Il existe des jeux qui ne laissent pas indifférents. Des jeux qui en mettent plein la vue, qui prennent à la gorge, qui laissent le joueur coi. On dit d'eux qu'ils sont bluffants. C'est marrant, c'est exactement l'adjectif que j'attribuerai à The Last of Us.

C'est beau, mais qu'est-ce que c'est beau ! Jamais on n'aurait pu imaginer une Amérique dévastée aussi belle : la végétation a repris ses droits sur des décors urbains, les maisons abandonnées sont comme des natures mortes au milieu desquels on doit avancer... Graphiquement, c'est une claque, ça, c'est sûr. Les personnages sont extrêmement bien animés (la fin de la séquence Automne est juste incroyable) et la musique, toute en sobriété, colle bien à l'ambiance contemplative que dégage le jeu.

Mais son vrai point fort, c'est son écriture. Tout le jeu tend vers les Lucioles qui doivent préparer le vaccin immunisant contre la pandémie et cette quête est sans cesse entravée. Pourtant, même si le périple de Joel et Ellie se prolonge, il ne manque pas de rythme, si ce n'est dans les premières zones (en gros avant l'arrivée dans la ville de Bill). Les cinématiques sont raisonnables, mais le développement de l'histoire ne s'arrête pas là. Des dialogues optionnels sont déblocables et permettent d'en savoir plus sur nos deux protagonistes. La communication entre les PNJ affecte même notre expérience de jeu. Parce que le véritable ciment de l'expérience de The Last of Us, c'est la relation entre les personnages, tous les personnages, et on ne fait pas qu'observer ces liens qui se tissent, non, on les vit, littéralement. Evidemment, il y a cette relation très, très forte entre Joel, un quadra qui a tout perdu à cause de la pandémie, un dealer fabriqué par le contexte social, l'un des derniers rescapés de la période d'avant, et Ellie, une ado forte en gueule qui n'a connu que le chaos et qui est la seule à pouvoir y mettre fin. Mais on compte aussi les deux frères, Henry et Sam, ce même Sam qui noue une amitié touchante avec Ellie. Dans un autre registre, la relation Ellie/David ne laisse absolument pas indifférent, loin de là.

A côté de ça, le gameplay est anecdotique, bien que convenable. Le choix d'un TPS violent qui mise paradoxalement sur la subtilité est plutôt intéressant. L'infiltration dans les jeux vidéos n'est résolument pas mon truc, mais je dois bien admettre que celles-ci, même si elles finissaient la plupart du temps en massacre bourrin (parce que je suis nulle en infiltration), étaient d'une intensité à toute épreuve. A côté de ça, les phases d'exploration, qui sont d'ordinaire pénibles, permettent de se remettre de nos émotions, de se sentir pour une fois en sécurité dans ce monde hostile, et sont agréables, d'autant plus qu'elles sont rentabilisées par la contemplation et par une dimension RPG où il nous faut gérer nos compétences et celle de nos armes.

Wow. Bouche en permanence grande ouverte. Parfois des larmes aux yeux, souvent un regard attendri. Et, alors même que j'ai bouclé le jeu, des images et une folle envie de refaire des passages (comme la fin du niveau de l'hôpital). Voilà mon ressenti sur The Last of Us.

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le 29 déc. 2013

Modifiée

le 29 déc. 2013

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Nolwenn-Allison

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