Sur le papier, Isaac avait tout pour me plaire.
Une bouille trognonne avec ses petites larmes attendrissantes, son univers enfantin dans tout ce que cela peut impliquer de malsain, pipi-caca, et images freudiennes, un gameplay inspiré par les épisode 2D de Zelda et un créateur, McMillen qui cumule les qualités de génie et mec très sympa avec qui on irait bien boire des bières jusqu'au dernier métro. Et effectivement, Isaac est loin, très loin d'être raté. Objectivement, il mérite largement un 8. Objectivement seulement.
Parce que mon expérience subjective n'a pas été très positive sur ce jeu. Dés mes premiers pas, j'ai eu l'impression que Isaac se moquait de moi ; Il me plaçait dans un environnement familier de donjons, de clés, de bombes et d'items qui me rappelaient tous Zelda, mais en même temps, il me plaçait dans la peau d'un non-héros. Un personnage faible, tuant laborieusement les premiers ennemis (encore faibles) à force de nombreuses larmes, dans des niveaux changeants d'une run à l'autre, ce qui empêche d'assimiler une maîtrise solide du jeu. L'inverse d'un jeu accueillant donc. Mais j'étais passé par Demon Souls ou Rogue Legacy, j'ai pensé pouvoir surmonter tout cela.
J'aurais pu y arriver, si le jeu s'était un peu ouvert par la suite. Si les pills obéissaient à un code couleur stricte et qu'on ne pouvait se faire avoir qu'une seule fois par un "Health Down". Si on m'avait dit à un moment que les coeurs bleus qui avaient poppé subitement à l'explosion d'une bombe venaient d'un rocher marqué. Si on m'avait expliqué clairement le principe des Devil/God rooms. Et surtout si j'avais su ce que provoquait chaque objet avant d'avoir dû le prendre.
Isaac pourrait être un jeu difficile que ça ne me gênerait pas. Mon problème avec ce jeu, c'est qu'en plus de sa difficulté, Isaac est cryptique. Si il n'y avait la communauté pour expliquer tout ce que le jeu garde profondément caché aux yeux du profane, je serais sans doute passé à côté d'une bonne moitié des mécaniques du jeu. Et c'est finalement cette lassitude de devoir aller chercher la page wiki du moindre objet inconnu pour ne pas gâcher une run de 30 min qui aura eu raison de mon enthousiasme.
Etant fan de MisterMV, j'apprécie beaucoup Isaac en tant que spectateur, lorsque le jeu est joué par un expert, qui le connaît de long en large, et aidé par un chat tout aussi informé. En tant que novice débarqué sur le tard, Isaac m'a fait l'effet inverse de Rogue Legacy, où plus je jouais, plus je me sentais maître du jeu. Plus je jouais à Isaac, plus je me sentais ignorant.
Isaac est sans doute un très bon jeu. Pas le genre qui révolutionne le jeu vidéo comme Super Mario Bros mais plutôt un jeu qui re-dynamite un genre (le rogue like) comme... Super Meat Boy. Le talent de McMillen est, en ce sens, indéniable. Je regrette juste qu'il m'ait perdu en route.