« L’ode aux prodiges » ou ma toute première expérience d’un DLC…
Bah oui, c’est qu’à la base, moi, je ne suis pas très fan du concept. Devoir payer en plus pour avoir un kyste de jeu qui se rajoute à l’œuvre originale : autant je peux comprendre l’intérêt mercantile du truc, autant j’ai du mal à voir l’intérêt ludique pour le joueur qui risque de voir le jeu qu’il adore être maltraité par un contenu superficiel et pas forcément au niveau.
Mais bon, ce DLC là on me l’a offert. Et puis c’est un « DLC Zelda » !
Alors – vous pensez bien – même si je m’y suis engagé avec des réserves, j’y suis quand-même allé curieux…


Mais bon, comme quoi ma crainte vis-à-vis des DLC était justifiée, puisque dès le premier contact cet « Ode aux prodiges » m'a quand même pas mal refroidi.
Narrativement parlant, c'est vraiment le minimum syndical, et je trouve ça limite scandaleux quand il s'agit de nous inviter à une aventure additionnelle.
Et j’insiste sur le mot. « Aventure ». Cela veut dire qu’au-delà de l’épreuve et des péripéties, il doit aussi y avoir un parcours, une construction, une narration…
Là, on commence juste avec un texte qui s’affiche et qui nous dit : « Eh ! Au fait, si tu vas au Sanctuaire de la Renaissance tu trouveras une épreuve réservée aux prodiges. Biz. »
Alors forcément, moi qui avait déjà fini le jeu, j’y suis allé. J’arrive dans le Sanctuaire de la Renaissance et je me rends compte qu’une vieille lance a été rajoutée là, dans un coin, sans aucun effort de mise en scène ou de mise en valeur.
Vraiment : l'item banal.
Je la prends et là, un tuto écrit m’explique en quoi va consister l’épreuve…
Euh attends… Quoi ? Mais… Mais non !
Non mais c’est pas possible les gars ! Mais vraiment non !
Vous vous êtes foulés à modéliser des sanctuaires supplémentaires pour ce DLC alors je vois vraiment pas ce qui vous empêchait de faire une petite cutscene histoire de nous mettre dans le mood !
Non mais oh ! C’est quoi ce travail ?!


Alors j’en imagine déjà quelques-uns qui, parmi vous, pourraient se demander pourquoi je décide dès le départ de m’acharner à ce point sur un tel détail alors que, visiblement – au regard de la note donnée – j’ai quand-même bien apprécié l’aventure proposée par ce DLC.
Eh bien justement : c’est parce qu’au final j’ai apprécié cet « Ode aux prodiges » que je lui reproche d’autant plus son manque d’efforts en termes de narration !
Franchement, ce DLC, il ne lui fallait vraiment pas grand-chose pour être une vraie belle expérience Zelda parce que, l’air de rien, il y a là-dedans pas mal d’idées qui sont loin d’être bêtes.
Des idées qui, d’ailleurs, font que ce DLC reste malgré tout un bon moment de jeu vidéo.


Le principe de cet « Ode aux prodiges » est assez simple : fournir du rab en termes de sanctuaires (20 en tout) ainsi qu’un nouveau donjon. Et sur ce point – franchement – je n’ai rien à redire.
C’est inventif, efficace et plaisant : dans la lignée qualitative de ce « Breath of the Wild ». Là-dessus, c’est bon, on ne s’est pas foutu de nous.
Mais ce qui me frustre dans tout ça, c’est qu’au fur et à mesure que j’ai avancé dans ce DLC, j’ai fini par me rendre compte que ce qui rendait mon avancée vraiment palpitante, c’était ce désir de voir ce qu’il y avait au bout de cette aventure. Je voulais voir ce que j’allais gagner à accomplir cette série d’épreuves.
Et si, comme dans tous les « Zelda » j’espérais avant tout que le jeu m’offre un outil capable de révolutionner mes aptitudes, dans le cas particulier de « Breath of the Wild » j’estimais aussi être en droit d’attendre un élément d’intrigue supplémentaire ; un regard nouveau sur ce monde.


Le premier, je l’ai eu, et je le trouve juste ultra pertinent.


(« Breath of the Wild » étant un jeu où on se balade en permanence, nous refiler une moto c’est à la fois purement accessoire mais en même temps ça peut clairement apporter, dans certaines circonstances, un vrai confort supplémentaire de jeu.
Bref, la définition même d’une aptitude offerte par un DLC… Et puis au-delà de ça : rien que pour le concept même de la moto – totalement dans l’état d’esprit anachronique d’un Zelda – je ne peux que valider l’idée.)


Par contre, en ce qui concerne le second point – l’élément d’intrigue supplémentaire – eh bah…
Eh bah justement ça nous ramène à ce problème de narration !


Ce qui me frustre c’est qu’au fond, les gars avaient su trouver la bonne idée.
En gros, le principe narratif de cet « Ode aux prodiges », c’était d’en faire une sorte de back story sur le passé de Link en tant que prodige.
Parce qu’après tout, depuis le début du jeu on nous fait comprendre qu’avant de se réveiller à moitié nu dans le Sanctuaire de la Résurrection, Link avait un passif ; un passif durant lequel il était devenu le prodige des Hyliens.
Or, l’idée de ce DLC, c’est justement d’amener Link a (re ?) passer les épreuves réservées aux prodiges, afin de faire en sorte qu’il puisse acquérir les pleins attributs liés à son statut…
Et donc, oui – j’insiste – c’était vraiment une super idée.


Ce qui, par contre, est juste merdique, c’est que cette idée, je ne la saisisse pleinement qu’une fois arrivé dans la dernière épreuve de l’aventure !
Alors d’accord - Mea Culpa - j’aurais dû être plus attentif lors des quelques lignes de texte qui me présentaient les enjeux de ce DLC avant que je m’y lance. C’est vrai…
Mais d’un autre côté, est-ce que le problème n’est pas justement là ? Tout un DLC présenté simplement par un petit texte et c’est tout ?
Mais comment tu veux que je prenne la mesure de ce qu’on va m’offrir si on ne met à ma disposition qu’une simple notice basique ?
Et derrière ça, la seule chose concrète qu’on m’offre pour m’immerger dans cette aventure c’est une vieille lance pourrie qu'on laisse trainer là comme n'importe quel objet lambda ?!
Mais non ! Je suis désolé mais ce n’est pas comme ça qu’on fait !


Moi, franchement, quand j’ai commencé ce DLC, je ne voyais absolument pas où il voulait en venir.
Dès que j’ai récupéré la tétra-lame on m’a juste balancé dans la nature en mode : « attention maintenant tout se joue en mort-subite ! » Sympa. Mais de 1, c’est chaud. (Sympa mais chaud.) et surtout, de 2, je me souviens bien que moi, à ce moment là, j’avançais encore dans ce DLC à tâtons sans savoir quelle allait en être la finalité !
Qu’est-ce qui m’attend dans ce DLC ? Seulement du combat en mort subite ou bien aussi autre chose ?
A ce moment là, on ne nous annonce pas les sanctuaires.
On ne nous annonce pas le donjon final.
On ne nous annonce même pas la finalité de l’épreuve !
Mais MERDE quoi !


Je suis désolé, mais le plaisir d’une aventure passe aussi par tout ce jeu d’attente, de mise en bouche, de projection…
Quand on joue à « Breath of the Wild » on nous pose dès le départ le combat contre Ganon comme étant la finalité de notre épreuve ; on prend la peine de nous teaser à mort les quatre créatures divines ; on insiste sur le mystère qui tourne autour du destin de la Princesse Zelda.
Autant d’éléments qui font que, pour chaque épreuve, le simple fait d’y arriver, de s’y confronter et de la surmonter, sont autant d’étapes chargées d’une certaine émotion.
Or, à traiter ainsi par-dessus la jambe son entrée en matière, eh bah ce DLC m’a clairement privé de toute ces émotions-là et je lui en veux.
Clairement.


Je lui en veux parce que je trouve que, dans une logique de DLC, cet « Ode aux prodiges » fait quand-même vachement bien le boulot.
Certes c’est un kyste, certes c’est une aventure réduite mais, l’un dans l’autre, il parvient malgré tout à bien s’intégrer au jeu original. Elle s’intègre même tellement bien au final qu’elle m’a carrément permis de questionner l’œuvre originale.
Moi, quand j’ai fini « Breath of the Wild » je me souviens que j’ai regretté qu’on ne puisse pas jouer dans un Hyrule enfin totalement débarrassé de Ganon. Au regard de l’intrigue, pour moi, ça aurait eu du sens. Ça aurait même pu être drôle que le jeu nous laisse nettoyer entièrement le monde, profitant de la disparition de la lune de sang.
Alors je sais, c’est anecdotique ce que je dis là, mais en finissant cet « Ode aux prodiges », j’ai justement regretté qu’on me dise à la fin...


« allez, maintenant tu es encore mieux armé pour combattre Ganon… »


Bah ouais mais sauf que dans ma tête, Ganon je l’avais déjà vaincu.
Et quand j’ai fait cet « Ode aux Prodiges », j’y ai vraiment joué comme un Link qui, après le combat, s’interroge sur son passé de prodige.
Pour le coup je l’ai vraiment vécu comme une aventure additionnelle – et je trouve qu’elle marchait très bien comme ça – si bien que ça m’a doublement fait regretter ce choix de ne pas pouvoir vivre dans un monde post-Ganon.
Vu que de toute manière on ne pouvait pas accéder à ce DLC sans avoir vaincu les quatre créatures divines, moi je trouve qu’ils auraient dû carrément acter le fait que ce DLC se passait après la victoire finale. Mieux encore, ça aurait été génial que – justement – l’un des aspects de ce DLC ce soit de pouvoir vivre dans un monde post-Ganon.
Voire même – mieux encore – qu’il faille commencer par vaincre à nouveau Ganon pour y avoir accès. Mais bon, là je m’égare peut-être…


En tout cas, à bien faire le bilan de ce tout premier DLC de mon histoire de joueur, je trouve qu’au final l’expérience en a été quand-même globalement gratifiante.
Certes, cet « Ode aux prodiges » est narrativement très frustrante, mais je dois bien lui reconnaître qu’entre l’épreuve à la tétra-lame, les vingt sanctuaires supplémentaires ainsi que le nouveau donjon final, on a vraiment à faire là à une aventure additionnelle qui sait faire le boulot sans jurer. Un produit honnête, respectueux à la fois de l’œuvre et du joueur.
Donc l’un dans l’autre, moi je valide…

Créée

le 22 avr. 2019

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