Marathom Clancy : 5/8
Double Agent a divisé les fans de la série, mais ça n'allait pas arrêter les têtes pensantes d'Ubisoft. L'éditeur breton souhaite donc continuer sur sa lancée et insiste pour avoir son Splinter Cell annuel en 2007. Sauf que la première démo du jeu refroidit tout le monde, et Ubi Montréal est gentiment prié de revoir sa copie, ce qui entraînera un report du jeu de près de 3 ans !
Ce n'est donc qu'en 2010 que Fisher reprendra du service, dans un jeu qui n'a plus vraiment grand-chose à voir avec la licence.
Car, si Conviction est dans la lignée scénaristique de l'épisode précédent, il repense totalement son gameplay et s'éloigne beaucoup du genre infiltration, au point de n'en faire qu'un gimmick assez pauvre. Gestion de la luminosité réduite au strict minimum, gestion du bruit absente, mini-jeux de hacking/crochetage supprimés, lunettes infrarouges qui n'arrivent que très tard dans l'aventure, et surtout, beaucoup de munitions.
Eh oui, Splinter Cell Conviction se rapproche davantage d'un TPS "à spectacle", à la Uncharted ou TLOU. On le remarque avec le très grand nombre d'ennemis dans chaque niveau, mais aussi avec une des nouvelles mécaniques du titre, qui propose de verrouiller jusqu'à 4 ennemis pour pouvoir tous les one-shot dans une cinématique. C'est une attaque qui n'est pas très dure à placer et qui fait bien le ménage, ce qui la rend plutôt cool, même si on n'a vraiment plus l'impression de jouer à un Splinter Cell.
En tant que TPS, j'ai envie de dire que le jeu fait le taff, mais qu'il est très impersonnel (comme beaucoup de titres du genre, à mon goût). C'est fonctionnel, la mise en scène est correcte, au service du scénario, mais il n'y a rien qui ait déjà été vu ou revu 100 fois ailleurs, surtout sur cette génération de consoles.
C'est d'autant plus décevant que certains niveaux donnent vraiment l'impression d'avoir été pensés à une période où le jeu devait être plus orienté infiltration, comme l'espionnage des bureaux d'Echelon 3. Mais on passe bien plus de temps à tirer sur tout ce qui bouge qu'à se cacher dans la pénombre ou éviter des caméras. De plus, l'absence d'un quelconque système de scoring ou de statistiques, comme dans les opus précédents, rend totalement ridicule l'idée même de refaire une partie puisqu'il n'y a aucune carotte pour vous y motiver. Une honte, surtout après Double Agent qui proposait plusieurs fins différentes.
Déception accentuée par le fait que le scénario soit un peu plus intéressant que la moyenne de la série. Fisher apprend que la mort de sa fille, survenue dans Double Agent mais très peu exploitée, était en réalité un mensonge et il est contraint par une ancienne collègue d'enquêter sur une machination s'il veut la revoir. C'est une intrigue plus personnelle pour Sam, loin de la géopolitique niveau bac à sable des premiers opus, et qui m'a assez plu (même si la série retombe dans ces travers plus tard dans le scénario). Fisher est d'ailleurs plus violent et moins sarcastique que dans les aventures précédentes, comme le montrent certains passages où il tabasse violemment des gens pour les faire parler, renforçant le côté sombre de l'atmosphère et du personnage.
Un passage qui m'a vraiment marqué est un flashback qui se déroule pendant la guerre d'Irak (celle de Bush senior, pas celle du mangeur de bretzels), où on pense incarner Sam pendant tout le niveau. Sauf qu'on découvre à la toute fin que Sam était prisonnier pendant cette période, et qu'on incarnait un de ses potes chargé de le libérer. C'est un mini-twist qui n'a aucun impact sur le scénario, mais il est très bien amené et j'avoue que mon cerveau a bugué lorsque j'ai pénétré dans la cellule pour sauver ce qui était censé être mon avatar.
Mentionnons également rapidement que la dernière mission se déroule dans la Maison Blanche, ce qui fait que les 3 séries d'infiltration que j'ai faites ont toutes un épisode où l'on visite ce bâtiment. Puisqu'elle n'apparaît que dans une cinématique dans MGS3 et que Conviction n'est plus vraiment un jeu d'infiltration, seul Hitman 4 offre une expérience vraiment satisfaisante dans le bureau ovale. Vivement qu'un jeu ait les couilles de nous faire visiter l'Elysée pour retrouver des dossiers contenant la liste des morts de Mitterrand, les avoirs de Kadhafi ou la sex-tape de Manu et Jean-Michel !
Je conclus cette critique pour mentionner rapidement mon expérience avec la version PC du jeu. Ubisoft a eu la brillante idée de lier cette version à leurs services en ligne, même quand on joue en solo, ce qui fait que j'ai été incapable de lancer le jeu pendant plusieurs jours à cause d'un problème de serveurs.
Même une fois lancé, le jeu ne reconnaissait pas ma manette. Et une fois qu'il l'a reconnue, après moults essais et redémarrages, j'ai découvert qu'il était impossible de modifier l'affichage du jeu sans mods et qu'il fallait donc subir l'affichage en 4:3 avec de belles bandes noires sur les côtés de mon écran. Tout cela était fort désagréable, il semblerait que la version 360 soit mieux lotie, donc tenez-vous éloigné de la version PC… A moins que vous ne soyez joueur Sony ou Nintendo, puisque cet épisode n'est jamais sorti sur les plateformes de ces constructeurs, pour une raison obscure. Merci Ubi !
Splinter Cell Conviction a quelques bonnes idées, mais est tellement éloigné de l'esprit de sa franchise que j'ai vraiment du mal à le considérer comme un épisode de la même série. C'est le jeu le moins populaire auprès des fans, ce qui est tout à fait compréhensible, bien qu'à titre personnel je préfère un jeu d'action générique mais fonctionnel à un jeu d'infiltration injuste et illisible, comme pouvaient l'être Splinter Cell 1 et Pandora Tomorrow.