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le 1 mars 2015
Si c'est un homme
« Vous qui vivez en toute quiétude Bien au chaud dans vos maisons, Vous qui trouvez le soir en rentrant La table mise et des visages amis, Considérez si c’est un homme Que celui qui peine dans la...
Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
Ça avait plutôt bien commencé. Enfin, compte tenu de la situation.
Lorsque les hostilités se sont déclenchées, le petit groupe avait réussi à trouver refuge dans une grande maison en ruines. En faisant les présentations, on trouvait Katja, une journaliste plus habituée aux interviews dans des cafés qu'aux zones de conflits, Bruno, un ancien chef cuisinier qui avait fait un peu de télé, et Pavle, athlète et star locale pour sa vélocité sur la piste. Un miracle, pour trois pauvres innocents que tout séparait, d'y être parvenus sans égratignure.
Sans attendre, on commença à fouiller les lieux.
En à peine une semaine, à force d'exploration et de récupération, le refuge commençait à retrouver les allures de sa jeunesse d'avant-guerre : certes toujours décrépi, sa façade trouée par un obus constituait un problème évident auquel il allait falloir remédier très vite. Mais à part ça, on avait réussi à refaire fonctionner une vieille chaudière et à bricoler un récupérateur d'eau de pluie. A l'étage, Katja dormait sur un lit de fortune, épuisée par son dernier voyage dans le blocs d'immeubles qui faisaient face à leur appartement.
Dans l'atelier, occupé depuis quelques jours par Bruno qui avait troqué sa toque pour un tournevis et un marteau, une vieille radio crachotait les accords de guitare d'un obscur groupe punk slave, tandis qu'à l'extérieur, les obus et la mitraille continuaient leurs fracas. Les réserves de nourritures n'étaient pas bien garnies, mais l'idée taraudait les survivants de commencer un petit jardin et d'installer quelques pièges. Un vendeur ambulant, quelques jours auparavant, leur avait échangé un peu de matériel contre quelques cigarettes, devenues une monnaie en ces temps difficiles.
Et puis, les choses ont empirées. A la tombée de la nuit, Katja, comptant sur son joli minois et sa diplomatie, avait décidé d'aller fouiller le vieux supermarché pour trouver de quoi manger. Arrivée sur place, elle commença à examiner les débris à la recherche de matériel, de bois, ou, miracle, de la boite de conserve intact qui pourrait permettre à ses amis de tenir. Un bruit attira son attention. A travers les portes vitrées du supermarché, elle aperçut une silhouette. L'homme semblait lourdement armé, mais aussi distrait par quelque chose. En faisant le moins de bruit possible, Katja s'approcha pour y voir plus clair. Elle vit alors l'homme lever une mitraillette pour en abattre la crosse sur la tempe d'une jeune fille en pleurs, que Katja n'avait pas pu voir auparavant. "Tu vas faire ce que je te dis, salope ! Maintenant avance !"
C'est là que l'évidence, dans toute son horreur, frappa la journaliste. Bien sûr, elle envisagea un instant d'aider la pauvre gamine, à peine plus jeune qu'elle, mais elle n'avait que ses poings, un sac à dos rempli de quelques bouts de matériel et son estomac vide contre les 90 kilos et l'équipement militaire de la brute avinée. Les larmes aux yeux, elle se recroquevilla dans le recoin de la porte, et vit le soldat conduire la fille vers l'arrière du magasin. Sans perdre une minute, Katja s'enfuit, courant comme si le diable était à ses trousses. Ça aurait pu être elle.
Arrivée à la maison, encore sous le choc, Katja vit la porte fracassée. A l'intérieur, l'attendait Bruno et Pavle, ces deux compagnons d'infortune. Le cuisinier avait l'air hagard, et une vilaine coupure lui barrait le front. Quant à Pavle, il ne pourrait pas courir de si tôt : on lui avait cassé la jambe. Les pillards avaient été rapides, et très efficaces : seuls la nourriture et les quelques bandages du groupe les intéressaient. Déjà, dehors, le soleil se levait et on commençait à entendre le son des combats.
C'était la guerre. Et elle avait l'air partie pour durer.
This War of Mine, c'est un jeu indépendant qui vous met en contrôle d'un petit groupe de survivants, alors que la guerre vient d'éclater dans leur ville. C'est un curieux petit mélange des genres : de la 2D, un chouilla de plate-formes, de l'infiltration, du crafting, de la gestion, saupoudrés de quelques mécaniques de rogue-like : pas de recharge et mort permanente.
L'ambition, faire vivre au joueur ce qu'est une guerre, telle qu'il a le plus de chances de l'expérimenter : en se la prenant sur le coin de la tronche.
Pari complétement tenu en ce qui me concerne, via un storytelling de qualité, grave, mais loin d'être complétement déprimant, et un gameplay assez simple, mais autorisant de nombreuses approches. C'est le genre de jeu qui stimule vos méninges, non seulement parce qu'il demande un peu de stratégie, mais aussi parce qu'il a l'ambition de traiter d'un thème d'actualité, de manière très fouillée.
L'objectif : tenir jusqu'à la fin de la guerre, qui peut survenir n'importe quand à partir d'une vingtaine de jours. Enfin, si vous avez du bol, j'ai cru comprendre que ça tournait en général plutôt autour d'une trentaine, voire quarantaine de jours.
Son gameplay est assez simple : vous cliquez quelque part, le survivant sélectionné y va ou interagit avec le truc sélectionné. Vous cliquez deux fois, le survivant y court.
Chaque journée se décompose en deux phases : jour/nuit, qui durent chacune une dizaine de minutes.
A côté de ce découpage de base, la situation générale évolue avec le conflit : certaines zones deviennent inaccessibles à cause des combats ou d'un bombardement, des pillards prennent le contrôle des zones mal défendues. And of course, after a while, winter is coming.
Vos survivants, piochés parmi une vingtaine de possibilités, ont toutes les tares des humains normaux : ils ont faim, ils tombent malades, quand on leur tape dessus, ils se blessent.
Et comme si ça suffisait pas, ils ont des sentiments aussi ! C'est cool si vous avez des livres ou une guitare (et quelqu'un qui n'en joue pas comme un pied), ça permet de passer le temps et de remonter le moral de tout le monde. Ça l'est moins quand vous avez été obligé d'aller piquer de la bouffe au papi malade d'en face parce que vous creviez la dalle. Même si c'était lui ou vous, l'ambiance risque d'être assez morose pendant quelques jours au bercail.
Gérer le moral des réfugiés tout comme leur santé est donc une priorité : vous ne voudriez pas qu'un dépressif se barre avec vos dernières victuailles ou tue votre cuistot sous le coup de l'émotion.
Comme les humains normaux, ils ont tous une histoire différente et des ressentis différents par rapport aux situations : autant la journaliste aura tendance à s'émouvoir facilement devant les petits actes de gentillesse ou les saloperies ordinaires, autant l'ancien soldat n'en aura pas grand chose à foutre.
Ils ont aussi différentes caractéristiques : la journaliste négocie bien, mais est assez émotive, alors que le pompier est plutôt rapide pour fouiller les débris et peut porter plus de choses. A vous de prendre en compte forces et faiblesses de votre groupe de départ pour savoir comment vous allez vous en tirer.
Quelques points faibles :
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les jeux les plus joués en 2014, Comme un parfum de masochisme : Jeux de 2015, Les meilleurs jeux de survie, Les meilleurs jeux de gestion et Les meilleurs jeux indépendants sur PC
Créée
le 21 déc. 2014
Critique lue 792 fois
8
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