Jedi Academy, c’est un peu la dernière convulsion commerciale de la saga Jedi Knight, peut-être révolutionnaire en 1995 (Dark Forces), mais complètement dépassée en 2003. Le jeu étonne avec sa maniabilité mauvaise, ses textures grossières, et laisse en bouche un arrière-goût de bâclé.
La campagne solo est une purge à elle seule : personnages secondaires falots (Rosh...), copié-collé de séquences entières du film (Luke Skywalker, Chewbacca sur Tatooine...), et les ennemis ne sont pas mieux lotis (une méchante en bikini et un combat final contre Casper le fantôme). Les niveaux sont laids, les textures à la va-vite amènent des bugs en série, et le chemin à suivre est tellement imprécis qu’on a l’impression permanente de devoir exploiter des bugs graphiques pour progresser (sauts improbables, rebonds sur des bordures invisibles). Un ou deux niveaux présentent malgré tout des idées assez bonnes, dommages qu’elles soient clairement anecdotiques (le Rancor mutant sur Tanaab, le sauvetage marchand de Blenjeel et son bon gameplay de plateforme, l'évasion de la prison sur Dosuun).
L’intrigue souffre de son côté d’un énorme manque d’audace : les scénaristes ont situé l’action après Le Retour du Jedi, mais n’ont pas osé introduire d’éléments nouveaux dans l’univers, ce qui aboutit à une traque des restes de l’Empire déjà vaincu... absolument sans saveur. La volonté d’une fin ouverte à deux possibilités (Lumineux/Obscur) aurait pu être bonne, si elle n’avait pas été exploitée avec d’aussi grosses ficelles. Sorti en 2003, Jedi Academy est renvoyé aux oubliettes dès l’année suivante, lorsque KotOR (2004) introduit une véritable intrigue avec de nombreuses fins alternatives : la licence Jedi Knight semble aussitôt vieillir de cinq ans.
Jedi Academy ne vaut que pour deux points : le multijoueur d’un côté, de l’autre les possibilités délirantes de la console de triche. Quelques mods ont aussi un peu corrigé le tir. Malgré ces bons points à la périphérie, le cœur du jeu, lui, le matériau central, est incontestablement bâclé.
Une grosse déception pour cette fin de licence, certainement pas le digne successeur de Jedi Knight II.