SEASON A letter to the future est un jeu d’aventure narratif à la troisième personne dans lequel il sera question d’émancipation, de découverte du monde et d’un cataclysme imminent prêt à tout emporter sur son passage. Développé par le studio Canadien Scavangers à qui l’on doit Darwin Project, il vient tout juste de sortir sur Steam, PS4 et PS5 le 31 janvier 2023.


Dans SEASON A letter to the future, on incarne Estelle, une jeune femme qui vit dans un village situé tout en haut de montagnes et isolé du reste de la civilisation dénommé Caro. Cela fait maintenant plus d’une génération d’habitants que personne n’est parti du village et ce sera pourtant bientôt notre cas. Dans ce monde, une saison est une période donnée de l’histoire que l’on pourrait décrire d’époque.


La saison actuelle est sur le point de se terminer et Estelle va décider de quitter sa famille et son village Caro pour tenter de capturer ce qui peut encore l’être grâce à un vieil appareil photo et à un magnétophone.


Après un rituel spirituel impliquant des objets liés aux 5 sens, elle gagnera un puissant talisman qui la protégera des différentes menaces qu’elle sera amenée à rencontrer dans son périple.


Pour mener à bien le rituel, chaque objet doit disparaitre ce qui entraine également la disparition des souvenirs liés à l’objet. Une fois le talisman élaboré, Estelle sait bien qu’elle ne se souviendra plus que brièvement de sa mère avec qui elle réalisé le rituel.


Il est désormais temps pour Estelle de découvrir un monde étrange mais pourtant si familier, elle sera dès lors témoin d’un changement imminent mais mystérieux.


Si le tout début de notre aventure dans SEASON A letter to the future n’est pas le plus palpitant avec ce fameux rituel un peu lent à se décanter et laissant craindre un gameplay lourdingue et des interactions limitées entre Estelle et son environnement, la narration se montre à la hauteur avec une belle écriture et de beaux échanges mère-fille.


S’ensuit une visite du village qui servira surtout de tutoriel à ce que l’on rencontrera plus tard. On y apprendra l’utilisation du magnétophone pour enregistrer des sons et les conversations avec les morts mais également de l’appareil photo Polaroid.


Pour garder tous ces nouveaux souvenirs, Estelle va les répertorier dans un journal qui lui permettra d’en savoir plus sur tous les lieux visités et de fait découvrir leurs secrets ou leurs funestes destins.


Memory Fades

SEASON A letter to the future nous propose ensuite une magnifique transition entre ce village tourné sur lui-même depuis maintenant de nombreuses années et le reste du monde. Après savoir récupérer un vélo, il est désormais temps de partir à l’aventure et d’aller découvrir les futurs vestiges de cette saison.


C’est à ce moment précis que le déclic s’opère et que l’on se rend compte de tout le potentiel du jeu. On est désormais libre d’explorer ce monde inconnu et ainsi de se rendre compte que la vie n’a pas été simple en dehors de ce havre de paix que constituait le village.


Grâce à de subtils indices disséminés de façon logique dans les vestiges d’un immense pont, on se rend compte qu’une guerre intense a eu lieu et que de nombreuses personnes ont perdu la vie. On y découvrira également les liens entre un certain docteur et des apatrides qui ont ainsi pu trouver refuge dans les montagnes.


Sans trop s’attarder, on descendra de la montagne pour ensuite arriver à l’entrée d’une immense vallée dont l’entrée nous est interdite par la toute première personne vivante rencontrée jusqu’ici. Il semblerait que le barrage protégeant la vallée doive être détruit et tous les habitants évacués.


Une fois le contact établi et nos motivations connues, ce membre d’une société plus ou moins inspiré du Lions Club nous laissera passer afin de récolter les derniers fragments de vie de cette vallée destinée à être engloutie par les eaux.


SEASON A letter to the future est un jeu qui force le respect dès les premières heures avec une ambiance feutrée, presque mélancolique et une mise en scène très cinématographique grâce à l’utilisation d’un format Letterbox même en plein écran.


La narration de SEASON A letter to the future passera surtout l’exploration de cette vallée et des différentes rencontres qu’elles soient humaines ou animales que l’on y fera. Grâce à l’utilisation de notre appareil photo et de notre magnétophone (bizarrement ne nécessitant pas de piles ou de recharges), on récoltera des souvenirs que l’on collera ensuite dans notre journal.


Pour chaque zone explorée, on aura besoin d’un certain nombre d’indices pour débloquer son histoire. Là où le jeu a tout compris, c’est qu’il ne nous obligera jamais à trouver tous les points d’intérêt mais seulement certains prioritaires pour débloquer l’entrée de ladite zone du journal.


Land of the dead

Il sera possible de remplir la page avec des photos quelconques mais liées à la zone pour faire progresser sa jauge d’avancement. C’est malin et cela a le mérite de ne pas pénaliser les flâneurs qui cherchent surtout le plaisir de découvrir un univers librement plutôt que de suivre une liste de prérequis de quêtes obligatoires.


SEASON A letter to the future aura également la bonne idée de nous donner énormément d’indices sur la marche à suivre grâce à certains bâtiments bien plus mis en valeur que d’autres mais également par le biais de sons qui vont attirer fortement notre sens de l’ouïe.


Ce sont toutes ces nouvelles sensations qui vont permettre à Estelle de garder des traces et des souvenirs de cette fin du monde programmée. Il ne nous reste plus qu’une seule journée pour récolter le plus d’informations et ainsi alimenter notre journal.


C’est d’ailleurs là que l’on peut entrapercevoir une des thématiques fortes du jeu, à savoir le besoin de transmission entre les générations qu’elles soient matérielles comme la naissance d’une nouvelle vie ou spirituelle comme le devoir de mémoire des anciens grâce à un recueil.


Il incombera donc à Estelle de faire cette transition entre les 2 saisons grâce à ses talents de dessinatrice ou d’observation. Le but de cet archivage ne sera d’ailleurs pas seulement mémoriel mais il sera aussi éducatif.


On aura donc le choix de faire découvrir aux futures générations ce que l’on souhaite qu’ils découvrent en priorité. Doit-on mettre en exergue la spiritualité et une sorte de magie destinée à protéger les êtres aimés ou alors doit-on simplement transmettre des sortes d’instantanés audio et en photo plus factuels ?


SEASON A letter to the future propose ici tout un panel de possibilités en matière de remplissage du journal et surtout il nous laisse une liberté totale sur la façon dont on doit s’y prendre. C’est un vrai régal de tout photographier, de tout enregistrer et de trouver ainsi ce qui convient le mieux à l’endroit où l’on se trouve.


On devient dès lors non seulement joueur d’un jeu d’aventure mais aussi principal témoin d’un changement inexorable de périodes d’une histoire qui semble si éloignée mais en réalité qui nous ramène à notre triste réalité.


Sans vraiment ressembler à un open-world, la zone de la vallée est immense et regorge de surprises et de découvertes. Il y a tant de choses à voir, tant d’animaux à caresser ou simplement s’amuser à leur donner des noms. On pourra même enregistrer la voix des morts et ainsi découvrir des destins tragiques.


Bumpy Road

SEASON A letter to the future nous offre également une liberté de mouvement totale grâce à l’utilisation de la bicyclette qui nous permettra de parcourir de nombreux kilomètres sans jamais ressentir de fatigue ou de s’écrouler après avoir monté une pente digne d’une étape du tour de France.


Le concept est extrêmement simple, soit on marche à pied, soit on utilise le plus souvent possible notre vélo pour nous déplacer. Autre très bon point du jeu, il est possible à tout instant de faire apparaitre notre vélo là où notre personnage se trouve.


C’est fort pratique lorsque l’on a crapahuté 10 minutes à pied et que l’on a la flemme de revenir en arrière pour récupérer notre précieux. C’est un peu plus problématique en revanche côté immersion mais est-ce pire que de ne jamais voir Estelle manger ou boire pendant tout notre périple ?


Cette navigation à vélo est une idée brillante et en parfaite adéquation avec les thématiques du jeu mais elle est très loin d’être optimale en matière de maniabilité. En effet, dès que l’on touche un obstacle imprévu, notre course s’arrêtera net sans réelle transition dans l’animation de notre personnage.


Lors des grandes descentes ou lorsque SEASON A letter to the future aura décidé de s’ambiancé sur notre road trip, la caméra deviendra notre pire ennemie et elle ira se placer là où l’on ne pourra pas regarder ce qui entrainera des immobilisations intempestives d’Estelle, nous obligeant à remarcher quelques instants à côté du vélo avant de pouvoir l’enfourcher.


Ce n’est ni optimal ni logique mais ce n’est pas le dernier souci que j’ai pu rencontrer dans le jeu. Pour être honnête, j’ai eu le jeu en avance et il a été mis à jour assez souvent durant toute ma phase de test.


Sachez donc qu’il est possible que les soucis dont je vais vous parler soient de l’histoire ancienne au moment où vous allez lire cette chronique.


En jouant à SEASON A letter to the future, on a parfois l’impression que des assets apparaissent à la dernière seconde sans logique et sans réelle transition avec ce qu’il se passait juste avant. Certaines textures semblent floues à certains endroits et d’autres mettent assez longtemps à charger avant de redevenir nettes.


Le jeu est intégralement en français que ce soit dans les voix ou les textes mais faites bien attention que le doublage est en québécois et non en français – France. Si ce n’est pas vraiment un gros problème, c’est assez perturbant et m’a obligé à basculer le jeu en anglais afin de ne pas perdre ma santé mentale ou de me croire dans un sketch des nuls.


Certains textes en français dépassent également leurs conteneurs ce qui peut poser souci lors de la compréhension de certaines discussions. Rien de bien grave mais cela reste à signaler. J’ai également eu quelques difficultés au niveau de la fluidité du jeu sur certaines zones même sur une Geforce 3060 et une configuration plutôt musclée.


Remember me?

Artistiquement, SEASON A letter to the future est vraiment superbe avec une direction artistique au top et un character design digne de Spirited Away en ce qui concerne certains personnages et de leur morphologie.


Le rendu graphique est sublime avec des effets sobres mais ô combien marquants. On retient les différents lieux et personnages avec aisance et on s’attache assez vite à leur personnalité parfaitement en accord avec leur design.


Mis à part les soucis précédemment énumérés concernant la maniabilité du vélo, je n’ai pas eu de gros soucis ailleurs dans ce domaine sur PC que ce soit avec une manette ou avec le combo clavier-souris.


Le jeu exploite les sauvegardes sur le Steam Cloud et cela fonctionne parfaitement. Il y a par ailleurs 16 succès à débloquer et ils ne seront pas très compliqués à débloquer. J’en ai eu 14 lors de ma première partie.


Comptez environ 8 heures de jeu pour voir une des fins de SEASON A letter to the future ce qui est plutôt correct pour ce genre de production. Je n’ai jamais eu l’impression de m’ennuyer et j’aurais bien aimé y passer plus de temps si le jeu m’en avait laissé l’occasion.


C’est juste dommage de voir la façon trop abrupte dont le jeu se termine, même si on se rend compte que l’on est dans l’épilogue, la résolution de tout ce qui s’est passé auparavant se fait un peu trop rapidement et très clairement nous laisse sur notre faim.


C’est d’ailleurs un peu l’esprit embrumé et avec un arrière-goût de tout ça pour ça que l’on termine l’aventure. Certes on a eu des choix importants à faire, certes on a eu quelques réponses aux questions que l’on se posait au tout début de notre aventure mais au final, rien n’est véritablement résolu.


Si j’ai aimé découvrir Estelle et tous nouveaux amis, j’aurais souhaité plus d’implication émotionnelle dans la narration. C’est un peu du hit and miss la plupart du temps avec de beaux passages tristes et mélancoliques et d’autres qui tombent complètement à plat.


Les thématiques de SEASON A letter to the future sont évidentes, il y est question d’émancipation, d’ouverture aux autres, d’empathie dans un monde cynique et violent mais aussi et surtout de gestion de la perte des êtres aimés.


SEASON A letter to the future est un jeu aux grandes ambitions maitrisées et de très bonne facture mais qui se perd un peu dans les méandres de sa narration et surtout qui laisse un goût d’inachevé. Il y aurait encore énormément de choses à dire sur l’aspect religieux du jeu mais je préfère vous laisser le plaisir de découvrir cet univers par vous-même.

LoutrePerfide
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le 2 févr. 2023

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