Un jeu givré
Ce Silent Hill est très étrange, éloigné mais respectueux de la saga original, cet opus en déstabilisera plus d'un, fan de la saga ou non. Commençons par sa technique, car à l'heure de cette...
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le 17 déc. 2010
12 j'aime
2
Jeu de Sam Barlow, Climax Studios, Akira Yamaoka et Konami (2009 • PSP)
Bon, là, je crois que je tiens le bon bout. Cela fait plusieurs jours que j'ai parcouru ce centre commercial et je crois avoir trouvé une sortie. C'était marqué sur la carte comme étant la sortie de secours la plus proche. J'ai alors pris une voiture et me suis engagé hors de la ville... Jusqu'à ce que j'ai un accident et que je finisse dans l'océan Atlantique... La voiture ne va pas t...
Qui c'est qui m'appelle ?
Allo ?
"Ah Salut Siegfried, ça va ? Toujours en train de chercher une sortie ?"
Non, non, bien sûr que non. Tout va bien.
"Tu t'amuses ?"
Oh oui, je m'amuse. Tu sais quoi, même j'ai beaucoup aimé ce jeu, je dirai même plus que c'est mon Silent Hill préféré pour l'instant (et il a même beaucoup de chances pour le rester).
"Ah bon ? Je suis content de te l'entendre dire."
Ouais, ouais, ce sera bien la première fois pour toi d'entendre que des points positifs sortir de ma bouche. Mais la vérité est là, j'ai beaucoup aimé ce jeu. Il m'a fait terriblement penser à Escape Dead Island.
"Mais je trouve qu'ils ne se ressemblent pas trop."
Si, si... Je t'assure, ce sont tous les deux des jeux où on suit un personnage dans ses délires et hallucinations qui vont nous en dire long sur sa vie, ses peurs, et ses désirs.
"Si je te connais bien, c'est exactement ce que tu adores dans un jeu."
Voilà, c'est ça. Raconter l'histoire d'un homme perdu dans un monde qu'il ne comprend pas, c'est exactement ce que j'adore. En fait, je trouve le concept plutôt sympathique de prendre l'univers d'une franchise et d'en faire une aventure personnelle qui tourne autour d'une seule personne. Dead Island est une franchise de survie avec des zombies, il y a alors cet univers paradisiaque, d'île magnifique à la météo parfaite, les couleurs pétantes, cette ambiance de vacances et de renaissance loin de la civilisation.
"Et là, c'est l'ambiance ville morte et perdue dans les limbes de l'oubli."
Voilà. Harry Mason explore la ville et cette fois-ci, il n'y a pas du tout de gameplay de combat, ni de caméras pourries. Non, le jeu se focalise uniquement sur l'exploration et le scénario. J'ai été surpris au début, je me suis dit, c'est pas possible, ils ont osé ! Et quel pari compliqué ! Les fans de la série, qui devaient adorer tabasser des ennemis comme si on était dans un Resident Evil ont dû être déçu. Pourtant, je préfère qu'il n'y ait pas de combats, comme ça, on peut soi-même se focaliser sur l'histoire avec les items à collectionner.
"Tu préfères l'exploration au combat ?"
Oui. Enfin, je ne suis pas allergique aux combats, je ne vais pas détester un jeu davantage s'il y a du combat. Je trouve juste que parfois, certains jeux se focalisent trop sur le gameplay combat qu'ils en oublient le scénario. Et ceux qui arrivent à combiner les deux avec brio comme Spec Ops The line, on peut dire que c'est encore mieux ! Bien sûr, parfois, cela fait du bien de juste ignorer l'aspect technique dans un jeu pour mieux se contenter d'autre chose de plus stimulant.
"Tiens, en parlant d'ignorer, depuis tout à l'heure, j'essaye de te contacter, qu'est-ce que tu foutais ?"
Ah ça, c'est parce que je reçois des appels de temps en temps, et parfois, c'est moi-même qui appelle des numéros que je trouve un peu partout, ou bien les autres personnages du jeu afin de savoir comment ils vont. En vrai, le téléphone dans ce jeu n'est pas qu'un simple gadget, il est très bien implanté, on l'utilise assez souvent et surtout, il permet de découvrir plein de petits bonus qui rendent le jeu plutôt réaliste.
"Tu appelais de parfaits inconnus pour rien ?"
Pas pour rien ! Ces petits appels donnaient une nouvelle identité à Silent Hill. Quand on la connait assez glauque et effrayante avec ses monstres dans la brume ainsi que sa deuxième personnalité métallique rouillée, on est surpris alors de la découvrir banale, inoffensive, liminal, hébergeant des habitants qui continuent leurs vie sans se rendre compte que le monde entier autour d'eux n'est plus qu'un blizzard perpétuel. Les appels tombent sur des réponses automatiques mais qui nous poussent à croire qu'un monde a existé, et maintenant, la ville cultive à ciel ouvert le fantôme de ces souvenirs.
"Mais la série a toujours été dans ce style là !"
Pas complètement. Le premier était beaucoup plus focalisé sur la survie d'un être humain dans un monde où il se trame des choses derrière les coulisses, un avant-goût de rituel de sorcellerie où on cherche à ressusciter une entité innommable. Ici, nous sommes une de ses entités, Harry Mason mais une entité qui n'est pas agressive, ni transfigurée, on recherche juste à retrouver notre fille sans se rendre compte que c'est elle qui nous cherche. Je ne dirai pas que j'ai adoré le twist final, néanmoins, je trouve ça intéressant de retourner les paradigmes habituels et même d'étendre le champ des possibles dans l'univers Silent Hill. Si on se contente de produire les mêmes histoires avec à chaque fois un personnage différent mais qui se trouve toujours confronté à un duel entre deux forces (cultiste, et démons) et des caméos des anciens personnages qui viennent faire coucou un peu partout dans la ville, je suis désolé mais ça va finir par devenir Resident Evil tout ça. Au moins, dans Shattered Memories, on apporte l'impression que dans le monde imaginaire, il y a tout de même des luttes intestines et que l'imaginaire n'est pas forcément que monstrueux. Les fantômes du souvenir que nous sommes vivent une aventure différente des autres protagonistes toujours humains.
"Je vois ce que tu veux dire mais le problème, c'est que ça risque de dénaturer la série toute entière !"
Peut-être. Mais j'aime bien l'idée d'un spin-off, ou d'un opus qu'on ferait dans une réalité alternative. Shattered Memories ne vient pas entacher la série, je pense, mais il apporte un peu de profondeur à l'ensemble. On peut vivre une autre vie dans Silent Hill. Et même, inversement, je trouve qu'il l'embellit un peu ! Les animations faciales des personnages sont plutôt bien faites, et mieux encore, les dialogues sont bien écrits. Et dix fois mieux comparé au premier Silent Hill, les personnages paraissent humains et réalistes, ils ne déblatèrent pas des insanités, puis disparaissent d'une manière mystérieuse sans vraiment nous aider. J'ai été surpris dans ce jeu d'avoir une telle proximité avec eux, ils m'aident, me demandent de l'aide, et aussi m'accompagnent lors de voyages en voitures. Dédicace à Michelle qui se tenait dans la pièce pendant que je cherchais un mot de passe pour l'ordinateur, elle se tenait là, focalisée sur son téléphone et parfois, elle me regardait, j'avais alors l'impression d'exister dans ses yeux. Bien sûr, je suis un fantôme du souvenir et eux aussi, leurs apparitions et disparitions restaient toujours un peu surnaturelles comme dans les autres Silent Hill, ce qui laisse planer le doute quant à notre vraie nature.
"Ouais, c'est toi qui le dis."
Tu crois que je suis mort ?
"Je pense que tu te débrouilles bien."
Je crois que je le suis. Cette scène où on a un accident de voiture... C'est vraiment ce que j'aime beaucoup dans ce jeu, le fait qu'on peut manipuler plein d'objets, ouvrir des tiroirs et activer des mécanismes avec ce gros plan à la première personne comme si on était dans un jeu à objets trouvés. C'est encore plus réaliste. Et là, je me trouve dans la voiture, je suis piégé, le jeu donne l'opportunité d'activer plein de trucs dans la voiture sans que ça ait un réel poids à notre sauvetage. Et l'eau coule par la fenêtre, et l'eau monte, et on finit par se dire, "oh merde, c'est la fin".
"Probablement."
Tout était bien chronométré, c'était magique. L'eau finit par me submerger totalement. Oh merde. C'est vraiment la fin. Et je ne trouve pas la sortie. Alors, il y a cette ambiance de tranquillité qui plane dans l'eau... On a l'impression que je pourrais rester ici éternellement. A regarder la Dahlia gelée me dire au revoir. Bye, bye, Harry. Quelle fin triste, Cheryl finit par se dire que j'existe finalement, et que j'ai le droit de rester jusqu'à la fin. Mais voilà, je suis toujours dans cette voiture. Et je crois que je ne vais pas pouvoir continuer à chercher. J'en ai mal aux poumons. Tu veux que je te raconte quoi d'autre ?
"Je te rappelle. Bye."
Je ne suis même pas un fant...
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Créée
le 7 sept. 2025
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Par
le 17 déc. 2010
12 j'aime
2
J'avais déjà tenté l'expérience Silent Hill, avec le deuxième opus, sans trop de succès, refroidi par la rigidité du gameplay et cette vacuité malsaine qui caractérisait la ville. Refroidi, je le fus...
Par
le 8 sept. 2013
11 j'aime
8
Silent Hill : Shattered Memories n'est pas vraiment long et ne brille pas par sa difficulté. Techniquement, il tient la route, mais fait pâle figure à côté des épisodes 2 et 3. Les énigmes sont assez...
Par
le 19 janv. 2011
10 j'aime
2
Oh ! Chaud devant, étron indé à domicile ! Ou... Si vous ne voulez pas devenir un fantôme de la critique... Veuillez lire celle-ci, rendez-vous page 23 :...
le 14 janv. 2019
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Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas porter ma critique sur une simple phrase, ce serait injuste. La seule raison pourquoi j'ai pensé à cette phrase pour le titre, c'est parce qu'au cours d'un de...
le 5 juil. 2017
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15
Couvrons cette critique de mauvaise foi que je ne saurais voir. Halte ! Ceci est un petit message avertissant que cette critique est (il paraît) trop sexiste, homophobe pour être donnée à voir à de...
le 27 sept. 2019
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