Rejeton de la team Meat, micro-équipe indépendante, Super Meat Boy est l'adaptation d'un jeu flash pour le Xbox live (et plus tard PC). A noter, et c'était (c'est ?) une première pour le xbox live, que l'épique proposera aux acheteurs du DLC additionnel gratuit non-vérifié via la plate-forme de microsoft, mettant ainsi un doigt à la corpo de Bill Gates (ce qui admettons-le suscite toujours la sympathie).

Simplicité et efficacité, les deux mamelles de Super Meat Boy.
Qui a besoin d'un scénario? Un méchant fœtus en armure mal-aimé enlève par pure mesquinerie la gonzesse boutonneuse de notre héros charnu. Pas content, ce dernier va braver mille périls pour aller récupérer sa belle et vivre heureux en couple. Cette trame qu'on croirait sortie de l’imaginaire torturé d'un supporter de l'O.M est le prétexte pour partir à la conquête de six mondes aux caractéristiques bien connues (la forêt, la ville, l'enfer etc …).

Les niveaux se présentent de profil et sont conçus comme une séquence de mouvement à enchaîner sur un timing parfait sous peine de mort sanguinolente immédiate. Ils sont globalement très courts mais le level-design retors (certains niveaux sont vraiment hardcores) oblige le joueur masochiste à recommencer vingt fois le même petit tronçon de six sauts consécutifs jusqu'à maîtriser parfaitement sa partition.
Des pièges (scies circulaires, boule de feu...) aux ennemis (zombies, vers géants, double maléfique...), tout l'univers de Super Meat Boy fleure bon le déjà-vu assumé revisité avec goût.
Quant à la réalisation, ne pas s'y tromper: dépouillement ne signifie pas forcément pauvreté et le jeu nous offre un pixel-art aux petits oignons. Le moindre petit sprite est habité, les décors fouillés, de multiples détails de finition (les traînées de sang sur les plate-formes abordées ou les scies) participent au plaisir de jeu et encouragent le joueur dans sa quête inlassable.

Cependant, la musique, pêchue et héroïque certes, mais également foutrement répétitive pourra soûler au bout d'un moment. Quant aux cut-scenes en flash, elles sont certes mignonnes et rythmées mais pas forcément du goût de tous -ceci dit, elles n'occupent qu'une part congrues du temps de jeu...on n'a pas affaire à un Metal Gear, dieu merci.

Le jeu offre également son lot de niveaux cachés accessibles via des Warp Zones cachées dans les murs ou disposées à des endroits ardus à atteindre -certaines sous une limite de temps.
Notre petit steak se voit téléporté vers des tableaux spéciaux aux environnements évoquant les habillages de jeux ancestraux, à la sauce Coleco, gameboy etc.
Ces niveaux permettent parfois de débloquer des personnages jouables issus pour la plupart de jeux indépendants à succés . On retrouvera The Kid de « I wanna be the guy » le gars de Braid, celui de Minecraft ou le ninja de N+ entre nombreux autres ; les développeurs ont une fois de plus été fort prolixes puisqu'une quinzaine de persos jouables supplémentaires sont déblocables, chacun avec des caractéristiques particulières du genre tir, double saut etc.

Et outre les sparadraps à récupérer pour finir à 100%, le jeu propose une fois fini passer sur des « niveaux obscurs » soit une déclinaison encore plus dure des mondes déjà traversés (encore une fois, ça ne vous rappelle rien?)
En bref, le jeu propose, en plus d'un challenge déjà conséquent à la base, un contenu supplémentaire appréciable pour le joueur acharné qui voudra plier le jeu dans tout les sens.

Alors soit, Super Meat Boy propose un principe de jeu simple/addictif et un emballage plutôt sexy mais l'aspect le plus intéressant du jeu reste son gameplay.
On l'a vu plus haut, la prise en main est bête comme chou : une gâchette enfoncée pour courir et un bouton pour sauter et basta. Cependant, notre yamakasi viandard maîtrise le rebond sur les murs et les trajectoires de ses chutes, ce qui permets de varier les plaisirs sadiques de level-design.
Ses autres incarnations ont chacune des caractéristiques de déplacement (double saut, vol plané...) qui faciliteront la tâche sur certain passages trop ardus -à l'instar d'un Megaman, le héros peut très bien venir à bout de tout les obstacles mais l'utilisation de tel ou tel perso dans des situations précises permettent de faciliter le succès de l'entreprise.

Avec un gameplay aussi dépouillé, le jeu se devait d'assurer une prise en main parfaite. Contrat tenu, notre morceau de barbaque réponds au doigt et à l’œil, aucune latence, aucune gêne -et donc aucune raison d'accuser le jeu quand le sol se dérobe sous nos pied pour le précipiter pour la quatrième fois d'affilés sur la même scie couverte de sang. On a beaucoup glosé sur la supériorité de la maniabilité « made in Nintendo » lors des sorties des opus tardifs des Mario 2D (DS et Wii) mais il faut bien dire que sans s’embarrasser de saut tourbillonnant et autres mini-combos de mouvements, Super Meat Boy tient la dragée haute au plombier moustachu (avec qui il partage d'ailleurs son acronyme).

La mort n'est que très temporaire dans Super Meat Boy, le nombre de vie n'entre pas en compte, pas plus que les concepts de santé ou de Game Over ; déchiqueté, le steak opiniâtre respawne instantanément au début du niveau prêt à retenter infiniment sa chance.

Et c'est précisément là qu'est la vraie qualité de ce jeu selon moi. Le fait de retenter vingt fois d'affilé UN saut millimétré au poil de couille prêt finit par développer une étrange connexion fusionnelle entre les yeux et les doigts sur le pad qui permets au joueur de passer un niveau à prime abord insurmontable pour un être humain.
Au niveau de l'expérience de jeu, c'est la recherche de la pure performance à travers un mix accéléré entre apprentissage « par cœur » et réflexes induits, tandis qu'au niveau du plaisir de jeu, c'est inestimable, des orgasmes de satisfaction à répétition. Vous vous rappelez ce plaisir intense quand après avoir tenté à de nombreuses reprise, vous arriviez enfin à terrasser le boss du niveau 3 de Contra/(insérez ici un jeu très très dur)/Rtype ?
Et bien Super Meat Boy vous l'offre dix fois à l'heure, et avec une économie de moyen qui force le respect.

Ajoutez à tout cela un système de replay bien branlé qui propose un ghost de toutes les tentatives du héros sur le niveau à peine fini, un rythme soutenu -c'est bien simple, à part au menu de démarrage, aucun temps de chargement- et vous avez le gameplay old-school le plus enthousiasmant de ces dernières années (sans exagérer hein, il piétine avec panache Donkey, Rayman et consorts)


En bref//
Petite pépite indépendante au succès bien mérité, le jeu de la team Meat est une ode à la jouabilité à l'ancienne.
Quintessence du jeu de plate-forme hardcore, il démontre avec panache que que c'est dans les vieux pot qu'on fait les meilleures soupes. Généreux, pêchu et décomplexé, Super Meat Boy s'offre le luxe de sublimer un minimalisme formel à travers le développement d'un équilibre idéal de gameplay -entre souffrance de jeu et accomplissement dans la victoire.
Parti pour une partie de cinq minutes qui se transforme en trois heures de jeu (jusqu'à l'implosion rétinienne en fait), le joueur persévérant peut prévoir une longue alternance de larmes de rage et d'explosions d'autosatisfaction.
Ajouté à cela une multitude de référence bien troussées et un contenu additionnel conséquent (et diffusé gratis pour une fois!) et on se retrouve avec un must-have à même pas cher.
ParkaBoy
8
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le 6 févr. 2013

Critique lue 215 fois

ParkaBoy

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