Pièce de théâtre en 9 actes

Dans les grandes questions qui régissent notre univers, une restera probablement à jamais sans réponse : pourquoi Nintendo n'a-t-il pas produit de Super Mario exclusif à la GBA ?
Quand bien même la petite console 32-bits n'a eu qu'une durée de vie assez courte, les quatre portages de Mario NES/SNES sont sortis entre 2001 et 2003, ça laissait encore 1 à 2 ans pour produire un jeu inédit avant de basculer les ressources vers la DS. Le pire c'est que ce Mario Advance 4 semble avoir pendant un temps choisi cette direction, mais prenons les choses dans l'ordre.

Super Mario Advance 4 est, comme son nom complet l'indique, un portage de Super Mario Bros. 3. Plus précisément, c'est un portage du remake Super Mario All-Stars, comme Mario Advance 1 en son temps qui était un portage de la version All-Stars de Super Mario Bros. 2 (USA). Vous suivez ?
On retrouve donc un look 16-bits pour ce classique de la NES. A titre personnel je préfère son apparence originale, plus iconique et sans fioritures, plus révolutionnaire aussi (le scrolling en diagonale était un exploit technique sur NES), mais ça n'est pas spécialement moche non plus. Au passage, Mario et Luigi ont gagné une voix, lorsqu'ils ramassent un power-up ou se prennent un coup par exemple.

C'est ma première découverte de Mario Bros. 3, et si je connaissais forcément la réputation du jeu avant j'ai pu constater que c'est bel et bien lui qui a posé les bases de la série telle qu'on la connaît aujourd'hui. C'est le premier Mario à avoir intégré une world map (laissant au joueur le choix de ne pas effectuer certains niveaux), à avoir créé des mondes centrés autour d'une thématique, à avoir introduit de nouveaux power-ups, à avoir mis plus de 4 niveaux dans chaque monde… Tous les Mario 2D sortis à sa suite (et même quelques épisodes 3D) lui doivent énormément.
Pour ne rien gâcher, le jeu regorge d'idées qui n'ont été que peu voire jamais revues par la suite, je pense au niveau se situant dans un égout rempli de Plantes Piranhas. On pourrait se dire qu'au vu du métier de Mario et de la récurrence des tuyaux dans la série, ce serait devenu un lieu d'aventures régulier pour le plombier, pourtant je crois que le concept n'a été repris que pour un ou deux niveaux dans New Super Mario Bros. DS.

On peut également alterner entre Mario et Luigi entre chaque niveau (le changement se fait automatiquement), ce qui m'a personnellement beaucoup amusé. Ainsi, lorsque sur la map le chemin se séparait, j'envoyais Mario et Luigi explorer chacun un des chemins, c'était même assez drôle lorsqu'en cas de mort je devais me réhabituer à la physique d'un nouveau personnage dans un nouveau niveau.
Je regrette juste le manque de variété et de challenge des boss : Boom-Boom qui évolue un peu durant le jeu mais qui n'est jamais très difficile, les Koopalings qui pourraient aussi bien être un seul personnage tant ils sont similaires visuellement et dans leurs affrontements, et Bowser qu'on affronte dans un combat tout de même sympa mais dans lequel on ne peut qu'attendre qu'il se tue.

Malheureusement, cette version GBA est gâchée par un élément majeur : le screen crunch, l'habituelle malédiction des portages sur la machine.
Il m'est arrivé un nombre incalculable de fois de me prendre un ennemi ou un obstacle que je ne pouvais pas anticiper et qui m'est tombé dessus en mode kamikaze. Mario Bros. 3 a été pensé comme un jeu qui se joue sur grand écran, réduire la visibilité est donc forcément un énorme handicap pour le joueur. Le jeu est assez dur à la base, mais je me suis pris beaucoup de morts dont je suis persuadé que j'aurais pu les éviter sur NES ou SNES.
Du coup l'expérience ne m'a pas beaucoup plu. Du moins, dans les 8 mondes principaux.

Parce que la nouveauté de Mario Advance 4, c'était la compatibilité avec l'e-Reader, permettant d'accéder à un monde supplémentaire, composé d'une quarantaine de niveaux (soit 4 fois plus qu'un monde traditionnel !) et de trois mini-jeux inédits.
Alors l'e-Reader, sans rentrer dans les détails c'était un accessoire de merde compatible avec des cartes qu'on devait acheter à l'aveugle et qui n'est jamais sorti en Europe, donc éthiquement cet ajout est plus que discutable. Mais lorsque le jeu a été porté sur l'eShop de la Wii U, ce monde a été rendu accessible intégralement, y compris pour les Européens. Et c'est à cette version que j'ai joué.

Et c'est là qu'on revient à ce que je disais au début. Nintendo n'a pas créé un Mario inédit sur GBA alors que ce monde 9 prouve qu'ils en avaient les capacités. Les niveaux qu'on y trouve mélangent des gimmicks exclusifs aux précédents jeux Mario portés sur GBA, comme la possibilité de déterrer des légumes (Mario Bros. 2), la cape (Mario World), certains ennemis de Yoshi's Island et même le bloc POW du jeu d'arcade !
Mélangés avec les power-ups et mécaniques de Mario Bros. 3, on obtient une sorte de pot-pourri de tous les Mario 8 et 16-bits, le tout dans des niveaux inédits et adaptés au petit écran de la console (aucune trace de screen crunch). Big Boo vient même apporter une petite touche de variété aux boss de l'épisode 3.
Notons également l'ajout de pièces géantes à récolter, précurseures des Pièces Etoiles qui apparaîtront dans les New Super Mario.

Bref, légère sensation de gâchis pour ce jeu qui aurait pu être très différent. Je suis content d'avoir pu accéder aux niveaux de l'e-Reader et d'avoir pu expérimenter ces beaux hommages aux premiers jeux, mais j'aurais préféré un jeu entier axé dessus (et qui ne soit pas limité par un accessoire idiot).
Et du coup, je ne recommande même pas spécialement la cartouche GBA de base, vu qu'elle ne contient qu'une version zoomée de Mario Bros. 3. Il y a une foultitude de meilleurs moyens de jouer à la version NES ou à All-Stars aujourd'hui.