Non mais merde, Ringo ! Qu'est-ce que t'as foutu ? Qu'est-ce qui t'as pris ?
Tu avais tout pour toi, là !
Moi, au premier regard, dès le premier visuel que j'ai surpris de toi, j'étais déjà conquis. J'avais déjà envie de tout te donner. Mon argent. Mon temps. Mon amour, même !
Ton p'tit look de vieux jeu faussement rétro. Ta manière de mêler d'un côté la nostalgie d'un style, d'une époque, d'un monde, et de l'autre cette déclinaison plus moderne consistant à pouvoir désormais faire ce qu'on ne pouvait faire avant – explorer, se balader, poser, interagir librement – mais c'était génial ça !
Et ta p'tite direction artistique qui se donne des airs de jeu fauché mais qui en fait trahit un soin consommé dans les visuels, les musiques et même le rendu des combats... Mais c'était du petit lait ça pour moi ! T'avais plus qu'à gérer sérieusement ton déroulé de partie et j'étais ferré, mon gars ! Tu faisais ce que tu voulais de moi ! J'étais acquis à la cause, mec !
Mais non, il a fallu que tu chies dans la colle !
Mais qu'est-ce qui t'as pris ?!
Non mais c'était quoi ton projet, franchement ?
À peine l'intro passée que tu m'as perdu. J'étais censé faire quoi ? Aller où ?
À peine sort-on de chez toi qu'on croise la flopée de bandes de lascars. Moi, vu l'intro, je m'attendais à de la castagne, mais non. Rien. Alors, on avance, on se balade. On passe de bars en supermarchés, jusqu'à arriver au lycée. On croise plein de gens, on parle, ou bien alors on suit des cours où on lit des livres, ce qui se résume avec toi à simplement glander devant un écran fixe en attendant qu'une jauge d'XP augmente un peu...
Non mais tu te fous de ma gueule ? C'est quoi ce travail ? Moi, je m'attendais à vivre la grande aventure à tes côtés ! Et là, je passe mon temps à quoi, là ?
J'enchaîne les journées à ne pas savoir quoi faire !
Est-ce qu'il faut que j'aille m'entraîner ? Réviser mes leçons ? Taper des mecs ? Et encore faudrait-il savoir qui taper ! Non mais merde quoi ! Tu croises trois bandes, il se passe rien et la quatrième – tu ne sais pas pourquoi – ils te maravent la gueule !
Seul, tu te fais défoncer. Tes potes ? Ils peuvent aider, mais encore faut-il les trouver ! Des jours ils sont tous sur le toit, mais le lendemain il en manque un. Il est où ? Tiens, là je peux choper un lycéen dans la cour pour qu'il vienne m'épauler ? Ah bah, ça alors ! Mais pourquoi lui et pas les autres ? J'y comprends rien...
Et puis les journées passent vite avec toi ! Pas qu'on ne voit pas le temps passer. C'est juste que, le temps de se lever de son lit, de repérer l'endroit où ça se frite, d'aller chercher les potes pour ensuite cogner des gars que je sais d'ailleurs même pas pourquoi je les cogne en fait...
Mais putain, j'ai tout essayé : passer mes journées à réviser, papoter, zoner... Tout est chiant avec toi, et c'est ça l'enfer, en fait. Parce qu'autant j'entends ton intention de rendre hommage à l'art de vivre basé sur le plaisir de la glandouille et la jouissance de l'instant présent ; autant je m'y serais davantage ouvert si, à tes côtés, glander et saisir les instants offerts étaient PLAISANTS et STIMULANTS à jouer.
Mais non, jamais, malgré l'enchainement des journées à tes côtés, rien n'y a jamais rien fait. À chaque fois je suis revenu vers toi avec la même foi, la même envie, le même espoir, mais à chaque fois ça a été la même désillusion. C'est ultra répétitif. Je ne vois aucune issue. Je M'EMMERDE quoi !
Putain, mais c'est quand même dingue, c't'affaire là !
T'es carrément parvenu à me faire douter. Non mais c'est moi qui ai loupé un épisode ou quoi ? Ah bah non. Même pas. Je suis allé voir les copains de la Street Critique, ils ont tous dit la même chose de toi. « Ah ça ! Ringo Ishikawa et ses potes, ils sont bien mignons, mais c'est abusé comment il n'y a rien à faire avec eux à part zoner. »
Alors désolé, mec, mais moi c'est pour ça que j'ai fini par lâcher l'affaire. T'imagine même pas à quel point je te fais un cadeau en te mettant 3, parce que, en termes de retour d'expérience de jeu, tes potes et toi c'est la dérive quoi !
Non et puis quoi encore ? Tu croyais franchement que j'allais rester sans rien dire ?
Ah oui, tu crois (reprise de souffle),
Que j'allais resteer plantééé lààààà,
À te voir partir dans tes déliiiiiiires,
Et te laisser faaaaaire n'impoorte quoooooi...
(Du coup, je vous laisse en hurlant mon désespoir de manière FlorentPagnesque.)
OOOOOOH OOOOH OOOOH ! OOOOOOOH OH !
Oooh oh...
(Percussions de circonstances.)
(Fade out conclusif.)
(Clin d'oeil et bisous.)