Si Telltale Games a surpris son monde, c'était surtout ceux qui ne les suivait pas depuis leurs premiers jeux. Parce que les adaptations de comics en point & click avaient débuté avant "The walking dead" avec "Bone". Pas le même design, pas le même minimalisme dans le gameplay mais le matériau, l'écriture et les bases étaient là. Même si la première saison du jeu avec des zombies et une petite fille les a mis sous les feux de la rampe, le côté larmoyant et les errements de la jouabilité m'avaient un peu dérangé.
Là on suit une toute autre progression avec un jeu uniquement basé sur l'ambiance, les dialogues et l'action. Pas une action complexe, mais à la mesure de Bigby Wolf, une action simple voire simpliste, brutale et concise. Peu de jump scares, peu d'angoisse monstrueuse latente mais une univers parfaitement cohérent, une ambiance "film noire" incroyable, une direction des personnages excellente et surtout une caractérisation finement amenée. Si "The walking dead" menait à l'interrogation du joueur quant à son implication dans les situations rencontrées (est ce qu'il vaut mieux sacrifier le sympa inutile ou le connard expert en survie ? est ce qu'il vaut mieux voler de la nourriture et sauver ceux qu'on aime ou est ce que la morale doit survivre à la mort de la société ?), autant "The wolf among us" se concentre véritablement sur les personnages, ce qui les caractérise et la place qu'ils occupent au sein de leur communauté et par glissement au cœur de l'enquête.
Et c'est là que réside le grand intérêt de cette première saison. Car autant on peut s'attacher au personnage principal, autant les secondaires / annexes s'affirmer comme bien plus que ce qu'ils semblent être. Même le personnage "méchant" devient plus complexe qu'il n'y paraît, et souvent le monstre qu'on souhaitait fracasser quelques épisodes plus tôt devient un être aux convictions justifiables et aux décisions logiques.
Si les fables passent au fur et à mesure de personnages de contes à des êtres à part entière, c'est grâce à cette première saison qui reprend un gameplay minimaliste, une écriture des personnages excellente, une sombre affaire à tiroir particulièrement difficile à cerner pendant plus de la moitié de la série, des caractères étonnamment logiques et une fin encore plus incroyable que le reste de la narration. Une vraie réussite narrative. Une grosse envie de retrouver ces personnages...