BLADE RUINER

Dernier arrivé dans l'écurie Devolver et premier né du studio Reikon, Ruiner a de faux airs de Hotline Miami en 3D : vu du dessus, notre personnage va cartonner des centaines de malfrats à coup de barre à mine ou d'armes à feu diverses et variées, le tout servi par une bande-son rétro-futuriste électro. Seulement le confondre avec l'ancienne gloire de Devolver serait une erreur, Ruiner proposant en définitive plus que ce à quoi on s'attendait en voyant les excellents trailers disponibles ici et là.

Comme prévu, la DA tabasse méchamment : l'univers cyberpunk, sombre, poisseux, est magnifiquement rendu avec des éclairages somptueux teintés de rouge ou de bleu. L'ambiance se fait tantôt oppressante tantôt nostalgique, et la BO participe grandement à ça. Notons en particulier un super morceau de Susumu Hirasawa qui illustre à la perfection l'atmosphère du Hub mais qui n'est malheureusement pas présente dans l'OST sur Steam ( https://www.youtube.com/watch?v=nF2y31Kt8KE ). Techniquement, si les modèles de personnages sont assez peu détaillés, point visible uniquement pendant les cinématiques, on est encore une fois dans du très bon, de nombreux effets venant chatouiller nos mirettes, notamment pendant les combats : étincelles, explosions, ondes, ralentis... Tout est fait pour ajouter au côté viscéral des bastons.

Et quelles bastons ! Ruiner est un jeu extrêmement violent, nerveux et demandant au joueur d'utiliser toutes les ressources disponibles, sous peine de mourir brutalement. Là où Hotline Miami était très simple dans son gameplay, n'autorisant comme action que de taper, tirer ou marcher, ici on nous offre la possibilité de dasher, d'activer un bouclier, de créer un champ de force, de paralyser ses adversaires... Plusieurs pouvoirs très différents sont ainsi déblocables grâce à des points de compétences récupérés lors des combats ou dans des coffres et il est possible de redistribuer ceux-ci à tout instant. Le joueur va donc devoir adapter sa façon de jouer en fonction des situations et va devoir rester sur le qui-vive face à des adversaires puissants et très mobiles. Sans aller jusqu'au niveau d'un Die & Retry, on recommencera de nombreuses fois certains passages, tant l'erreur est punie par une baisse drastique des PV même en difficulté normale. Très clairement, avec ses arènes remplies d'ennemis vifs, ses ralentis à chaque coup de masse dans des têtes, ses hurlements de douleurs après avoir cramé un type au rayon laser, son gameplay technique et exigeant, la partie combat de Ruiner est une véritable réussite et rend chaque rencontre avec des ennemis ultra-jouissive. Et tant mieux car ça représente 90% du jeu.

Outre les corridors urbains et mécaniques sombres et puants des missions principales, le jeu nous propose aussi d'arpenter un quartier mal-famé de Rengkok en guise de hub : l'occasion de résoudre quelques quêtes secondaires et de s'imprégner de l'ambiance cradingue de la métropole en discutant avec différents PNJ plus ou moins loufoques. Tout cela est secondaire et manque un peu de profondeur mais a néanmoins le mérite de rajouter une couche de vernis à l'atmosphère qui était déjà remarquable.

Bref, Ruiner offre une ambiance de feu, doublée par une DA superbe, un gameplay exigeant et une BO envoûtante. Il est possible d'être hermétique à ce déferlement de violence, d'effets pyrotechniques et son scénario allégé sauce cyberpunk classique, mais ce n'est pas mon cas : j'ai passé huit excellentes heures sur ce jeu, que je recommencerais surement dans un mode de difficulté supérieur... en attendant impatiemment la suite.