Les Ripoux

Il y a plus d'une dizaine d'années je considérais les jeux trop courts comme une perte d'argent. Faut dire aussi que n'étant pas majeur, je n'avais pas forcément de quoi me payer un jeu par mois (même en promotion) et je n'étais pas forcément aussi patient qu'aujourd'hui (au point d'attendre parfois plus de cinq ans avant de jouer à un jeu déjà sortit).
Aujourd'hui, ce n'est heureusement plus le cas… c'est même tout l'inverse en fait puisque je préfère jouer à des jeux trop courts qu'à des jeux trop longs : la perte de temps étant alors, d'une certaine manière, plus impactante qu'une potentielle perte d'argent.
En effet, considérant le jeu vidéo comme de l'art, il m'est important aujourd'hui qu'une œuvre vidéoludique soit parfaitement dosée, parfaitement rythmée. Je répugne de plus en plus tout ce qui ressemble à du gras, à de la durée de vie artificielle.

Vous l'avez sans doute deviné, voir même le saviez déjà avant de commencer à lire cette critique, mais This is the Police entre de plain-pied dans cette catégorie de jeu. Clairement, le titre est trop long, beaucoup trop long même, à tel point qu'il aurait clairement gagné à se voir amputer de deux tiers, la faute notamment à une répétitivité bien trop présente.
Le titre est composé de la manière suivante : 5 % de cinématiques avec un aspect bande dessiné simpliste mais réussi ; 5 % de séquences avec des choix à effectuer… et 90 % de gestion fade, répétitive et sans pratiquement aucune évolution.

En effet, sur les plus de 17 heures de jeu affichées sur mon compte Steam, une bonne quinzaine ont été consacrées à cette partie gestion ; partie dans laquelle le principal but est de bien dispatcher nos unités afin qu'elles puissent intervenir dans les quatre coins de la ville, tout en évitant de prendre en compte les éventuels canulars. En quoi la partie gestion est donc limitée ? Fastoche, il n'est par exemple pas possible d'améliorer le commissariat ou d'en créer un autre, d'organiser des rondes dans des coins précis de la ville ou encore d'améliorer les véhicules de la police. Non ! Ici tout est conçu pour faire simple : on a un appel, on envoie le bon nombre d'hommes, puis une fois l'opération terminée ils rentrent tous au commissariat, à quand bien même il y a un autre crime sur la route de retour. Même la gestion des flics est limitée puisqu'ils se contentent d'avoir un score de professionnalisme unique compris entre 10 et l'infini, une jauge de fatigue, et parfois un malus (principalement quand ils ont bu de l'alcool). Il n'y a donc pas de spécialisation pour tel ou tel type de crime ou de délit, ou encore d'éventuels trauma lié à une mission qui aurait déconnée ou due à la perte d'un coéquipier. Encore une fois, tout est très limité, à tel point qu'on a l'impression de jouer à un jeu smartphone.

En plus d'être aussi limité que mon ancien collègue de bureau, le jeu n'arrive pas non plus à évoluer (comme mon ancien collègue de bureau du coup, ça marche aussi). Il y a bien quelques « organisations » avec lesquelles nous allons rentrer en contact durant l'aventure (un syndicat, la mafia locale ou encore l'église qui pour le coup ne sert vraiment à rien) et qui pourront nous venir en aide en échange de quelques billets… mais ça ne va clairement pas assez loin et les seuls liens avec lesquels nous devront faire attention sont ceux de la mairie (qui influe directement sur notre budget et sur le personnel disponible), de la mafia et enfin ceux du commissariat (nos collègues pouvant demander une enquête contre nous).
Les opérations tournent elles aussi trop vite en rond. Certains canulars sont drôles à lire une première fois, mais la plupart se répètent trop souvent. Il y a bien des choix à effectuer lors de certaines opérations, mais là encore, on comprend très vite lesquels faire afin de garder ou non notre personnel en vie. Le seul truc qui évolue un peu au niveau du gameplay ce sont les enquêtes qui nous demandent de reconstituer le déroulement d'un crime ou d'un délit en fonction des divers témoignages entendus. Ça reste là encore très limité, mais tout de même le seul truc qui varie durant l'aventure.

Comme je le disais plus haut, le jeu aurait pu se voir amputer de deux de ses tiers… pas banal ça non ? Le problème vient en fait d'un trop grand nombre de creux entre les différentes cinématiques qui ponctuent l'histoire. On peut facilement passer plus d'une heure sans cinématique et sans aucun rebondissement avant que les développeurs décident de reprendre l'histoire et de balancer toutes les cinématiques d’un coup. Il est à noter d'ailleurs qu'il n'est pas possible « d'accélérer » les journées afin qu'elles puissent se terminer plus vite.
Enfin, les choix à faire ne semblent pas avoir un impact bien important sur le reste de l'aventure et ce n'est pas forcément un mal quand on sait le temps que ça prendrait pour tout refaire. Le scénario reste tout de même sympa à suivre, bien qu'encore une fois, le trop grand nombre de creux fait qu'on a tendance à un peu décrocher.
C'est dommage parce que le titre avait du potentiel. Son concept est plutôt atypique et la direction artistique sympa dans l'ensemble. De surcroit, ayant apprécié Papers, Please ou encore Beat Cop, je m'attendais à tout autant apprécier This is the Police qui semblait être un bon mix entre les deux jeux susnommés… mauvaise pioche donc.

En somme, This is the Police aurait pu être un jeu bien sympathique s'il ne s'avérait pas aussi long. En l'état, le manque de renouvellement et la trop grande répétitivité font que j'ai très vite décroché et que je me suis même forcé à le finir. Dispensable.