THE LAST OF US PART II - Quand le joueur se confronte à lui-même

Merci d’avoir cliqué sur le lien de ma critique. Nous avons beaucoup de travail, et pour être tout à fait honnête avec vous, cette critique va certainement être assez longue. Je vais donc tenter de la rendre la plus intéressante possible afin que vous ne lâchiez pas l’affaire au bout de cinq lignes.
Cette critique sera, je l’espère, rythmée et pleine de rebondissement, à l’image de The Last Of Us Part II.
Je dois également vous prévenir, afin de rendre mon avis le plus pertinent et explicite possible, la deuxième partie de cette critique contiendra des spoilers. Pas d’inquiétude, si vous n’avait pas encore fait le jeu, je vous préviendrai en amont.


Avant de rentrer dans le vif du sujet, faisons un petit détour rapide vers The Last Of Us premier du nom pour les quelques irréductibles qui n’y ont encore jamais touché.
The Last Of Us, développé par Naughty Dog (Crash Bandicoot, Uncharted…) est sortie en 2013, prend contexte dans un monde ou un virus nommé le Cordyceps transforme la population mondiale en zombie. Nous allons suivre les péripéties de Joël qui, au tout début de l’épidémie, va perdre sa fille Sarah dans un malheureux concours de circonstances.
Des années plus tard, nous retrouvons Joël qui tente tant bien que mal de survivre dans un monde plongé dans le chaos le plus total. Devenu alors contrebandier, Joël va se voir confier une mission de la plus haute importance par un groupe de survivants nommé « Les Lucioles ». Marlène, la chef des lucioles, va charger Joël d’escorter une jeune fille de 14 ans à travers tout le pays pour rejoindre un hôpital remis en service. Nous apprendrons plus tard que la fille en question, Ellie, est en réalité immunisée contre le virus Cordyceps, et qu’elle peut potentiellement sauver l’humanité tout entière si Joël l’emmène à temps dans ce fameux Hôpital.
Seulement voila, au cours de leur aventure, les deux protagonistes vont tisser une relation extrêmement forte, Joël considérant Ellie comme sa propre fille.
Une fois arrivée à l’hôpital, et alors qu’Ellie est plongée dans un coma artificiel, on informe Joël que pour sauver l’humanité et créer un vaccin, la jeune fille devra mourir.
Joël, n’acceptant pas de supporter une seconde fois la souffrance endurée lors de la mort de sa fille, décide de sauver Ellie et de tuer toutes personnes se dressant sur sa route.
Joël sauve Ellie mais condamne l’humanité tout entière.
Et c’est ainsi que se termine The Last Of Us.


Ecrire une suite à une histoire si bien maitrisée n’est pas chose aisée. Naughty Dog ne choisit d’ailleurs pas la voie de la facilité puisque le studio décide dès le début du jeu de confronter le joueur aux différentes conséquences ayant été provoquées par les actions de Joël à la fin du premier opus.
Nous retrouvons donc Joël et Ellie des années plus tard, vivant dans la petite ville de Jackson et menant une vie paisible pleine de joie, de musique, de nouveaux amis et parfois de quelques zombies à dégommer. Bien entendu, ce petit bonheur ne va pas durer et le lourd passé de Joël et Ellie va venir les rattraper (plus de détails dans la partie Spoiler).
D’après Neil Druckmann (Créateur de la Saga TLOU) le premier épisode avait pour principale thématique l’amour, en revanche, le thème prédominant du second sera la haine.
Le ton est donné.
La maturité et la multitude des sujets traités dans ce The Last Of Us 2 en font un jeu plus vaste, plus complet et beaucoup plus violent que le premier volet.
Si le principal thème abordé est celui de la vengeance, il est amené sous un angle très différent de ce à quoi nous ont habitués le Cinéma et le Jeu Vidéo. La notion entre le bien et le mal y est extrêmement flou, et chacun des personnages peuvent faire preuve d’une immense cruauté comme d’une grande compassion.


Si une grande partie de l’intrigue du jeu se passe dans la ville de Seattle, TLOU 2 arrive sans cesse à se renouveler. Se renouveler d’une part dans les situations dans lesquelles il nous plonge, notamment grâce à ses scènes d’action épiques, immersives et travaillées, digne de blockbuster Hollywoodien.
D’autre part, le jeu propose une grande variété d’environnements assez impressionnant, certains très linéaires, comme un vieille hôpital ou une forêt enneigée, d’autres beaucoup plus ouverts, comme un quartier entier de Seattle à explorer comme bon nous semble. Bien-sûr, vous pouvez si vous le désirez faire le jeu en ligne droite et vous concentrer uniquement sur le scénario. Cela dit, le jeu encourage vivement l’exploration. Non seulement, explorer de vieux bâtiments abandonnés vous fera gagner de nombreuses ressources, très précieuses pour votre survie, mais surtout, chaque lieu possède sa propre histoire. Une histoire que vous pouvez tenter de comprendre en ramassant divers documents ou encore en analysant les différents indices disséminés ici et la, renforçant ainsi l’immersion. Une immersion d’ailleurs poussée par des graphismes absolument sublime, l’une des nombreuses marques de fabrique du Studio Naughty Dog.


Rentrons désormais dans le cœur du jeu (enfin !) : Le Gameplay.
Comme le premier épisode, The Last Of Us 2 est principalement un jeu d’infiltration. Comme tous les jeux du même genre, il est ici question de se cacher dans des hautes herbes, de poser des pièges et de séparer les ennemis pour les éliminer un par un. Mais The Last Of Us 2 est également un Survival, ce qui signifie donc une quantité d’objets et de munitions extrêmement limité. Chaque balle compte, chaque objet doit être utilisé à bonne escient. Bien entendu, tout ne se passe pas toujours comme prévu…. Si vous vous faites repérer, tous les ennemis se précipiteront sur vous. Et là, c’est la panique. Que faire ? Vite, prenons la première arme qui nous passe sous la main (rarement la plus adaptée à la situation) et appuyons sur la détente. Une détonation assourdissante retentit alors, et si vous avez de la chance ou de la dextérité, le crâne de votre ennemi va exploser dans une giclée de sang. Si par malheur votre tir n’atteint pas sa cible, vous avez non seulement perdu l’une de vos précieuses balles, mais en plus, vous êtes probablement mort.
Si affronter des ennemis humains nécessite une grande discrétion, se battre contre des zombies vous demandera dans la plupart des cas d’être beaucoup plus frontal et agressif afin d’en venir à bout.

Le Gameplay de cette Partie 2 reprend de nombreux éléments du premier opus avec quelques nouveautés. Désormais, vous avez la possibilité d’esquiver les attaques au corps à corps, donnant ainsi beaucoup plus de dynamisme aux combats. Le jeu offre aussi la possibilité de se coucher à terre et de ramper, très pratique pour passer inaperçu lors des phases d’infiltration.
Les différentes ressources que vous trouverez en explorant le monde vous seront très précieuses pour crafter divers objets tels que des cocktails Molotov ou des silencieux pour vos pistolets. De plus, des arbres de compétences peuvent se débloquer grâce à certains magazines qui vous apprendront quelques techniques de survie supplémentaires.


Globalement, la formule de TLOU Part II reste identique à celle du premier épisode, tout en apportant suffisamment de nouveautés pour ne pas provoquer chez le joueur un sentiment de répétitivité.


-----------------SPOILER ALERT ----------------------


Si TLOU premier du nom emmenait le joueur d’un point A vers un point B, cette deuxième partie fonctionne très différemment. Après une introduction d’une extrême violence nous présentant la mort de Joël, nous incarnons Ellie qui part donc en quête de vengeance. Les différents chapitres du jeu sont ici représentés par des jours. Ainsi, Durant trois jours, Ellie sera donc à la recherche d’Abby, la meurtrière de Joël.
A la fin des trois jours, nous arrivons donc à la confrontation finale. Abby a tué Joël, Ellie veut sa peau, et nous aussi.
Cela dit, il faudra patienter encore un peu pour enfin voir le dénouement de cette quête de vengeance, puisque le jeu décide de nous faire vivre une seconde fois l’intégralité de ces fameux trois jours, mais cette fois-ci, en incarnant Abby.
TLOU Part 2 est malin, il nous fait jouer un personnage détesté de tous.
D’une part, incarner Abby pendant plus de dix heures va créer un lien entre elle et le joueur, mais va aussi permettre de nous donner quelques explications sur sont terrible geste envers Joël. Et il s’avère que la ruse du jeu pour nous permettre de ressentir de l’empathie envers Abby fonctionne à merveille.


Nous aimons tous Ellie.
Ellie est la gentille petite fille du premier épisode, désormais devenue une jeune femme forte se battant pour la justice.
Mais malheureusement, le manichéisme n’a pas sa place dans The Last Of Us.

Ellie sera elle aussi confrontée à différents choix moraux, et sa haine envers Abby va ainsi la pousser à commettre des actes impardonnables.
L’arc narratif d’Ellie va donc connaitre une immense escalade de violence, jusqu’à atteindre un point de paroxysme ou même nous, joueurs, sommes tout simplement écœurés de toute la cruauté dont elle peut faire preuve.
Sa quête pour retrouver Abby sera donc parcheminée de cadavres et d’assassinats violents.
L’escalade de la violence se fait donc d’une part, via des cinématiques mettant en scène une Ellie complètement aliénée. Mais également via différentes phases de gameplay, ou chaque ennemi porte un nom, une simple idée permettant d’humaniser l’IA et de rendre chaque mort plus dramatique.


Abby a tué Joël.
Mais comme je vous l’ai dit précédemment, le simple fait de l’incarner va immédiatement créer un lien entre elle et le joueur. De plus, les explications données pour expliquer son geste sont tout de même cohérentes et permettent de mieux comprendre sa personnalité complexe.
N’y allons pas par quatre chemins : Abby est l’un des personnages les plus charismatiques qu’il m’ait été donné de voir dans un Jeu Vidéo.
Véritable femme puissante et anti-stéréotypée, Abby peut faire preuve d’une grande empathie comme d’une extrême violence quand cela est nécessaire.
Comme je vous le disais : le manichéisme n’a pas sa place dans The Last Of Us.

De part ses différentes actions, nous ne pouvons qu’apprécier le personnage d’Abby, et ce malgré toutes les horreurs qu’elle a commise. En dépit de sont imposant physique, Abby est un personnage hautement humain et sensible.


L’affrontement final de The Last Of Us Part 2 est d’une extrême intelligence, puisque qu’il fait se confronter le joueur à ……lui-même.
Dans un premier temps, nous allons incarner Abby durant une phase d’infiltration ou le but sera ici de dénicher Ellie tout en esquivant ses différentes attaques. Pour nous tuer, Ellie disposera bien entendu des armes que nous lui avions laissé avant de la quitter. Des armes dont nous nous étions nous même servis contre différents ennemis, nous ramenant ainsi à notre propre violence.


Le deuxième affrontement nous fait cette fois si incarner Ellie dans un combat au corps à corps contre Abby. La propre force d’Abby que nous utilisions auparavant va donc se retourner contre nous, la encore, nous ramenant à notre propre violence.


En alternant les points de vue, le jeu nous fait donc comprendre que personne n’est foncièrement bon ou mauvais, et que la vie est beaucoup plus complexe que des notions simplistes comme le bien ou le mal.
A la fin de The Last Of Us Part 2, Ellie et Abby s’épargneront, et partiront chacune de leur coté, toutes deux fatiguées de cette violence inutile et de tout ces morts.


Que ce soit le premier opus ou ce deuxième épisode, la saga The Last Of Us a su marquer à tout jamais le milieu du Jeu Vidéo.
D’une part grâce à un gameplay travaillé, des graphismes époustouflant, de magnifiques musiques et une ambiance horrifique extraordinaire.

Mais surtout grâce à des histoires profondes, matures et intelligentes, racontées avec brio, qui n’ont rien à envier au cinéma ou à la littérature.
Merci Naughty Dog pour ce grand jeu, pour cette grande saga, et pour tout le rêve que vous nous apportez à travers vos Jeux Vidéo.
Continuez de nous faire vivre de grandes aventures, et merci pour tout.


CHARLOPEAU Bastien
Noctilink

Noctibrick
10
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Créée

le 12 juil. 2020

Critique lue 391 fois

2 j'aime

Bastoche

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2

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