est un sorte de bulle, dans laquelle on peut sans problème rouler sur les parois. Comme dans de nombreux jeux de sport, cette formule simple trouve toute sa richesse dans la combinaison de ses ingrédients. Bien sauter en utilisant le boost permet par exemple de « voler » pour prendre la balle à des hauteurs himalayennes, marquant un but que n’aurait renié ni Olive, ni Tom.


Utilisons le terme consacré : « easy to play, hard to master », il y a une réelle courbe de progression qui explique en parties les formidables dérouillées qui vous attendent et qui n’ont plus grand-chose à voir avec la chance. Un jeu taillé pour l’eSport, où finalement, la compétence seule apportera la victoire (encore une fois, nulle différence entre véhicules et accessoires). La chance n’est plus le fruit du hasard mais se construit. Cette maîtrise s’acquiert tant dans les stratégies de jeu que dans la précision et l’association des quelques contrôles. Il va de soi que, quel que soit le mode de jeu, jouer avec les mêmes personnes permet la réelle constitution d’une équipe avec ses habitudes et ses dynamiques, là où les équipes faites d’inconnus auront plus de mal à se coordonner, même si l’association de fortes individualités peut révéler de belles surprises.


L’addiction se révèle, comme dans les jeux de sport, très forte. Que ce soit en dilettante ou dans une optique plus compétitrice, on enchaîne les matchs (de cinq minutes) et sans qu’on s’en soit rendu compte, on tutoie les trente heures de jeu. Ce qui est beau, c’est qu’arrivé là, on se rend compte qu’on peut encore tellement progresser ! Sans oublier la possibilité de jouer en local entre potes, ce qui vous garantit une soirée réussie et de la grosse éclate, avec un peu de mauvaise foi et d’acharnement bon enfant.


L’ambiance générale l’est, d’ailleurs, bon enfant. On aurait pu craindre des insultes à tire-larigot quand on rate une balle ou qu’on n’arrive pas à arrêter la balle, cela reste bien heureusement rare. Preuve que l’immédiateté du gameplay n’entraîne pas nécessairement celle des réactions des joueurs. Un petit chat est là, avec des commandes automatisées pour parler stratégie en équipe (bof, pas vraiment le temps), féliciter ou encourage ses partenaires ou adversaires, voire rager un peu dans des insultes prédéfinies. Il y a bien quelques ragequits, mais ce n’est pas la norme, et c’est tant mieux.


Pour finir, il faut parler de l’ajout récent des modes basket et hockey, gratuit**s, là où d’autres éditeurs auraient peut-être fait payer le DLC. Ici, une simple mise à jour et on peut se lancer. D’un côté, le hockey, avec un palet et sur de la glace, dans un terrain de la même taille que pour le foot, et en 3 vs. 3. **Pas de grande modification, sinon que le palet longe plus les murs que la balle de foot et que la surface à frapper est parfois moins grande (tranche du palet). On aurait pu espérer une vraie modification de la physique par la surface (la glace), ce n’est que peu le cas. Un mode sur lequel on revient donc très peu, à moins d’être fondu du sport en question. L'ajout du basket est d'une toute autre ampleur. Il y a de grands paniers, là où dans le hockey ce sont les mêmes buts qu’au foot. Les sensations sont vraiment modifiées, tant par la physique de la balle, bien plus lourde, que par la taille du terrain et le fait que ce soit des paniers. La balle est plus lourde, bloquée par des barrières qui l’empêche d’aller sous les paniers, et le terrain est plus petit. On joue à deux contre deux, et tout est bien plus lent. Le hasard paraît d’abord plus présent, mais comme pour le mode classique, on se rend compte qu’il n’a plus grande part pour les joueurs ayant maîtrisé la bête. Les arrêts se font principalement par le saut « par-dessous » le panier pour contrer la balle qui vient du dessus, même si on peut trouver d’autres techniques, comme le vol sinon dans l’ensemble moins utilisé que dans le foot. La maîtrise du rebond prend aussi toute son importance dans ces parties. Cette proposition gratuite offre donc réellement quelque chose de nouveau dans la manière de jouer, plus lente, peut-être moins dynamique, plus posée, et on ne peut que féliciter Psyonix pour cette initiative.


Un regret de taille, c’est la pauvreté de la bande-son. Présente dans le menu, elle s’efface au profit de bruits de stade faiblard, ne laissant la place qu’aux moteurs vrombissants. On aurait pourtant bien vu de la musique electro bien musclée, oui de la pop ultra catchy rendant chaque but encore plus unique et relié à une émotion sonore. Pour le basket, du bon hip hop américain, que ce soit de la côte est ou ouest, aurait également apporté beaucoup à l’expérience.


Rocket League est donc bien l’incontournable que tout le monde défend. Le contrat débile de départ est parfaitement respecté et on s’y amuse comme des petits fous. On peut la jouer grosse éclate bordélique ou compétition acharnée avec une technique qui s’affine toujours : Rocket League s’offre à tous les types de joueur. Prenez le pad ou la manette, et vous verrez qu’il est difficile de les lâcher, tant l’addiction s’empare de vous, d’autant plus si vous jouez avec des potes, physiquement présents ou non.

Créée

le 18 mai 2016

Critique lue 316 fois

1 j'aime

Flavien M

Écrit par

Critique lue 316 fois

1

D'autres avis sur Rocket League

Rocket League
kojithomas
9

Quand le foot et les hot wheels se rencontrent

Rocket League c'est un peu la rencontre entre le football et les micromachines. Des matchs de foot où on aurait remplacé C.Ronaldo par une Mclaren F1. Derrière ce concept simple en apparence se cache...

le 8 juil. 2015

12 j'aime

2

Rocket League
Ash_Avalon
10

Après bientôt 2 ans, ça donne quoi ?

Rocket League, c'était un peu ce jeu bâtard qui me faisait hausser les sourcils. Les potes qui insistent pour que je me le prenne, et moi qui leur répondais "mais vous êtes sérieux avec votre jeu à...

le 23 mars 2017

11 j'aime

Rocket League
JérémyRossier
8

Critique Jeux Vidéo #76 : Rocket League

J'ai passé tellement d'heures sur ce jeu que ce soit en solo ou en multi avec mes potes , et que je décide d'en faire une critique et ba je sais juste pas quoi dire ! Bon sang X) . Et bien on va...

le 9 mai 2020

6 j'aime

1

Du même critique

Forever Changes
Flavinours
9

1967, l'année qui tue

Y'a des années comme ça. On sait pas trop pourquoi mais elles accumulent les bons albums ou ceux qui marquent l'histoire de la musique, alors que d'autres sont nettement moins prolifiques. En 1967,...

le 11 août 2012

20 j'aime

1

Blackfish
Flavinours
8

Le Maillon Faible.

Critique publiée sur Kultur & Konfitur. Tombé dessus par hasard entre deux matchs de la coupe du monde 2014, ça a sévèrement entamé mon moral pour regarder le deuxième match. On s'attend à un...

le 29 juin 2014

16 j'aime

Reigns
Flavinours
7

Reigning Blood

Critique publiée sur Kultur & Konfitur. Me voilà roi. Premier de ma lignée, le peuple attend beaucoup de moi, déçu par la tyrannique dynastie m’ayant précédé. Leurs demandes sont parfois...

le 17 sept. 2016

13 j'aime