Simplex sigillum veri

Shelter... Ce jeu me fait perdre mes mots. Mes idées vont probablement sembler brouillonnes ou incomplètes, mais il me semblait important d'écrire dès maintenant mon ressenti, l'ayant tout juste terminé.

Je ne sais pas où ni par quoi commencer.

Il n'est ni mauvais, ni exceptionnel. Il n'a rien de navrant ni de transcendant.

Il est à part.

Ce qu'est vraiment Shelter ? Une claque d'humilité et de simplicité d'une violence inouïe et pourtant si naturelle.

Shelter, c'est tout simplement l'histoire du cycle de la vie, dans sa forme la plus simple.

Nous suivons sobrement l'histoire d'une maman blairelle. Il n'y a pas de fioritures. Pas d'interface. Pas de longues explications compliquées. Nous sommes jetés dans le corps de cet animal sans sommation et sommes tout de suite confrontés à la dure réalité. L'un de nos cinq petits va mal. Que puis-je faire, simple blairelle que je suis ? On regarde autour de nous. Est-ce un navet ? Et s'il avait faim ? Je dois essayer.

Le jeu est à peine lancé qu'il nous happe. Mes autres petits aussi doivent manger. Nous sortons du terrier en quête de nourriture. C'est l'occasion de s’attarder un peu plus sur les décors, eux aussi très sommaires, mais avec un cachet qui leurs est propre.

Nous nous rendons compte que chacun des blaireautins a un pelage différent. Nous nous rendons compte que nous nous soucions du bien-être de chacun. Lequel n'ai-je pas encore nourrit ? Nous nous surprenons à leur donner des petits noms pour nous aider à nous souvenir, jusqu'à, encore une fois, nous rendre compte, que ces noms restent gravés dans notre esprit.

Nous continuons de vagabonder à la recherche d'une souris, d'un navet ou d'une grenouille, n'importe quoi qui pourrait éviter à nos petits de mourir affamés. Et les dangers se multiplient. Les prédateurs. L'obscurité. Les éléments naturels. On se sent minuscule. Impuissant.

On aimerait pouvoir courir, s'enfuir de cet endroit si oppressant. Mais on ne peut pas, car cinq petites boules de poils comptent sur nous. Alors nous avançons lentement, gardant constamment les yeux rivés autour de nous, sur les dangers éventuels, sur les sources potentielles de nourriture, sur nos petits.

Et parfois, il en manque un. Mon cœur s'agite. Je regarde désespéramment autour de moi. Je ne le trouve pas. Où est-il ? J'aimerai courir partout pour le retrouver, mais je ne peux pas. J'ai d'autres petits. Un couinement. Un silence. Un sentiment d'échec et de tristesse s’empare de moi. Mais là encore, je dois continuer.

Et c'est dans cette douce et cruelle ballade que nous emmène Shelter.

Il n'y a que le simple cycle de la vie, toute sa beauté et toute son atrocité.

L'aventure ne nous prendra qu'une heure ou deux, sera facilement ennuyante et nous nous retrouverons probablement plus d'une fois à ne pas savoir où aller ou repasser au même endroit.

Mais n'est-ce pas là toute l'essence du jeu ?

Shelter est loin d'être un jeu merveilleux dont je me souviendrai des années durant, mais il a eu le mérite de me rendre pensive et de me faire me questionner sur ma place dans l'infiniment grand de l'existence.

Je crois honnêtement que c'est une expérience à faire, d'autant plus que son prix est ridiculement bas lors de promotions. Je vous invite alors à vous faire votre propre avis et à me partager votre ressenti.

En espérant avoir été utile.

Rin.