Sonic Generations
6.9
Sonic Generations

Jeu de Sonic Team et Sega (2011PlayStation 3)

On attend toujours avec fébrilité un nouveau Sonic en sachant très bien que notre enthousiasme risque le plus souvent de tomber à plat. Mais pas ici, pas aujourd'hui et surtout pas pour les 20 ans du plus craquant des hérissons.

Mes angoisses se sont taries à la lecture des autres tests de ce nouvel opus, mais j'ai réellement été libéré quand, dès la première seconde, j'ai constaté que la nouvelle équipe en charge de la franchise (et cela depuis Sonic 4) avait su retranscrire l'identité des jeux Sonic d'antan. Mais avouons que le concept même d'un Sonic est confus. En effet, le principe de la licence est trouble, c'est une sorte de die and retry, mais pas trop. Moins abrupte que pour un Super Meat Boy (pour rester dans du contemporain), on ne recommence pas dans l'instant après une erreur, mais on apprend pour ne plus en commettre au prochain essai. S'il fallait résumer en un mot l'essence de la saga je dirais : fluidité. Dans un Sonic, le plaisir de jeu est à son paroxysme quand le déroulé du niveau est propre, sans saccades, ni heurt. Ainsi, la vitesse commencera à grimper et l'avancée du hérisson se fera fulgurante. C'est par la persévérance qu'on parviendra à l'effet escompté : connaitre l'emplacement des embuches et les pattern des ennemis. Contrairement à se qu'on pense, un Sonic n'est pas un jeu qui se fait d'un trait. Sonic Générations reprend à merveille cette définition, néanmoins, pour l'apprécier il vous faudra accepter l'approche que Sega a de la plate-forme (mais nous y reviendrons).

Alternant progression en 2D classique et 3D pétillante, Sonic Generations est un hommage des gloires passées de l'icône de Sega. Le jeu reste humble, ce que certaines anciennes itérations n'avaient su être. C'est un peu ma vieille rengaine, mais je trouve qu'il n'est pas obligatoire de multiplier les features ou de complexifier le gameplay, pour faire un titre moderne. Grief qu'on peut malheureusement imputer à toute la frange des nouveaux Sonic depuis le volet Heroes. Dans ce nouveau chapitre, on incarne seulement Sonic, pas de version Garou (Unleashed), Dark en roller (Shadow) ou aux pouvoirs télékinésiques (Silver) pour gâcher un ravissement simple. Sonic Generations bonifie l'expérience par petites retouches. Les situations s'avèrent variés et les à-côtés sont assez nombreux. Ainsi, les défis proposés à la fin de chaque section (chacune d'elle comprend trois niveaux) précisent le gameplay, en recentrant, le temps d'un petit challenge, l'attention du joueur sur un point en particulier. Ça ne redéfinie pas les règles, mais ça les expose clairement. Obligatoire pour poursuivre la quête principale, ces défis se laisseront aller à quelques fantaisies en propulsant Sonic dans un engin ou en le plaçant aux côtés d'un personnage secondaire comme Rouge ou Knuckles.

Comprendre le gameplay d'un Sonic, sa définition en quelque sorte, m'a semblé un enjeu important pour ce Sonic Generations. Avec le recul, je peux comprendre que cette structure singulière soit difficile à percevoir. Rappelez-vous il y a 20 ans : deux clans s'affrontaient, deux religions même ! Croire en Nintendo ou en Sega, en Mario ou en Sonic n'était pas des questions, mais des évidences. Ces sortes de dogme nous ont été imposé par nos parents en nous achetant l'une ou l'autre des consoles de l'époque. Ces entités supérieures ont, sans le savoir, influencé notre perception de tout un pan d'une industrie. Rien que ça ! En effet, le concept d'un Sonic est complexe à cerner pour ceux qui n'ont pas été élevé aux embardés vertigineuses et aux sauts à l'inertie si particulière du héros épineux. Ceux qui n'ont pas mangé du Sonic au petit déj' et au goûter restent le plus souvent circonspect devant cette interprétation de la plate-forme. Car c'est bien de ce que l'on parle : une interprétation. Juxtaposer la vitesse, l'adresse et la récolte d'objet (ici des anneaux) n'est pour le Sega de 1991 que sa définition, sa vision et sa proposition du genre. Un amalgame qui est très obscur pour les joueurs de plate-forme plus "classique", ces derniers se demandant sans cesse s'il doivent aller vite, explorer ou faire les deux en même temps. En confondant des notions contradictoires la franchise Sonic allait se couper de tout un auditoire élevé à d'autres coutumes.

Si les premiers Sonic sont unanimement reconnus, la suite a clairement divisé. Malheureusement, ce Sonic Generations souffre des mêmes problèmes de finition que ses récents prédécesseurs. Sans être injouable, certains passages avec le Sonic des années 2000 vont vous faire rager. Globalement, le jeu est moins propre, moins bien fini et moins précis qu'un Mario. La rivalité historique des deux icônes nous forcent inconsciemment à les comparer. Alors que le plombier de Nintendo a su maintenir un standard de qualité élevé, la licence Sonic est tombée dans la médiocrité. Pour Sonic Générations, la mascotte de Sega accuse encore la comparaison et propose encore une fois un jeu avec des travers sur des éléments fondamentaux comme la précision des commandes, de la caméra et plus particulièrement des sauts.

Parmi toutes les cordes tirées, celle qui émoustille le plus notre fibre nostalgique est celle des musiques et des sons. Le bruit de saut du petit Sonic et la mélodie prévenant du manque d'air du héros quand il se trouve sous l'eau sont parvenus en une seconde à me faire voyager dans le temps. Notre sens auditif est ravi, mais le touché n'est pas en reste. On retrouve avec émotion les embranchements cachés au sein d'un même niveau et les poussés d'adrénaline au moment où notre vision s'altère à cause de la vitesse qui monte, qui monte, qui monte ! C'est quand on est à la lisière de la perte de contrôle, quand on se demande si un ennemi va nous percuter, mais qu'on poursuit malgré tout notre course folle, qu'on embrasse la quintessence d'un Sonic. Enfin, il très agréable de voir les vieux niveaux à la sauce next gen, et inversement. On redécouvre la franchise sous de nouveaux angles et de nouvelles dimensions.

Sega signe un bon Sonic, mais encore une fois, c'est dans la nostalgie et la célébration que le héros brille. J'aimerais que la mascotte, devenue mal aimée, se distingue par un vrai succès actuel. À croire que les qualités de la saga résident uniquement dans le passé. Des dires de Takashi Izuka (nouveau responsable de la licence, mais ayant aussi travaillé sur les anciens épisodes), Sonic a longtemps été balloté entre plusieurs équipes distinctes, qui faisaient tout et n'importe quoi avec l'icône de la marque. Son désir est à présent de recentrer les productions sous une même direction. Depuis Sonic 4 on entrevoit ces aspirations et on s'en réjouit. Sonic Generations célèbre un joli événement et il le fait d'une bien bel manière. Joyeux anniversaire Sonic et bravo pour ta carrière.
Med
8
Écrit par

Créée

le 17 nov. 2011

Critique lue 587 fois

6 j'aime

Mehdi El Kanafi

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