The Banner Saga 3
7.3
The Banner Saga 3

Jeu de Stoic Studio, Austin Wintory et Versus Evil (2018Nintendo Switch)

Le tissage de la bannière prend fin. Et avec lui, une histoire unique.

[Prudence, les lignes qui suivent révèlent des éléments clés de l’histoire]


Dans « The Banner Saga 3 », on ne rigole plus du tout. L’obscurité grandissante a envahi le monde entier. Seule la grande cité humaine parvient encore à être épargnée, mais ce n’est qu’une question de jours avant qu’elle ne chute. Humains, varls, centaures, familles et soldats se sont retranchés derrière ses murs, repoussant sans cesse l’inévitable. Des milliers de dredges cernent la ville, coincés entre le voile des ténèbres menaçantes et les portes closes de la ville abritant des peuples hostiles à leur égard. Une petite équipe est partie pour tenter d’empêcher la catastrophe, entamant une audacieuse course contre la montre, bravant les dangers de ce monde autrefois majestueux et verdoyant, mais à présent méconnaissable. L’endurance des survivants semble solide, mais elle ne sera pas éternelle.


Ce troisième et ultime chapitre de la saga délaisse le voyage de caravanes à travers le pays pour se concentrer sur la survie des clans retranchés au sein de la vaste ville d’Arberrang, progressivement dévastée par leurs violentes querelles. La situation est critique et il est difficile de prendre des décisions qui puissent convenir à tout le monde. Certains veulent prendre le pouvoir. D’autres veulent tendre la main au peuple dredge. D’autres encore tentent de fuir par la mer. Et le partage des ressources qui s’amenuisent est délicat.
Après ce long périple exténuant, marqué par le doute, les trahisons, les pertes et les sacrifices, j’ai décidé d’endurcir le caractère du brave Rook. Dorénavant, ce dernier fait confiance bien moins facilement, ne tend plus la main aux inconnus, ne cherche plus à rentrer dans le jeu d’une politique futile et va droit à l’essentiel : la protection de son clan et de ses alliés. Que les autres aient un avis contraire importe peu. Laissons-les se quereller, c’est leur problème, pas le nôtre. Le temps est compté, il faut ranger autant de monde que possible à nos côtés afin de pouvoir tenir jusqu’au succès de la mission de l’équipe d’Iver.


Au-delà des portes, l’ennemi a tenté de forcer le passage. Leur chef ayant succombé au combat, les créatures semblent complètement démunies et inoffensives. C’est alors que l’éventualité d’une alliance, surprenante mais néanmoins pressentie, fait son apparition. Les dredges et les peuples survivants auraient peut-être une chance supplémentaire de survie s’ils faisaient cause commune. Personne pour oser aller au-delà de ses préjugés ? Qu’il en soit ainsi. Prenant son courage à deux mains, assailli par la peur, Rook part à la rencontre de ces êtres méconnus, sa longue bannière à la main en signe de paix, avec l’espoir d’obtenir une réponse amicale à sa main tendue. Il n’aura fallu qu’un bref instant pour que la main étrangère se joigne à la sienne.
Malheureusement, les désaccords entre les clans ont eu raison de l’audace du chasseur. À peine cette nouvelle alliance née, l’homme est touché de plein fouet par une flèche alliée et, à ma grande stupeur, succombe à ses blessures. Après tout ce chemin, après tous ces sacrifices, voir le visage de cet ancien père de famille, qui a eu la bonté de prendre l’avenir de son clan à bras le corps, toucher terre, a été un sacré choc. La courte bataille générale qui suivit fut brutale et sanglante, mais l’ensemble des peuples parvinrent enfin par se retrouver à l’abri derrière les remparts de la cité, n’en déplaise aux réfractaires. Oddleif, luttant contre le chagrin et la culpabilité de la perte de son ami et amant, décide de prendre à son tour le destin du clan sur ses épaules et poursuivre la résistance.


L’aspect voyage est légèrement conservé lors des phases avec la petite équipe menée par Iver et Juno, partie à la recherche de l’origine de la catastrophe. Le jeu nous présente toujours de nouveaux protagonistes, augmentant ainsi davantage les possibilités de composition des équipes.
Cette expédition précipitée jusqu’à la tour blanche, entre fuite face à l’ex-chef des mercenaires et lutte contre les êtres déformés par les ténèbres, fut laborieuse. Les décisions à prendre face aux obstacles ont été encore plus difficiles, certaines entraînant la perte de précieuses heures de voyage. La confiance accordée envers les magniens fluctue constamment. Ont-ils réellement l’objectif de mettre un terme à tout cela ou bien recherchent-ils autre chose ?
À un moment donné, le jeu nous annonce que les choix effectués depuis le début de l’aventure se concrétisent dans la quantité de membres survivants et de ressources qui subsistent, et nous attribue un nombre de jours, indicateur du temps restant avant la fin du monde. La tension monte, le pas se presse, les jours s’égrainent à une vitesse affolante. Fort heureusement, un peu de répit a pu être obtenu par deux fois grâce à la lutte courageuse des survivants d’Arberrang. C’est toutefois quasiment à la dernière seconde (si effectivement le jeu ne m’avait pas prévu une troisième chance) que je suis parvenu à destination, réussissant ainsi à mettre fin au désastre en convaincant les responsables d’assumer leur erreur et de la réparer, quoi qu’ils leur en coûtent.


J’éprouve quelques regrets sur le fait que, en fin de compte, on ne visite pas l’entièreté du monde créé par les développeurs. Peut-être est-il prévu que le studio poursuive dans sa lancée dans un avenir proche. Quoi qu’il en soit, l’histoire de cette trilogie se tient et se conclut avec suffisamment de révélations pour bien comprendre les évènements relatés.
L’expérience proposée par le studio fût riche en émotions, en surprises, en retournement de situations et en plaisir de jeu. Mon voyage unique en ces terres nordiques, dont le parcours a été construit au gré de mes décisions, restera un très bon souvenir !

Vakarius
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le 13 févr. 2019

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