J’avais joué au premier Borderlands il y a des années, vu tout le bien qu’on en disait… et je n’avais pas du tout accroché, j’avais trouvé ça laborieux et alors qu’on vendait le jeu comme délirant, pour moi l’humour était très fade.
Logiquement, je ne me voyais pas jouer à la version de Telltale, bien que j’apprécie beaucoup d’autres de leurs jeux du même style. Mais un de mes contacts m’en a dit du bien, et ce qui m’a convaincu, c’est qu’il me dise qu’il trouvait l’humour des deux premiers Borderlands, je cite, "déplorable".
Et en regardant les notes sur SensCritique, j’ai été étonné de constater que TFTB avait effectivement une meilleure moyenne que les autres jeux de la série !


Forcément, au début, j’ai été un peu paumé par rapport aux personnages et à l’histoire. Le héros, Rhys, est un employé d’Hypérion, dans la période qui suit la mort d’Handsome Jack.
… Putain, c’est quoi Hypérion / c’est qui Handsome Jack ?
Si le jeu ne prend pas la peine d’expliquer en détail, il laisse tout de même le néophyte comprendre assez aisément de quoi il en retourne. Hypéron est une énorme société aux desseins maléfiques, pastiche des multinationales malfaisantes d’aujourd’hui pour lesquelles seul le profit importe… mais son QG est une station spatiale et ses dirigeants sont de vrais bad guys, qui s’entretuent pour une promotion.
Le héros voit au début du jeu son ennemi prendre la place de son supérieur, et le rétrograder à un poste de concierge. C’est amusant de voir la vie de bureau, et le schéma classique de l’underdog qui essayer de grimper les échelons malgré son nemesis, mais transposés dans un tel contexte.
On incarne donc un méchant, et les options de dialogues permettent de se comporter en gros connard, lâche et égoïste… ce qui est tellement grisant ! Rhys et son ennemi Vasquez sont le type de personnage qui peut être irritant, mais leur prétention et leur dédain se manifestent de façon tellement crétines qu’on en rit. Aux éclats.
Tous deux rivalisent dans la maîtrise des répliques pseudo-badass… mais à côté de la plaque.
Et c’est parce que le personnage principal est un loser qu’il n’apparaît pas comme réellement offensif, et ça permet de s’attacher à lui malgré tout.
C’est une des forces de la série d’ailleurs, les personnages très attachants, chacun ayant son caractère bien défini. On se prend même d’affection pour un robot géant armé de roquettes.
Et que c’est rafraichissant d’avoir des personnages féminins cools et affirmés (petit plaisir personnel supplémentaire : la voix de Fiona m’est familière, c’est une de celles du boss dans les deux derniers Saints row… et j’adore son ton semi-blasé en permanence)
Mais contrairement à pas mal de joueurs j’ai l’impression, le personnage que j’aime le moins est Gortys, trop mielleux à mon goût.


Les autres jeux Telltale ont beau être axés sur l’écriture, je crois que Tales from the Borderlands est celui qui m’a le plus fait m’attacher aux personnages et me sentir impliqué dans les évènements. Les dialogues comiques sont énormissimes, mais les moments d’émotion sont aussi bien amenés, et tout l’humour qui prédomine dans 4 des 5 épisodes donne tellement plus d’impact au changement de ton du final.
Concernant l’intrigue en elle-même, il y a quelques twists agréables, et la narration joue sur le fait que presque tout le récit nous rapporté, et par deux personnages. On a alors un point de vue divergent sur de mêmes évènements, ou on découvre ce qui se passe en parallèle quand les héros sont séparés.
Ca sert là aussi des fins comiques, et c’est pas nouveau (How I met your mother l’a très bien fait), mais il y a de bonnes idées.
Tales from the Borderlands est quasi-constamment dans un décalage savoureux, offrant un point de vue nouveau et absurde sur de nombreux poncifs. Mêmes les infos qui s’affichent quand on scanne un objet sont ridicules et inattendues.
On croirait avoir droit à une parodie, si ce n’est qu’aucune œuvre en particulier n’est visée, mais plutôt pleins de choses en vrac : la SF, les RPG, le récit initiatique, le post-apo, la vie en entreprise, …
C’est inventif et hilarant à chaque petite situation.


Les scènes d’action se déroulent toujours en QTE, évidemment, mais elles s’avèrent un peu plus prenantes et dynamiques, sûrement grâce à la dose de fun que ce jeu-ci a par rapport à The walking dead ou Game of thrones, ce qui rend l’action plus créative et over-the-top.
Un truc qui m’amuse, c’est que peu importe le jeu, Telltale trouve toujours des trucs dégueus à faire faire en QTE.
Par contre ayant joué à des point’n’click à l’ancienne récemment (les deux premiers Monkey Island), je suis déçu que Telltale reprenne ce type gameplay sans en exploiter les possibilités. On est toujours très peu libre d’action, et l’accès à l’inventaire ne sert qu’à indiquer les objets qu’on possède, et que les personnages utilisent d’eux-mêmes à un moment précis. On ne nous permet pas de les utiliser à d’autres moments, de tâtonner un peu en cherchant la fonction de chaque chose…
J’aime bien ces jeux mais il n’y a vraiment aucune gratification par rapport à quelque chose qu’on a réussi à faire, ou une énigme qu’on a su résoudre.
C’est dommage qu’on n’ait même plus tellement de choix à faire non plus (bon, même s’ils avaient peu d’impact dans les autres jeux). Au mieux, on a droit à des gags alternatifs ; j’ai refait un passage sans le vouloir, du coup j’ai testé des options de dialogue différentes, et ça m’a mené à une scène désopilante à laquelle je n’avais pas eu droit avant (Jack qui passe sa main à travers l’entrejambe de quelqu’un).
Et rien que pour des choses comme ça, ça me donne quand même envie de refaire le jeu un jour. Peut-être. On verra.


Il y a des œuvres qui essayent désespérément d’être cool en employant tous les artifices et effets possibles (là dernièrement, il me suffit de voir un trailer de suicide squad pour avoir cette sensation), mais Tales from the Borderlands parvient réellement à l’être, en n’essayant pas d’en faire trop.
La mise en scène, bien qu’elle abuse quelque fois de ralentis, est pas mal imaginative, la BO très sympathique, et même si les graphismes sont repris des autres Borderlands, j’aime beaucoup ce look qui mêle post-apo, SF et western.
C’est un détail, mais c’est sympa qu’ils aient créé de nouvelles animations pour résumer les évènements de chaque épisode, plutôt que la classique compilation d’extraits.
Il y a également moins de problèmes de textures et d’éléments qui rentrent les uns dans les autres, mais l’animation reste quand même assez rigide, les mouvements des personnages sont comme légèrement ralentis, ce qui donne un coup de mou à certaines scènes d’ailleurs.
Autre problème qui persiste, et c’est incroyable à force : toujours pas de possibilité de passer le clavier en azerty ; pourtant, ils ont pris en compte les joueurs français avec des sous-titres dans notre langue cette fois (bon… il y a quelques erreurs de traduction…). Je ne me l’explique pas.


Malgré ces défauts d’ordre technique, auxquels ont est habitués avec Telltale, Tales from the Borderlands un jeu des plus réjouissants, une très bonne surprise, et dont il faut absolument une suite.

Fry3000
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le 12 août 2016

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