Marathom Clancy : 4/8
Double Agent est un épisode un peu à part dans la série, dans le sens où deux versions différentes ont été produites en parallèle. La première à destination des PC et consoles HD, la seconde pour les machines de la génération précédente et la Wii.
(Les fans hardcores vous diront probablement que les trois premiers Splinter Cell ont aussi des versions différentes selon qu'on y joue sur Xbox/PC ou sur GC/PS2, mais il y a une part d'exagération dans cette affirmation)
Qui dit deux versions dit deux studios de développement, et tandis qu'Ubisoft Shanghai s'occupait du titre sur consoles HD, Ubi Montréal reprenait les bases de Chaos Theory pour bricoler une aventure distincte sur les plate-formes moins puissantes.
Niveau scénario, je trouve qu'il s'agit du meilleur jeu de la série, non pas grâce à son antagoniste ou ses personnages secondaires (toujours aussi peu marquants), mais parce qu'il a une idée brillante et qu'on retrouve dans le titre : Fisher est désormais un agent double. Envoyé par la NSA pour enquêter sur des terroristes, ses actions (donc les nôtres) influenceront ses relations avec les deux parties auxquelles il a prêté allégeance, pouvant aller jusqu'à la trahison de son pays (mais perso, je suis resté fidèle à l'Oncle Sam, make America great again, tout ça tout ça...).
Dans les faits, ça n'influence pas énormément la narration (en-dehors de la cinématique qui défile pendant les crédits du jeu), mais c'est une idée plutôt rafraîchissante et qui aurait mérité d'être réutilisée dans les suites. Disons que ça influence surtout le gameplay, puisque chaque camp nous fournit plusieurs missions dans chaque niveau et qu'on peut donc décider de notre allégeance en exécutant celles-ci, ou au contraire en les ignorant ou en les foirant.
Seule ombre au tableau : on nous annonce d'entrée de jeu la mort de la fille de Sam (apparue dans Splinter Cell 1 mais à peine mentionnée depuis), qui supposément plonge notre héros en dépression, mais ça n'est jamais vraiment montré ou même redit après la cinématique qui nous l'apprend. C'est un moyen assez léger d'ajouter du drama à l'intrigue, et qui se retrouve très mal exploité. D'ailleurs, ne vous inquiétez pas pour Sam, il ira fricoter avec une terroriste de l'âge de sa fille pendant son infiltration, tout baigne !
Niveau gameplay, on retrouve une prise en main et des mécaniques similaires à Chaos Theory, pour moi c'est du tout bon. Il y a d'ailleurs très peu de changements notables…
Mais ça, c'est ce que j'aurais dit si je n'avais pas joué à la version Wii ! Etant sorti un mois après la console, ce portage a un peu essuyé les plâtres du motion gaming, mais s'en sort tout de même avec les honneurs. Ca va de l'implémentation parfaitement intuitive (la visée) au truc casse-couille où tu ressens le manque de boutons sur la manette (se plaquer au mur nécessite d'incliner le Nunchuk, ce qui ne se fait jamais quand on en a besoin), en passant par le gadget inutile (le mini-jeu de crochetage qu'on fait en tournant la Wiimote). Le plus gros souci est que la gestion de la caméra se fait en pointant l'écran, ce qui signifie qu'il va falloir jouer avec la Wiimote parfaitement droite sous peine d'avoir une caméra qui vole partout. Chiant au début, je me suis finalement habitué et j'ai pu profiter du jeu sans trop de souci.
Je note au passage que les temps de chargement sont bien plus courts que sur GameCube, ce qui fait vraiment du bien ! Ca gâchait le plaisir dans les précédents jeux (enfin, surtout dans Chaos Theory, vu que je ne peux pas parler de plaisir pour les deux autres).
Graphiquement par contre, je le trouve un peu plus laid que son prédécesseur. Peut-être est-ce parce que je joue sur Wii U et sur grand écran, mais les personnages et décors étaient souvent pixellisés, c'était très désagréable à regarder.
Les décors sont en revanche beaucoup moins sombres que dans les précédents jeux, ce qui fait que je n'ai quasiment jamais utilisé les lunettes de vision nocturne, objets pourtant iconiques de la série et que j'équipais quasiment en permanence dans les premiers épisodes. Je ne vais pas me plaindre d'avoir pour une fois vu quelque chose dans des conditions normales, mais ça me manque quand même un peu !
Enfin, le jeu a une durée de vie dans la moyenne de la série (9 missions), même si je trouve les missions un peu plus courtes en général, la faute à un level-design moins ouvert que Chaos Theory. C'est néanmoins relativement excusable vu que Double Agent incite à refaire le jeu plusieurs fois pour voir les différentes conséquences qu'entraînent nos choix, et si des maps plus ouvertes auraient certainement fait des revisites des missions des moments plus amusants, on a déjà suffisamment de raisons d'y revenir.
C'est juste dommage que deux missions recyclent l'exact même lieu, ça sent un peu la réutilisation d'assets à l'arrache en fin de développement.
Double Agent est une bonne distraction, et même une bonne surprise pour ma part, vu que les avis sur la série après Chaos Theory sont plus que mitigés. J'ai retrouvé quasiment tout ce qui m'avait plus dans le précédent titre, avec un assez chouette concept d'agent double qui, à défaut d'être parfaitement exploité, est plutôt sympa. Dommage que le level-design laisse un peu moins de libertés au joueur, je l'aurais probablement désigné comme mon épisode préféré sans ça.
Je n'irais peut-être pas jusqu'à vous recommander ce portage Wii, mais puisque c'est un des rares jeux du genre sur ce support…