Tellement beau qu'on en pleure
Comme beaucoup à l'époque, mais toujours aujourd'hui, mon premier constat fut que la beauté visuelle est partout. Par les jeux de lumière, les panoramas (assez timides cela dit), les textures bien nettes comme il faut, ou encore par les visages des différents protagonistes, on s'extasie durant ce long périple. La forêt du chapitre 1 est vivante, la ville des nains du chapitre 2 est pratiquement palpable, et les ruines du dernier acte inspirent ce sentiment de vieillesse. Respect.
Bon d'accord, il y a un effet de bloom parfois un peu abusé, des problèmes de contraste qui change tout seul sans raisons, et des maigres bugs visuels, mais franchement, ça claque, et ça fait plaisir. Même en 2015, ce jeu reste une claque tout à fait comparable à ce qu'on peut trouver sur le marché "next-gen" (comprenez remasterisations HD d'anciens jeux à l'heure où je vous parle).
Au-delà des graphismes, et avant de parler du fond, il faut également souligner la qualité des doublages anglais (les seuls que j'ai testé) mais aussi la bande-son, tantôt épique, et tantôt reposante. Je ne la qualifierais pas de parfaite pour autant, étant parfois légèrement à côté de la plaque, mais c'est du beau boulot, très sincèrement.
Tellement chiant qu'on en pleure
Mais tout n'est pas rose dans ce second épisode des aventures de Geralt de Riv. Le gameplay façon jeu de rythme a laissé sa place à un pseudo-système hack'n slash inintéressant au possible et inintéressant au possible. Je vous ai déjà dit que c'était inintéressant ? PS : c'est inintéressant. Non mais vraiment hein. Personnellement, après le premier acte et son boss de fin complètement craqué, j'ai décidé de passer le jeu en mode facile, non pas tellement que je sois un noob, mais surtout parce que moins les combats duraient, et mieux je me portais. A part mitrailler les coups d'épée en les agrémentant de quelques sorts bien sentis, vous n'allez rien vivre d'extraordinaire.
Pire ! Pour mieux coller aux bouquins dont les jeux sont inspirés, les développeurs ont supprimé quelques features pourtant essentielles, comme la possibilité de boire des potions en plein combat. Là où le premier Witcher offrait cette sensation d'être un witcher, justement, par son côté "je me prépare au combat, je réagis, je bois ma potion, j'esquive, je frappe au bon moment, ...", ici il n'en est rien. Comment voulez-vous que les potions aient un intérêt alors que les trois quarts du temps vous ne pouvez pas prévoir l'arrivée d'un boss ? Et après, si vous ramez et que vous voulez boire votre fichue potion avant celui-ci, il faudra recharger une vieille sauvegarde et se retaper tous les dialogues ...
Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais honnêtement, je me suis bien ennuyé sur les phases de jeu.
Tellement prenant qu'on en pleure
Alors pourquoi cette bonne note ? Parce que le reste est génial. Le scénario est vraiment sympathique, même si j'ai rarement vu une fin aussi bordélique. Franchement, j'ai du aller voir des explications sur internet pour être sûr d'avoir tout compris, tellement que
tout le monde trahit tout le monde, puis re-trahit encore par derrière pour être sûrs.
Je vous avouerais qu'à partir de l'acte 3, je n'y comprenais plus grand chose.
Mais surtout, ce qui est exceptionnel dans Witcher 2, ce sont les choix moraux : de ma vie, je n'ai jamais vu un jeu avec des choix moraux ayant autant d'impact. C'est bien simple, selon votre choix final de l'acte 1, les actes 2 et 3 seront totalement différents, quêtes, protagonistes, dialogues, autres choix moraux inclus ! C'est franchement sidérant de voir ça, et rien que pour ça, je ne peux que conseiller cette aventure.
On se prend au jeu, parce qu'on sait que nos actions ont un réel impact sur le monde (et, espérons-le, aussi sur Witcher 3, sinon ça ne sert à rien au final). On se sent réellement pris dans cet étau politique, on se sent tiraillé par ces choix, et au final on joue le jeu à fond.
Tout ça pour dire quoi mon p'tit gars ?
Tout ça pour dire que Witcher 2 est autant un grand jeu qu'un jeu perfectible à tous les niveaux. C'est archi-beau, archi-intéressant, et archi-profond, mais c'est aussi super lourdingue à jouer et un peu difficile à cerner.
Mais l'expérience vaut clairement le coup, et je pense que tout le monde se devrait d'essayer ce soft, ne fus-ce que pour l'ambition qu'il y a derrière. C'est propre, c'est long, et les choix moraux sont un beau coup de pied au cul d'une industrie qui adule de plus en plus les illusions de contrôle. N'hésitez pas, et plongez dans les aventures de Geralt, même si vous avez déjà touché au troisième opus.