Le marathon de 20 ans

20 ans à courir dans les mêmes chaussures rouges. Rouges comme les pains que s'est pris le Dr. Robotnik lors de cette longue course. Entre temps, sa pointure a grandie et le petit hérisson est devenu adulte. Ce qui est probablement le cas du Sonic Moderne. Je ne suis pas là pour vous raconter du dequoisaparle, le scénario étant sûrement une tache de café sur une feuille lors d'une réunion de la Sonic Team. L'univers de Sonic est un looping de n'importe quoi, mais il reste très attachant avec ses personnages et ses ambiances uniques. Disons juste qu'après avoir avalé un hot-dog de Tails, le monde est parti en couille. C'est plutôt une bonne façon de représenter le monde une fois à l'âge adulte (et c'est 20 ans au Japon).

Sonic est actuellement au bord du gouffre. À ses côté une compagnie de fans entre le "satisfait" et le "peut mieux faire". En bas, une horde de joueurs dégoûtés de la direction qu'a pris le hérisson. C'est pour cela qu'il y a une distinction entre le Classic et le Modern Sonic. Sega considère aussi les deux héros comme indépendants... Mouaif, juste histoire de gonfler le roster des personnages des prochains opus (Forces). Que s'est-il donc passé depuis 20 ans? Des joueurs qui pestent sur la boule bleue, j'en connais à la pelle. Non, ce n'est pas juste "courir vers un écran d'obstacles inconnus". Voilà comment je définis Sonic: un jeu de parcours et de mémoire.

Pour aimer Sonic, il faut paradoxalement être patient avec lui. D'abord, il nous prend par la main et on se lance dans un jeu de parcours de 9 stages. Peu importe si les phases 2D du Sonic Classic vous fera cogner le côté droit de votre écran. Peu importe si le contrôle du Sonic Moderne vous rappellera parfois l'horrible Sonic R, l'équivalent d'un Zelda CDI pour parler de qualité. Bon, ici je trolle histoire de déverser ma sueur engendrée lors de certains passages bien chiants. Pourtant, Sonic Generations est littéralement une bourrasque dans la gueule. La sensation de pousser la limite du son est plus que jamais présente. La structure des stages repose sur un rythme "en vagues" : on commence par un rush de vitesse impressionnant (et ça l'est!) pour ensuite ralentir progressivement vers de la plate-forme lente. Non, ce n'est pas lourd car tout objet sur le chemin propose une accélération. Il faudra juste jouer du réflexe... et de la mémoire. Après quoi, le jeu recommence à foncer à toute allure. Parfois des drifts ultra satisfaisants, parfois un enchaînement de figures, de glissades, de sauts muraux, d'attaques guidées, de grinds sur rail, de courses en bolide, en fusée, courir sur l'eau... La dernière partie du stage reprendra sur un instant de plate-forme au rythme soutenu pour en finir sur une course à pleine puissance vers l'anneau de fin d'étape. Voici ce qu'est Sonic.

Le plaisir apparaît soudain après avoir pris conscience de la panoplie de mouvements du hérisson. Le Sonic Classic est le même enfant qu'il fut durant l'ère Mega Drive. Extrêmement sensible au stick, au saut très maniable et à la course un poil plus lente que sa version Moderne. Par exemple, écraser un ennemi tel un plombier italien est l'une des seules façons d'anéantir les sbires d'Eggman. Les autres? La Spindash (boule chargée) et les bonus tels que l'invincibilité. Classic.

Et étonnamment, c'est le décrié Sonic Moderne qui a le plus de tours dans son sac d'anneaux. Ce qui le définit depuis Sonic Adventure, à savoir la Homing Attack (attaque guidée) est au centre du gameplay. La folie de la vitesse de pointe de ce Sonic vous fera perdre vos repères plus d'une fois. Mais sachez garder le pouce sur la touche d'attaque guidée. Car non seulement elle vous rendra le contrôle du hérisson en l'arrêtant brièvement, mais il se pourrait en plus qu'un ressort ou un robot pourrait vous servir d'appui pour augmenter la course de Sonic. En fait, Generations est mon premier Sonic de l'ère Moderne. Mon dernier fut Heroes après Adventure 2. Entre temps, un certain Sonic Unleashed est venu bouleverser les manettes, épisode dont je n'ai pas eu la chance d'essayer. Il a ramené avec lui la jauge de Boost.

Un simple doigt posé sur le bouton Y poussera Sonic dans ses derniers retranchements. Une véritable météorite. Chaque secondes bouffera cette jauge. C'est là qu'interviendront les anneaux, les ennemis et les sauts de figures. Il est tout à fait possible de foncer à travers un stage entier si l'on parvient à remplir la jauge en continu. Cette vitesse transformera Sonic en Jésus courant sur l'eau, le fera glisser dans des brèches, explosera chaque tas de ferraille sur son chemin. Soudain, un virage trop serré. Un clic sur les touches latérales pour un drift en boule, la seule fois où Sonic se replie sur lui-même en pleine course. Mes moments favoris. Et quand une menace viendra coller aux fesses de la mascotte, ces mêmes touches lui feront faire un pas de côté. C'est le Sonic acrobate, un maître de l'art du déplacement, le parkour. Et non, maintenir le bouton de boost ne suffira jamais. Dans tous les cas, voici l'ultime règle à savoir pour gagner, quelque soit le Sonic et la génération de console (surtout en 2D) : le chemin le plus haut est le plus rapide. Le sel du jeu est donc de savoir conserver cette hauteur. Petite surprise : il y a une micro touche de RPG dans ce jeu! Chacun des Sonic gagnera parfois des compétences à équiper (jusqu'à 4 ou 5 selon leurs effets). Certaines techniques sont bluffantes tant elles modifient le gameplay!

Sonic Generations est donc un gâteau d'anniversaire coupé en 9 parts. Chacune d'entre elles aux goûts Classic et Moderne. La Sonic Team a su toucher le coeur du fan. Les meilleurs stages de la saga, depuis Sonic premier du nom (1991) jusqu'à Sonic Colours en 2010. Aucun mauvais choix. Aucun! Même le stage clé du terrible Sonic 06, à savoir Crisis City, s'en sort vraiment bien! Mes plus grosses claques? City Escape : l'étape où l'on ressent le plus la vitesse de Sonic, avec énormément de zones d'effets, de grinds, de (snow)board, de glissage sur les fils électriques. Et enfin, cette course poursuite avec ce putain de camion, qu'ils ont cette fois décidé d'équiper de scies et de fusées. Tout ça dans l'ambiance très '90 d'un San Francisco. L'autre baffe est sans aucun doute Rooftop Run. Roh! Le stage de Unleashed. Je comprend maintenant pourquoi j'entendait ce nom lorsque le fan moyen évoque les Sonic modernes! Imaginez-vous foncer dans d'étroites ruelles inspirées d'Italie, avec ces aqueducs, ces clochers, couverts de fleurs et au ciel garnis de confettis et de montgolfières! Wow. Que ce soit en 2D ou 3D, j'ai été pris en transe. J'oubliais de cligner des yeux, je voyais les alentours en blur de vitesse.

Mais... ralentissons un instant. Pourquoi un 8 et non un 9? Le titre de Sega reste encore flatteur pour les yeux. Voilà un jeu de 2011 qui passerait toujours bien en 2020. Sa durée est plus que correcte avec plus de 80 défis répartis entre les deux Sonic. Il sait être parfois difficile vers la fin. Bref, sans aucun doute un grand Sonic, selon moi l'un meilleurs de la saga. Pourtant, il y a comme une flaque d'huile sur la course du hérisson bleu. Le mal se trouve sur la manette. Et plus précisément, sur la physique des Sonic. Le Classic est le plus maniable des deux, mais il reste concerné par ce problème. Un problème que j'ai moins ressenti sur les épisodes 128 bits. L'élan!

L'élan du héros vous mettra dans de beaux pétrins plus d'une fois. Sonic est un personnage tellement rapide que le stick dépendra de cette vitesse. Marcher est déjà plus rapide qu'un Mario ou un Yoshi. L'élan se déclenche après quelques demi-secondes de déplacement. Vous voudrez faire quelques pas à droite, mais l'élan sera imprévisible plus d'une fois. Tout dépend de plusieurs facteurs, dont les pentes, la force d'inclinaison du stick. Ensuite, Sonic Moderne donne l'étrange impression d'être LOURD. Les sauts des deux versions sont variables selon la pression de la touche de saut. C'est cool. Mais dans le cas du Moderne, il faut user de la Homing Attack pour faire de la plate-forme. Résultats? Un casse-tête. Cette attaque guidée m'a semblé plus courte que celles des jeux 128 bits, ce qui m'a directement dérouté. Aussi rapide qu'est Sonic, ses sauts sont lents et mal adaptés à de la plate-forme basée sur le réflexe. Le jeune Sonic s'en sort mieux, surtout grâce à ses techniques bonus tels que le double saut! Le hérisson n'a jamais autant été maniable. L'erreur récurrente qui vous arrivera sûrement est cette recherche de l'élan. Pas insurmontable mais tellement frustrant.

Maintenant, voici un problème qui vient directement toucher au coeur du titre. La vitesse elle-même. Primo, il m'est arrivé de provoquer quelques glitchs de caméra. Mon Sonic courrait si vite que la caméra n'arrivait plus à suivre! Chose souvent vue dans Speed Highway (Sonic Adventure 1). Le jeu devient alors injouable. Ces rares cas m'ont forcés à me coller aux barrières et à espérer atteindre l'anneau de fin. Ensuite, il faut noter que Sonic Generations est un jeu à maîtriser sur le temps. Lorsque vous tomberez sur des tunnels qui bloquent le passage, il faudra apprendre à s'accroupir en vitesse. Les premiers essais seront sûrement ratés. Quelle serait la pire idée à mettre dans un jeu aussi rapide que Sonic? Des textes écrits! Bon, il y en a toujours eu. Mais qui a réussit à comprendre du premier coup comment vaincre Shadow ou Silver? Shadow d'ailleurs, un combat mémorable. La mise en scène est dix sur dix. Mais le moyen d'atteindre Shadow n'a rien à voir avec le fight d'Adventure 2. Comment peut-on fixer le parcours de Sonic et lire en même temps les consignes à l'écran? Omochao putain, mais quel déchet. Le concurrent direct à Big the Cat pour le pire personnage de l'univers Sonic. Quelques mots sur les boss : vous affronterez 3 rivaux et 3 gros boss. Le premier rival est limpide et clair, aussi kiffant à affronter que l'original sur Sonic CD. Les deux autres seront moins facile à percer à cause de ces putains d'explications parfois peu évidentes. Quant aux gros vilains, tous sont vraiment réussis, surtout celui tiré de Sonic Adventure 1. Le redesign de la façon de les affronter est juste et peut surprendre. J'ai oublié de le mentionner, mais la mise en scène est de haute volée. Par contre, le boss final est l'un pire que j'ai eu à affronter de toute ma vie de gamer. Super Sonic (comme le veut la tradition) est injouable, les gimmicks du combat sont casse-boules, et l'on pige à moitié quoi faire! Ah, mais le coup final est stylé.

Et comment ne pas parler de Sonic sans mentionner la musique. Absolument rien de mauvais ne me vient à l'esprit. Sonic étant réputé pour ses grandes soundtracks, y compris dans ses pires jeux (Sonic 06!). Merde, et il est possible de débloquer plus de 50 pistes tirées de plus de 10 jeux! Et je ne parle même pas des remixes de base qui sont justes parfaits (City Escape Classic!)! Gros coup de coeur pour la possibilité de lancer n'importe quelle musique pour tout niveau.

Live and Learn sur Green Hill ou le combat contre Shadow!
https://www.youtube.com/watch?v=3gPBmDptqlQ

His World sur Rooftop Run et contre Silver!
https://www.youtube.com/watch?v=BWWfjK0v8eM

Un-gravityfy sur Crisis City!
https://www.youtube.com/watch?v=2HTs2n0q-RA

Open Your Heart contre le boss final!
https://www.youtube.com/watch?v=1gb_42k30YE

Et Sonic Boom sur Speed Highway Classic!
https://www.youtube.com/watch?v=nnVboYhEe5Q

Sonic Generations est imparfait, mais il a tant de qualités qu'il mérite de lui donner sa chance. Souvent considéré comme l'un des meilleurs Sonic à ce jour, à coup sûr dans le top 5 des meilleurs Modernes, ce titre m'a rappelé mon amour pour l'hérisson de Sega, un sentiment dont le temps a su ternir. Il ne plaira pas à tout le monde, mais jamais on ne dira de lui d'être un mauvais jeu. N'oubliez pas, un Sonic devient véritablement meilleur qu'après le premier run.