Il n’aura suffi que d’un nom, celui d’Akira Yamaoka, pour que le nouveau jeu de la Bloomer Teams attire mon attention. Leur précédente création, Observer, ne m’avait pas spécialement convaincu malgré ses qualités artistiques évidentes, c’est donc indéniablement le renfort de Mr Silent Hill qui m’aura fait lancer The Medium, leur nouvelle création.
Autant le dire de suite, si je suis venu pour lui, ce n’est pas non plus grâce à lui que je suis resté. Si sa composition reste de bonne facture, mention spéciale aux pistes impliquant la fabuleuse Mary Elisabeth McGlynn, c’est bien l’ambiance du titre et son scénario qui m’auront accroché jusqu’au bout.
Marianne est une médium capable d’évoluer dans deux univers simultanément, le nôtre et celui ô combien torturé des esprits. Répondant à un appel à l’aide, elle va se rendre dans un complexe hôtelier abandonné ou des évènements dramatiques se sont déroulés des années auparavant. Les pouvoirs psychiques de Marianne vont ainsi lui permettre de progresser dans son enquête et de recoller les morceaux jusqu’à comprendre la véritable nature des évènements qui se sont déroulés là-bas.
Cette enquête, qui mêlera de façon assez inattendu l’intime au surnaturel, va révéler son lot de drames et de rebondissements. Refusant une certaine linéarité dans la façon de narrer les évènements passés, il nous appartiendra de rétablir une chronologie cohérente au fur et à mesure de nos découvertes. S’il n’y a aucune place pour l’interprétation, l’histoire suivant des rails jusqu’à son dénouement, toutes les clés nous sont données pour recréer nous-même le puzzle.
Ame sensible s’abstenir, le jeu aborde la noirceur humaine dans ce qu’elle peut avoir de plus sordide et malsaine. Beaucoup de passages se révèlent inconfortables, que ce soit au travers des faits relatés que par les propos tenus par certains personnages…ou une certaine chose.
Notre héroïne va effectivement, et à plusieurs reprises, croiser le chemin d’une entité malfaisante, un monstre, capable de traverser les dimensions. Si ces rencontres font indéniablement monter le trouillomètre d’un cran, notamment à cause de l’incroyable présence vocale du doubleur et de son texte insupportable, elles restent mécaniquement trop rudimentaires pour représenter un véritable challenge.
Dans les faits, il vous faudra systématiquement lui échapper, soit en usant de discrétion, soit en rushant. Entre infiltration et courses poursuites à connaitre par coeur, ces phases de gameplay se révèlent trop simplistes et répétitives dans leur ensemble.
Cette relative facilité se retrouve également dans les énigmes qui nous sont proposées et qui consistent bien souvent à déplacer un objet d’un point A à un point B pour poursuivre notre progression. On se retrouve souvent à la limite du point & click, à ceci près que l’on a rarement plus de trois objets sur nous en même temps et que les bonnes combinaisons sautent aux yeux.
Là ou The Medium aurait pu, et du, se démarquer, reste lors des phases à écran scindé ou Marianne évolue dans les deux dimensions simultanément. Charge à elle d’actionner tel ou tel mécanisme, souvent électrique dans le monde réel et magique dans le monde des esprits, dans l’un pour aider son double à progresser dans l’autre Au-delà de faire tousser le framerate, ces passages ratent toutefois l’occasion de complexifier d’avantage notre progression.
Difficile de dire que le gameplay est donc fondamentalement raté, mais le manque d’idée se fait sentir, contrairement à l’ambition artistique du studio qui vient chatouiller la rétine grâce à une DA glauque, lugubre parfois, mais saisissante de beauté et de détails. Les développeurs ont clairement concentré leurs efforts là-dessus et le résultat s’avère particulièrement réussi.
The Medium n’est pas le nouveau Silent Hill mais n’en demeure pas moins une superbe aventure narrative teintée d’horreur. Plombé par des phases de gameplay peu intéressantes mais fort d’une ambiance visuelle et sonore percutante, la Bloomer Teams nous délivre un récit captivant ou le mal est omniprésent.