Bien qu’aussi culte que son prédécesseur, ce deuxième opus souffre d’une réputation un brin moins favorable. D’aucuns prétendaient que le jeu était « incomplet » et « bâclé », ce qui expliquerait il est sorti à peine plus d’un an après le premier. Je l’ai néanmoins attaqué sans appréhension, confiant vis-à-vis des développeurs de nous plonger dans les profondeurs de la Vieille République.


Ce qui frappe d’emblée, c’est à quel point est à la fois si identique et si différent. Identique car le moteur graphique reste le même, quoique plus soignée, là où Mass Effect et Dragon Age deuxième du nom se targuait d’une amélioration visuelle complète. Identique car nous jouons toujours au pazaak (mieux conçu) et participons toujours à des courses. Identique car le gameplay est similaire, toujours ce système de semi tour à tour, même s’il a été un peu fluidifié et qu’il souffre de moins de bugs, rendant l’expérience plus agréable. Identique car nous visitons parfois des mêmes planètes que le premier, tels Dantooine et Korriban, bien que cela soit habilement mené par le scénario et que le passage des années les ait changées. Identique car nous naviguons toujours à bord de l’Ebon Hawk, avec certains compagnons en commun, comme T3-M4 et HK-47. Identique car nous incarnons toujours un jedi… Mais là repose toute la distinction.


Après avoir listé ces traits, je vais à présent m’attarder sur les différences. Déjà j’ai attribué 8 à ce jeu, soit la même note que le premier, ce alors que certains aspects m’ont un peu déçu. Je crois que la plus grande faiblesse de ce jeu sont les compagnons. Et c’est vraiment dommage car cela démarrait très bien : dans le premier, presque la totalité appartenait « au camp de bien ». Ici, la possibilité de les influencer rend le jeu plus sombre et ces compagnons moins « gentils ». Ainsi nous accompagne Atton, un pilote trahi par la République qui s’est complait dans la torture et le meurtre des jedis, Visas, une assassin sith qui se soumet à la volonté du protagoniste, Hanharr, un mercenaire wookie qui hait les jedis aussi et qui a massacré sa propre tribu pour les protéger d’eux, je crois que je n’ai jamais vu de compagnons aussi sombres dans une histoire Star Wars ! Sans oublier de mentionner Kreia, à l’origine d’un twist prenant, probablement l’un des personnages les plus mystérieux et les mieux écrits de ces jeux. En fait, seuls Bao-Dur et Mical peuvent se targuer d’être du côté du bien, même si ce dernier est également influençable.


Alors pourquoi, malgré tous ces points prometteurs, je classe les compagnons comme un point négatif du jeu ? Pour deux principales raisons. La première est que nous avons des compagnons différents selon notre alignement (Mira/Hanharr) et selon le genre de notre personnage (Micah/Brianna). Certes cela offre de la rejouabilité mais comme Mira apparaît également dans la partie, c’est un peu frustrant de ne pas avoir un personnage prometteur dans son équipe. Le second défaut, et de fait le plus important, est la rareté des interactions avec eux. Les « dialogues aléatoires » lors des retours vaisseaux sont prenants, mais hormis Visas, Atton, et forcément Kreia, les autres compagnons se révèlent tristement secondaires, l’absence de « mission de loyauté » n’aide pas non plus. Là je comprends pourquoi certains qualifiaient le jeu « d’incomplet », alors qu’au contraire tout le reste est très abouti.


En cela réside la qualité incroyable de ce second opus : son scénario. En quelques mots (je spoile un peu mais le jeu a quinze ans), nous incarnons un (une dans mon cas) jedi exilée par le Conseil après avoir participé aux Guerres Mandaloriennes aux côtés de Revan. Ledit personnage est alors de retour dans un contexte où jedis et sith se sont raréfiés, et il devra se trouver tout en « reprenant contact avec la force ».


Lorsque j’évoquais la face « sombre » du jeu, je pense que c’est justement appuyé par mon choix de suivre le côté obscur. J’ai joué en pragmatique en Mass Effect, mais je ne me souvenais pas qu’on pouvait tuer autant d’innocents sans remords. Mon choix après tout, le jeu l’a vraiment assumé, si bien que je culpabilisais presque à de nombreux passages.
C’est précisément le point d’accroche : Kotor 2 explore la mythologie Star W
ars selon un angle rarement exploité avant (et après). Jamais les jedis n’ont paru aussi ingrats et hypocrites, sans que les sith soient glorifiés pour autant. Cette voie alternative, ce déclin d’un univers en proie à la guerre (bon on sait qu’il sera encore vivant 4000 ans après) motive une quête éloignée de la « noble quête de héros » que l’on retrouve souvent dans Star Wars. Il est « jouissif » de traquer les jedis afin de mieux percevoir leurs défauts, grâce à des personnages intriguants et des dialogues aux petits oignons. La comparaison pourrait être faite avec Anakin succombant au côté obscur (ce qui ne serait pas une coïncidence vu que le jeu est sorti la même année), mais le jeu va encore plus loin. Sa mise en scène est immersive pour un jeu de cette époque, très focalisée sur son histoire fascinante, très peu jalonnée de quêtes secondaires.


Je regrette juste que le concept ne soit pas poussé jusqu’au bout. Il manque un véritable épilogue illustrant les conséquences de nos choix… Serait-ce la raison pour laquelle il n’y a pas eu de Kotor 3 ? En tout cas, l’expérience Kotor m’a énormément plu, et ils s’inscrivent indubitablement parmi mes RPG favoris.

Saidor
8
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le 1 mars 2020

Critique lue 112 fois

Saidor

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