The Witcher 1 en désépaissi et défroissé
The Witcher 2 est le second témoin du talent de CDProjekt. Tandis que le mastodonte Bethesda continue de façonner ses Elder Scrolls sur un principe d'open-world et de liberté, le studio polonais accentue encore son travail sur la mise en scène et l'écriture. Et les joueurs aiment ça.
Premier constat : la réalisation globale, qui a l'effet d'un éclat lumineux éblouissant la vue. On arrive à un standard très élevé en matière technique comparativement à ce qui a été vu sur d'autres RPG, et la direction artistique n'a pas non plus été blackboulée. Le jeu se divise en trois actes qui délimitent trois ensembles d'environnements bien distincts et qui ont tous fait preuve de finitions rarement atteintes dans un jeu vidéo. On est à l'extrême opposée de décors étendus mais moins remplis à la Skyrim, ici point de donjon inutile, chaque zone aura un intérêt, lié à une quête principale ou non. La bande sonore est de qualité mais je regrette un peu le nombre restreint de thèmes à côté de son illustre prédécesseur. En revanche, le doublage (anglais pour moi) est toujours aussi écoutable avec intérêt, mention particulière à la voix rauque de Geralt. La narration côtoie le très bon et on suit toujours l'intrigue avec suivi, mais attention à l'addiction car l'histoire se finit très vite : le compteur m'affiche 30 heures et pourtant j'ai fait une grande majorité de quêtes annexes. Petit regret donc, par rapport au premier opus qui en plus d'avoir plus de contenu global -et non inférieur en qualité- proposait des ambiances et atmosphères m'affectant plus.
Toujours est-il que l'on joue à The Witcher pour son respect du travail d'ornement des développeurs : peu de déchets à déplorer malgré un troisième acte très court et dénué d'exploration. Et toujours cette joie intacte d'incarner un vrai bonhomme, le Sorceleur, qui compose pour moi et pour d'autres le panthéon des héros de JV de cette génération, avec Kazuma (Yakuza) ou Kaim (Lost Odyssey). Des hommes de sagesse et de raison, actant dans des univers en tumulte et ayant toujours ce côté mélancolique et nostalgique d'époques passées. L'impact des choix sur le déroulement du scénario est conservé et la rejouabilité du titre est bien là si l'on souhaite découvrir les principaux embranchements possibles.
The Witcher 2 n'est peut-être pas égal au premier, mais il garde la patte des vrais RPG occidentaux : dialogues et écriture chiadés, quêtes d'intérêt et univers fouillé. Mon regard sur le troisième opus est suspicieux vu l'aspect open-world mis en avant, mais je garde ma confiance envers CD Projekt, un des rares studios aux très bons jeux et qui ne considère pas les joueurs comme des portes-monnaie humains.