Scars Above
6.2
Scars Above

Jeu de Mad Head Games et Prime Matter (2023PlayStation 5)

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations sur mon blog.

Prime Matter, le label de Plaion, fait son petit bout de chemin depuis 2021 avec des titres à la réception plus ou moins mitigés tels que The Chant ou encore Gungrave G.O.R.E pour les plus récents. Scars Above est demeuré assez cryptique dans son approche, malgré quelques trailers, dont le titre semble mélanger plusieurs inspirations. La comparaison à Returnal a été l’une des premières à survenir pour ma part, aussi bien pour la présence d’une femme esseulée sur une planète que le décor dans lequel elle évoluait. Les premières heures de jeu ne permettent pas d’ignorer comme un air de déjà vu entre Selene et Kate, héroïne de Scars Above.


SCAR (Sentient Contact Assessment and Response) n’est autre qu’une organisation enquêtant sur une éventuelle présence extraterrestre au sein de l’univers. Quatre de ses membres ont découvert une curieuse structure pyramidale, un engin orbitant autour de la Terre. Présence hostile ? Potentiel allié ? Toutes les interrogations sont là, mais seule domine la curiosité. Comme le souligne le commandant Richard Robinson, ils sont sur le point de vivre un moment historique, celui qu’ils espéraient voir un jour. Hélas, les membres du SCAR n’ont guère le temps de se réjouir.


En un clignement d’œil, Kate se retrouve séparée du reste de l’équipe et se réveille sur la surface d’une planète inconnue. Seule face à un écosystème qui lui est ouvertement hostile, la scientifique va devoir apprendre à survivre, bon gré mal gré. Et, surtout, retrouver le reste de l’équipe afin de dénicher un moyen de revenir sur Terre.


Ohé ohé scientifique abandonnée

Loin de s’appesantir, Scars Above démarre les hostilités rapidement tout en insérant ses mécaniques avec, parfois, un petit didacticiel pour mieux appréhender les derniers ajouts. L’armement de Kate tient en une lame électrique capable de trancher n’importe quoi et un fusil pouvant tirer des projectiles élémentaires (électricité, feu, acide, etc). Un armement simple sur lequel s’ajoutent de multiples gadgets et améliorations afin de concevoir de multiples combinaisons. Pour n’en citer que quelques-uns, Kate peut endosser un bouclier, ralentir le temps dans une zone donnée, projeter un liquide inflammable… Tous ces éléments offrent autant d’opportunités et d’approches des combats. Sans compter que vos ennemis peuvent être eux-mêmes affectés par des statuts élémentaires que vous êtes libre d’exploiter. Un ennemi sortant de l’eau sera mouillé et donc plus facile à congeler, ou à griller à l’électricité. Brûler des œufs avant leur éclosion évitera l’irruption d’une nuée de créatures.


Si Kate ne peut pas monter de niveau, elle dispose d’un arbre d’aptitudes se divisant en deux branches : ingénierie et xénobiologie. L’expérience ne se collecte pas en tuant des ennemis mais en scannant les éléments inconnus de la planète tels que la flore, les créatures vaincues ou en dénichant des boites de données. Chacun d’eux s’exprime par un pourcentage de savoir qui, une fois atteint le 100%, se transforme en un point d’aptitude. L’arbre lui-même se divise en rangs : une aptitude de rang 1 ne coûte qu’un point, là où une compétence de niveau 4 coûtera quatre points. Il est possible de remettre l’arbre à zéro, à tout moment, afin de modifier la répartition des points.


Néanmoins, malgré tous ces éléments, les deux/trois premières heures sur Scars Above requièrent d’être prudents. Même en difficulté Recrue, mourir peut arriver souvent ne serait-ce que par élan d’orgueil. Heureusement le jeu est parsemé de piliers, éléments venant sauvegarder votre progression en amenant Kate à ressusciter au pied du dernier visité. Ce qui permet aussi de restaurer entièrement santé et munitions, tout en ressuscitant vos ennemis.


Kate ne débute qu’avec Vera, son fusil, chargé de balles électriques et les ennemis sont nombreux. Surtout, si Kate meurt, les ennemis reviennent à la vie. Il faudra donc ne pas oublier où ils apparaissent et anticiper leur approche afin de ne pas gaspiller des munitions et limiter les dégâts. Certes, cela peut être un peu frustrant au début mais l’envie d’en apprendre plus sur le destin de Kate aide à progresser, sans compter que la fouille des lieux récompense les joueurs. Non seulement via les cubes de savoir (très utiles pour obtenir les fameux points d’aptitudes) mais aussi en ramassant la flore qui servira d’ingrédient aux munitions.


Pour autant, pour une raison inexpliquée, la difficulté dans le jeu se fait de plus en plus faible dès que l’on a quitté le premier biome. J’ai d’abord songé que c’était dû à l’obtention de nouvelles aptitudes et gadgets, mais je pense surtout que cela vient d’un problème de rythme dans la progression. J’avais souligné que The Chant oubliait de prendre le temps de se poser pour développer son concept. Il en est de même pour Scars Above. Les gadgets et améliorations tombent vite, peut être même trop. La plupart étant scénarisés, cela ne vient donc pas du mode de difficulté choisi. Certains chapitres sont même pratiquement dénués d’affrontement.


Si le jeu souligne qu’il faut avant tout viser les faiblesses de l’ennemi (en tirant sur le cœur en flammes de l’adversaire avec un projectile de même type, par exemple), avec la multiplicité des gadgets, cet état des faits vole rapidement en éclats. Parfois il suffit de bloquer l’adversaire dans un piège gravitationnel et décharger tout ce qu’on a sur lui afin de le vaincre. Le boss final lui-même ne relève guère le tout et va décevoir beaucoup de joueurs. C’est d’autant plus dommage quand l’un des boss propose, à côté, d’interagir avec le décor pour le vaincre. Sa confrontation a été plus pimentée, à mes yeux, que l’ultime affrontement (à croire que les rôles ont été inversés).


Très mauvaise surprise de découvrir qu’une fois le jeu terminé, la partie est intégralement effacée. Plus de sauvegarde, plus aucun moyen ne serait-ce que de recharger la partie avant le boss final. Je suis étonnée que cette procédure existe encore en 2023. En termes de difficulté, Scars Above propose trois modes : Recrue, Spécialiste et Commandant. Si le premier s’axe sur le scénario et l’exploration, les deux autres sont présentés comme difficile et très difficile. Le jeu ne propose pas de difficulté Normal. Un choix assez intriguant.


Sonnez, sonnez la dernière épopée

Si j’ai beaucoup d’affection pour les jeux imparfaits, je n’ai pas réussi à m’immerger dans Scars Above. L’intrigue n’a jamais réussi à m’accrocher. Une histoire simple ne me dérange pas : la façon dont elle est racontée, les personnages ou l’univers peuvent gommer cette imperfection. A l’image des personnages de The Chant, ceux de Scars Above n’ont jamais le temps d’être approfondis ou de tisser un quelconque lien émotionnel avec eux, restant enclavés dans des archétypes (le militaire, la scientifique, le nerd).


Le doublage français n’aide nullement. C’est d’ailleurs rare que je dise cela mais je vous déconseille fermement la traduction française pour les voix et vous invite fortement à passer au doublage anglais. Pour une raison qui m’est inconnue, les comédiens français manquent complètement de conviction. Aucune emphase, aucun sentiment. Quand Kate parle, j’avais surtout l’impression d’entendre une voix off lire son texte. La synchro labiale n’aide pas : mouvements de lèvres et voix française ne sont jamais synchronisés.


Le photoréalisme est un choix visuel qui peut vite verser dans l’erreur tant la frontière entre rendu correct et effet Uncanny Valley est proche. Scars Above montre ses limites de titre AA sur ce point avec des personnages dénués d’expression, presque plastique. Mention spéciale à la cinématique précédant le boss final où je ne pouvais absolument pas garder mon sérieux puisque la caméra était focus sur Kate et que je voyais tous les défauts de la modélisation.


Cela m’attriste de faire un tel constat sur le jeu puisque, à côté, le studio propose des idées d’environnement assez variés durant l’aventure. Si le premier biome fait songer à Returnal avec sa jungle où l’humidité règne, Scars Above s’en extirpe pour nous emmener en des contrées enneigées ou encore au sein d’un organisme géant. On a même droit à quelques mécaniques propre à l’environnement comme le risque d’entrer en hypothermie si on ne veille pas à se réchauffer. L’absence de carte oblige à fouiller les environs pour trouver la suite, ce qui n’est guère difficile vu que la construction de l’environnement reste très dirigiste en proposant, parfois, quelques zones annexes où dénicher quelques éléments bonus.


Du côté de l’exploitation de la DualSense, le jeu use des retours haptiques pour bloquer les gâchettes lorsqu’il est impossible de tirer, soit par manque de munitions, soit parce que Kate est en train de recharger son arme. Un élément qui vient souligner cet aspect du gameplay et évite de matraquer les gâchettes inutilement. Des sons proviennent de la manette mais cela reste assez minime.


Aparté sur les trophées


Il est très facile d’obtenir le platine de Scars Above tant tout est quasiment lié à l’histoire. Lors d’une étape du récit, vous aurez même une seconde chance d’explorer les régions déjà visitées pour finir d’y trouver les cubes de savoir non dénichés. En dehors de compléter intégralement l’arbre d’aptitudes ou acquérir tous les gadgets, il vous faudra obtenir une amélioration pour chaque arme (elles se trouvent quasiment sur votre chemin). Surtout certaines actions contextuelles demanderont à user de gadgets précis comme enflammer plusieurs ennemis en même temps, utiliser le bouclier pour ne pas mourir ou encore tuer un ennemi alors qu’il vise un leurre. Des trophées qui s’obtiendront très facilement si vous utilisez régulièrement les gadgets requis.


Les deux seuls trophées pouvant vous échapper (ce qui a été mon cas) car ils seraient victimes de bugs sont de scanner toute la flore et la faune de la planète. Il semblerait que si vous scannez un de ces éléments et mourrez juste après, alors que vous n’avez pas atteint le prochain pilier, le scan n’est pas pris en compte.


En résumé


Scars Above n’a jamais réussi à me transporter dans son univers en me laissant sur le bas-côté. A l’instar de The Chant, je ne peux nier qu’il y a de l’idée dans ce titre, des éléments qui auraient mérité plus de travail. Le gameplay est loin d’être inintéressant et se relève même riche en approches et combinaisons multiples pour appréhender les ennemis. C’est sur la technique et son intrigue que le titre peine à marquer, surtout pour un jeu sortant uniquement sur la dernière génération de consoles. Mad Head Game ne doit pas hésiter à aller plus loin pour son prochain titre, quitte à prendre quelques risques. En tout cas le studio prévoit déjà un jeu d’horreur lié à une licence connue. Affaire à suivre !


So-chan
5
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Créée

le 12 mars 2023

Critique lue 82 fois

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