Scurge: Hive
6.7
Scurge: Hive

Jeu de Orbital Media (2006Nintendo DS)

"Eh, tu connais cette histoire où une fille super badass doit survivre seule dans une base désaffectée et échapper à un parasite galactique ?
- Bah oui, Alien c'est un grand classique.
- Non, je te parle d'un jeu vidéo.
- Ah, tu veux dire Metroid ?
- Non non non, je te parle de Scurge: Hive.
- A tes souhaits."


Dialogue ayant probablement eu lieu dans une cour de récré quelque part vers 2006



Le Noël de Scurge



Scurge: Hive est un jeu sorti sur GBA et DS, développé par le studio Orbital Media connu pour...bah rien en fait, ils ont fait 3 malheureux jeux sur GBA et ont disparu à l'ère DS.
On y incarne Jénosa, une chasseuse de primes engagée par la fédération galactique pour découvrir l'origine d'un signal de détresse envoyé par un laboratoire étudiant de nouvelles armes de guerre. Evidemment, la mission ne va pas se dérouler comme sur des roulettes et Jénosa va vite être infectée par un virus inconnu qui grignote sa vie petit à petit (en même temps elle se baladait sans masque, moi je dis elle cherche).
Si ce scénario assume son côté plagiat de Metroid (en particulier Fusion) jusque dans le design de l'héroïne (qui n'est ni plus ni moins qu'une Samus rousse), le jeu en lui-même est très différent de son modèle. En effet, bien que les aller-retours soient légion et que Jénosa acquiert de nouveaux pouvoirs au fur et à mesure, on n'est pas vraiment face à un Metroidvania (il n'y a aucun objet optionnel à découvrir et on ne peut pas retourner dans des zones précédemment visitées) mais plutôt un run-and-gun agrémenté de puzzles. Le tout en 3D isométrique.


Et si la 3D isométrique est souvent casse-gueule, surtout sur le petit écran d'une console portable, Scurge s'en sort remarquablement bien. Dans l'immense majorité des cas, l'action est lisible, les hauteurs sont claires et la caméra ne cache pas de plateformes hors-champ. En plus c'est vraiment joli graphiquement, Jénosa est très bien animée et déborde de personnalité avec son idle pose où elle pose une main au sol, prête à en découdre. Et ce qu'il arrive si jamais vous la laissez se faire infecter est étonnamment horrifique. Heureusement, les sas de décontamination (qui servent également de points de sauvegarde) sont très bien répartis sur la carte.
D'ailleurs, si l'histoire ne casse pas trois pattes à un canard mutant et que les révélations se voient venir dés l'intro du jeu, le fait d'être infecté pousse le joueur à aller vite et à prendre des risques, ce qui donne un gameplay assez nerveux. Je trouve que la sauce prend bien mieux sur Scurge: Hive que sur Metroid Fusion où Samus est au top de sa forme et où le SA-X ne fait qu'une poignée d'apparitions (sans parler du fait que ce soit le plus linéaire de tous les Metroid 2D).


Un autre aspect que j'ai beaucoup aimé, c'est la quantité de contenu à débloquer. Le jeu propose 3 modes de difficulté, qui débloquent chacun un bonus (une garde-robe, un boss rush et une arme surpuissante). Bien sûr, demander à ce que le joueur finisse trois fois le jeu est un peu salaud, mais puisque le jeu est relativement court et simple (en-dehors des boss qui peuvent être des horreurs), j'ai du mal à qualifier ça de défaut. Il faut voir les difficultés Normal et Difficile comme des entraînements pour l'Intense.



Vive le vent d'Hive



En fait, le jeu ne souffre que d'un seul problème : son système de combat est un peu chiant à la longue.
Jénosa obtient trois rayons au cours de son aventure, chacun étant efficace contre un type d'ennemi, neutre contre un autre et...renforçant le troisième ! Si ce système de pierre-feuille-ciseau est original sur le papier, il est assez mal exploité car il y a peu de salles dans le jeu qui contiennent les trois types d'ennemis à la fois. Du coup, dans 90% des cas lorsque vous entrez dans une salle vous allez juste faire pause, équiper l'arme adéquate et reprendre votre partie en baillant.
Il y a aussi un problème sur la diversité des ennemis : si les boss sont tous très originaux, les petites bestioles sont réutilisées ad nauseam au cours du jeu et se contentent de changer de couleur pour indiquer l'augmentation de force. Vous aurez probablement croisé toute la faune au bout de la moitié du jeu, ça renforce l'impression que les combats tournent en rond. Dommage.


A côté de ça, les autres défauts du jeu sont mineurs. Je peux par exemple citer le fait que la VF, si elle a été bien traduite, a été mal codée et se plante régulièrement sur certains caractères spéciaux (les é et è sont fréquemment intervertis, les à ne s'affichent pas...). Ou encore le fait que la DS ne soit pas très bien exploitée.
Logique puisque le jeu est un portage d'un jeu GBA, toutes les informations sont donc concentrées sur un écran. L'écran du bas contient tout de même une carte avec laquelle on peut interagir au stylet, mais il est peu recommandé de le faire sans être dans le menu de pause puisque votre infection va augmenter. J'aurais bien aimé que des actions soient également attribuées à X et Y, comme la possibilité de déplacer la caméra par exemple. Malheureusement, ces boutons sont complètement inutilisés, pour respecter le gameplay à 4 boutons (A-B-L-R) d'une GBA.


Enfin, les musiques sont vraiment inintéressantes, elles ne gâchent rien mais ne renforcent pas vraiment l'ambiance oppressante du titre et de ses environnements. Même les thèmes de boss sont gentiment soporifiques, on pouvait s'attendre à mieux de la part de Jake Kaufman (Bloodstained, Shantae...).



J-E-N-O-S-A



Scurge: Hive fait partie de ce club malheureux de jeux qui ont été complètement oubliés par l'Histoire, alors qu'ils proposaient une expérience de jeu solide, bien que perfectible (ce qui est excusable vu l'inexpérience du studio). En-dehors de quelques fans de Metroid bien renseignés, vous aurez du mal à trouver quelqu'un qui a joué à ce jeu, et c'est vraiment malheureux parce que c'est une pépite.
D'ailleurs les développeurs avaient l'air de croire en leur concept puisque les crédits se terminent sur un "A suivre...". Dans un univers alternatif, Scurge: Hive est peut-être devenue une série AAA, dans un autre c'est peut-être une série phare de la scène indépendante. Malheureusement, on vit dans une timeline où le seul avantage est que le jeu coûte 5 balles. Au moins ça vous donne une bonne raison d'y jouer.

Sonicvic
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le 13 mai 2021

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