Putain, douze ans ! Douze ans que les fans de Starcraft attendent le messie. En 2010, des millions de fans sont encore scotchés à Brood War. Blizzard a été cruel en nous faisant attendre si longtemps, mais c'est un peu leur marque de fabrique, les fans de Diablo seront à peine mieux lotis d'ici quelques temps. Heureusement que le studio américain ne nous a pas fait le coup de son comparse 3D Realms et son célèbre Duke Nukem. Mais le voilà, à peine Starcraft II : Wings of Liberty est sorti que les joueurs sont retournés dans leur grotte, le saint graal à la main. En douze ans, il s'en est passé des choses, les mains crochues de Robert 'Bobby' Kotick ont empoignées Blizzard et il est le probable responsable du trio de jeux Starcraft II qui nous attend. Pourtant, en douze ans, Starcraft, lui, n'a pas pris une ride. Si Battle.net a vécu une inéluctable refonte, Starcraft II se place dans la continuité de Starcraft, conservant les rouages bien huilés de son aîné. Le soft innove peu, allant presque à s'apparenter à un Starcraft HD. Mais pourquoi changer une recette qui marche ?

Se faire pardonner


Starcraft II : Wings of Liberty se contente d'une seule campagne, celle des Terran. Au prix de 60 euros, les joueurs se sont sentis lésés par le studio, voyant pointer les deux prochaines « extensions » qui contiendront chacune une campagne : Zerg et Protoss. Et dont le prix reste encore flou. Pour se faire pardonner, Blizzard a porté une attention toute particulière à cette campagne où l'on retrouve Jim Raynor. Et cette campagne commence dès l'installation du jeu, 10Go durant lesquelles nous découvrons le prologue de la campagne sous la forme d'une série d'illustrations. Nous rafraîchir la mémoire après douze ans, c'est une bonne idée car les protagonistes n'ont pas changé. L'ex-marshal est bien décidé à renverser le Dominion avec l'aide des rebelles. Il est confronté à Arcturus Mengsk, souvenez-vous, il avait abandonné Sarah Kerrigan, l'amour de Raynor, aux mains des Zergs. L'Overmind avait alors décidé de l'infester, elle devint la Reine des Lames. Raynor s'est juré de la tuer tandis que Kerrigan a pour seule ambition de poursuivre l'expansion de l'Essaim.


L'installation terminée, c'est ce trio de personnages qui est exploité durant la campagne Terran qui comporte 26 missions dont certaines ressembleront nettement à celles de Starcraft premier du nom (ça reste un STR) et d'autres vous demanderont de choisir votre camp (soit 29 missions en réalité). Les adeptes des Protoss ne sont pas pour autant oubliés et pourront jouer avec leur race fétiche pour trois missions dans la peau de Zeratul. Le scénario est de bonne facture et il n'y a bien que le background de Dawn of War qui pourrait le mettre à mal. On ne fait pas qu'enchaîner les missions, comme pour de nombreux jeux aujourd'hui, vous pourrez choisir entre différentes missions. Cela se passe dans un Cuirassé où Jim Raynor évacue à la fin de chaque niveau. Un vaisseau séparé en quatre salles et autant d'écrans interactifs dans lesquels vous choisirez donc vos missions, discuterez avec les différents protagonistes de cette campagne, engagerez des mercenaires pour la mission suivante moyennant ressources et regarderez les infos relatant vos faits. Vous upgraderez vos unités dans l'armurerie et les recherches faites dans le laboratoire grâce aux points douloureusement acquis par l'accomplissement d'objectifs secondaires permettront l'accès à de nouvelles unités. Certaines sont disponibles en multi, d'autres, un poil déséquilibré comme le Prédateur seront justement utiles à la campagne. Outre les unités, de nouvelles actions seront accessibles, par exemple, le soutien orbital connu des joueurs de DoW qui permet d'envoyer vos troupes dans des capsules de débarquement, permettant ainsi de surprendre l'ennemi.


Tout au long de la partie, vous serez mis sous pression, une ambiance épique viendra titiller vos sentiments. Il faudra gérer plusieurs points stratégiques sur la carte vous obligeant constamment à suivre tout ce qu'il se passe, outre les objectifs de la mission, le cycle jour/nuit sera l'occasion d'une sympathique mission. Comme s'il fallait nous immerger davantage, la finition est exemplaire, le joueur a droit à une cinématique entre chaque mission. Si ces cinématiques ont profité d'un fignolage pour la langue française, en VO, c'est encore mieux. En fait, il n'y a bien que les briefings des missions qui ont tendance à trop en dire sur la mission à venir à tel point que les hypothèses du joueur quant au déroulement de l'histoire s'avère systématiquement juste. Malgré cela, les peurs des joueurs sont progressivement estompées, Starcraft II : Wings of Liberty ne nous vole pas sur la marchandise.
Starcraft V2

Les mécaniques de Starcraft II ne bouge pas d'un iota. Une macro gestion prépondérante avec une dose de micro gestion qui conserve le nerf de la guerre : la récolte de minerai et de gaz Vespène comme à l'époque. La partie consiste donc toujours à aller le plus vite possible sans rater la synchronisation entre entrée et sortie de ressources. Pour cela, les développeurs nous ont facilité la tâche puisqu'il est désormais possible de sélectionner plusieurs bâtiments du même type pour lancer une ligne de fabrication qui sera alors répartie de manière homogène sur les différents bâtiments sélectionnés (le nombre d'APM est naturellement réduit). Les adeptes de SupCom ne seront pas dépaysés par cette nouveauté. D'ailleurs, la comparaison peut aller un peu plus loin puisque les bâtiments Terran peuvent se voir octroyer des extensions permettant par exemple une production plus performante ou des troupes plus compétentes.

Starcraft II ne réinvente pas le STR puisque les rush et les attaques massives sont toujours le fer de lance du soft. Néanmoins, Starcraft est génial par son triangle racial. Un triangle éprouvé par de nombreux STR (SupCom en tête, DoW avant extension). Terran, Zerg et Protoss adoptent chacun leur stratégie, une stratégie qui doit s'adapter à son adversaire. Cependant, si les Terran gardent leur réputation de défenseur de l'extrême, les Zerg, leur capacité à submerger l'ennemi rapidement et les Protoss, leur implacable puissance, le joueur va devoir repenser ses stratégies d'antan. L'arrivée de nouvelles unités y est pour beaucoup, surtout qu'elles débarquent en grand nombre, et pourtant, l'équilibre est respecté. Les Zerg pourront réadapter leurs défenses en redéployant ses tourelles, ils obtiennent des bonus lorsqu'ils se battent sur leur creep. Souvent, les nouveautés apparaissent sous la forme d'amélioration permettant par exemple de rendre une unité invisible, de se téléporter ou d'augmenter ses caractéristiques. Dans le genre, on reste loin d'un SupCom, Starcraft II joue surtout sur le choix joueurs dans la fabrication des troupes plus ou moins efficaces selon les ennemis qui leur font face.

Un multi qui transcende le solo

La grande force de Starcraft II reste son multijoueurs. Aidé par un Battle.net relooké, son interface élégante permet de lancer une partie solo ou multi d'un simple clic, il jouera aussi le rôle de médiathèque où vous trouverez les arbres technologiques de chaque race, des tutoriels vidéos et vos propres replays qui seront l'occasion de connaître votre nombre moyen d'APM durant vos parties. Dans l'air du temps, une partie des atouts de Battle.net se trouve dans les fonctionnalités sociales qui rappelle le précurseur Steam : chat, messagerie, liste d'amis qui facilite les RDV online. Votre profil jouera alors le rôle de vitrine où vos stats et vos haut-faits débloqués seront visibles, votre classement dans les leagues sera également affiché. Battle.net est le centre névralgique de Starcraft, vos sauvegardes seront envoyées par Battle.net sur ses serveurs pour vous permettre l'accès à votre progression sur n'importe quel ordinateur.

Au fil du temps, les joueurs vont être progressivement répartis dans les différentes leagues. Ainsi, le joueur pourra jouer avec des adversaires de son niveau, exit alors la frustration des premières parties où le néophyte est rapidement balayé par les plus expérimentés. Néanmoins, on progresse plus rapidement aux côtés des grands joueurs, il est donc évidemment possible de rencontrer plus fort que soit. Il s'agit simplement de nous situer par rapport à nos adversaires. Les parties multi sont salvatrices et les souvenirs de Starcraft premier du nom remonte à la surface comme une stripteaseuse pourrait sortir d'un gâteau.
Le plus gros défaut du jeu est l'absence de LAN, impossible de jouer avec ses amis dans une même salle sans passer par Internet. Une triste conséquence du conflit avec KeSPA mais aussi, se murmure-t-il, d'une lutte contre le piratage (le multi suffit pourtant à lutter contre ce piratage). Néanmoins, c'est une déception évidente pour les joueurs de la première heure qui ont pratiqué et pratiquent encore fréquemment des LAN avec ces jeux de la décennie précédente (Starcraft, AoE, UT, Quake...). Espérons seulement une tournure différente dans les prochaines années. Nous pouvons parler d'années sans inquiétude car le boîtier de Starcraft II va rester longtemps sur le dessus de votre unité centrale avant de rejoindre la bibliothèque poussiéreuse.

Conclusions

Starcraft II : Wings of Liberty mérite sa place sur le piédestal, à l'image de sa sortie carrément dantesque. Un excellent jeu de stratégie qui mise beaucoup sur la fluidité des gestes du joueur, de son organisation et de ses choix tactiques. Il s'agit surtout d'une remise au goût du jour graphiquement, si c'est indéniable vis-à-vis de son grand frère, ça l'est moins par rapport à la concurrence. Wings of Liberty n'est pas le champion graphique mais il profite néanmoins d'une touche graphique propre au studio, une touche Warcraftienne qui plaira ou non, elle a au moins le mérite d'être différente de la concurrence et de pouvoir tourner sur une configuration modeste.

Starcraft HD, Starcraft V2, Starcraft 1/3, ce Starcraft II va être affublé de nombreux noms plus ou moins éloquents, des termes plus ou moins vrais. En effet, Starcraft II innove peu dans son domaine, c'est pourquoi l'aspect graphique a été très largement mis en avant, il a la volonté de nous faire vendre le jeu en trois parties dont ce Wings of Liberty à 60 euros. Mais c'est oublier le fait que le multijoueur est l'un des plus peuplé au monde, que son efficacité a été prouvé aussi bien dans les milieux professionnels qu'amateurs. C'est oublier que la campagne Terran est presque aussi longue que les trois campagnes réunies de Starcraft, que sa réalisation est exemplaire même si les clichés habituels de toute histoire de science-fiction sont palpables. C'est oublier la puissance de ses outils, que se soit Battle.net ou l'éditeur, ce dernier, s'il est aussi austère que celui de Starcraft I, en conserve aussi son intuitivité et son ergonomie exemplaire qui le rend redoutable d'efficacité. C'est oublier que de nombreux magasins physiques ou en ligne le propose à 50 euros voire à 45 euros. Starcraft II va se faire indéniablement une place de choix dans le cœur des fans, il y en aura forcément qui en attendaient plus, mais vous vous lancerez une partie, puis une autre, faire la campagne et vous ne vous en serez pas encore rendu compte que vous aurez déjà une trentaine d'heures derrière vous. Et pourtant, vous ne serez pas lassé.
pathfinding
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le 10 oct. 2010

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