The Medium
6.2
The Medium

Jeu de Bloober Team et Akira Yamaoka (2021PC)

Honnêtement, j'ai compris dès le départ que j'avais au bout de mon clavier un jeu plutôt modeste, très classique, aux ambitions mesurées venant d'un petit studio Polonais. J'ai accepté le contrat me disant "on est pas là pour buter des monstres mais apprécier l'ambiance et le scénario". Soit !


HISTOIRE ET CONTEXTE :



  • Le jeu nous met aux commandes de Marianne, une Polonaise adoptée aux pouvoir surnaturels qui doit enquêter sur un certain Thomas qui semble la connaître, et... et bien c'est tout. Les enjeux de The Medium ne tiennent qu'a ça, qui est Thomas, et d'où viennent nos pouvoir. Donc l'intrigue a pour objet de faire une introspection de notre héroïne plutôt attachante et réservée, qui nous raconte à la première personne ses pensées et son aventure. Là où dans Control c'était insupportable et mal foutu, ici la narration est pensée de A à Z pour que l'on suive Marianne dans toutes ses inspirations, et ça marche plutôt bien (donc rien de choquant à la voir monologuer 80% du temps). Le contexte est cool, l'ambiance froide et posée marche très bien, mais globalement ça ne fait jamais peur, on est plus sur du Stephen King très soft qu'un Resident Evil, dont The Medium ne reprend que vaguement le gameplay à l'ancienne. C'est à dire une caméra plus ou moins fixe avec des contrôles laborieux (on y reviendra).


Car oui The Medium semble vouloir marcher dans les pas de ses ainés comme la licence de Capcom ou Silent Hill. Sauf que... on est bien loin, trèèèèès loin d'un survival horror exigent avec des séquences malsaines et dérangeantes. Comme je l'ai dit on est plutôt face a du fantastique, un tout petit gore, mais ça reste gentillet, peut être trop pour se démarquer et s'offrir sa propre patte, sa propre voie.


GRAPHISME ET DIRECTION ARTISTIQUE :



  • Évidemment le visuel, c'est le gros point fort du jeu et ce qui a frappé les esprits lors de son annonce. Certes techniquement c'est pas dingue et l'optimisation est aux fraises (oui le jeu demande énormément de ressources, sans raison), par contre le monde des morts est absolument sublime, magnifique, dérangeant et d'une beauté macabre saisissante. Inspiré (voir pompé en fait, littéralement) des tableaux de l'artiste Beksinski, spécialiste de l'architecture organique qui ferait écho à un certain HG Giger (alien tout ça tout ça), le jeu envoie du pâté artistiquement parlant et chaque escapade dans l'au delà est une occasion de se dépayser. C'est sombre, torturé sans trop en faire, déprimant et cauchemardesque à tout les niveau. Rien à redire c'est une D.A de maître.


GAMEPLAY :



  • Si la charte visuel du jeu est une réussite, le gameplay est son total contraire, et c'est, je dois l'avouer, ce qui m'a fait arrêter The Medium. Les contrôles et la lenteur de Marianne sont satanique, j'ai pas d'autres mots... Soyons clair, ça ne me dérange pas de jouer comme dans les premiers Resident Evil, bien au contraire je suis amateur des expériences old school, là n'est pas le soucis. En revanche que Marianne se traine le cul durant tout le jeu c'est impardonnable ! C'est encore plus lent, lourd et maladroit que les jeux du même style des années 90. La jeune femme arrive tout juste à trottiner, et quand vous devez effectuer des allez-retour dans toute la carte à la vitesse d'un escargot c'est pas possible d'y prendre plaisir. D'autant plus que la lenteur extrême du personnage n'est pas là pour donner un sentiment de faiblesse puisqu'il n'y a pas de phase de combat pour vous faire stresser (tout juste certaines séquence scriptées et très courtes).


De même, on ne vous demandera jamais de résoudre des énigmes complexes ou d'utiliser votre tête pour prendre tel ou tel objet puisque la solution se présente à vous d'elle même, vous n'avez jamais a réfléchir ou a douter. Il faut juste avancer à pas de grand-mère dans des couloirs là où le scénario vous demande d'aller. The Medium n'est qu'un couloir scripté, il n'y a ni armes, ni gestion de la santé, ni inventaire à proprement parlé, ni quoi que ce soit d'autre que marcher mollement. On aurait pu en effet résumer le titre en une expérience sensorielle et immersive, mais cela vous ait interdit puisque clavier/manette en main y'a aucun plaisir ou initiative de votre part. Même l'idée de scinder en deux l'écran pour gérer à la fois le monde matériel et le monde des morts est sous exploitée, on en fait rien du tout, c'est gadget et on a pas de possibilité de jeu supplémentaire dans un monde ou dans l'autre (sauf appuyer sur une touche en marchant pour se protéger de papillons de nuits... super) Y'a pas de gameplay, du tout.


DURÉE DE VIE ET REJOUABILITÉ :



  • Comme je l'ai dit je n'ai pas eu la force d'aller au bout parce que je m'ennuyais trop, mais il parait qu'en 12h c'est plié, et vous n'aurez pas de mode de difficulté en plus (puisque y'a pas de gameplay). Donc rien à en dire.


BRUITAGE ET SON :



  • Là on relève le niveau puisque les musiques sont époustouflantes et épousent parfaitement l'ambiance oppressante et morne de votre périple surnaturel. Le sound design est bien réussi, les pleurs d'enfants, les râles dans les couloirs, le doublage, c'est nickel et on se surprendra même a s'arrêter dans certains environnement pour apprécier, juste comme ça, les musiques de fond et le souffle des arbres.


LA CONCLUSION :



  • Même en tolérant le faible budget du studio et sa modestie qui lui est propre, il y a des défauts qui se pardonnent pas et auraient pu être évités ou corrigés. Beaucoup de bonnes idées et de potentiels à peine effleurés qui ne sont que des artifices pour cacher un jeu maigre en contenu, et qui n'a pas grand chose dans le ventre. Même question horreur ou effroi il faudra repasser. Oui c'est beau, oui c'est immersif, oui Marianne est sympa, mais c'est vide, sans substance, et ça ne se joue pas, ça se regarde... C'est bien de vouloir rendre hommage aux grands jeux vidéos d'horreur et au regretté Beksinski, faut-il encore que ça dépasse le simple argument marketing. The Medium est un jeu rouillé, qui semble avoir été développé dans un autre age et ne parvient même pas a donner le minimum syndical d'un survival horror indé. C'est comme si on jouait à un jeu qui avait inventé le genre avec toute les maladresses que ça implique en étant un pionnier, sauf qu'on est pas en 1980 mais en 2021...


Les plus :



  • environnements magnifiques inspirés des peintures de Beksiński

  • ambiance sonore maitrisée

  • personnages attachants

  • une pologne post soviétique peu vus dans les jeux vidéos

  • immersif


Les moins :



  • contrôles pachydermique

  • histoire prévisible sans rebondissement

  • absence de réel gameplay

  • trop proche d'un walking simulator horrifique

  • moteur gourmand pour pas grand chose

Payn
5
Écrit par

Créée

le 1 juil. 2021

Critique lue 384 fois

5 j'aime

Payn

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