Dans To the moon, la grande majorité des mécaniques de jeu sont purement contextuelles et inintéressantes. Liées à l'histoire du jeu : le boulot de nos deux scientifiques c'est de récupérer ces petites sphères de couleurs (pour pouvoir trouver les bons souvenirs, qu'ils modifieront). Cette recherche n'a aucun intérêt sur le plan ludique.
Et c'est formidable. C'est une violente lettre à l'apparence douce adressée à tous ceux qui pensent que le jeu, dans le jeu vidéo, est important. Le jeu vidéo porte mal son nom : il n'est qu'un support permettant de créer des choses, parfois des oeuvres, interactives. Aucun rapport avec le ludique. To the moon rappelle les RPG snes en 2D, mais il roule sur des jeux comme Secret of mana. Ce dernier n'avait aucun scénario et n'était pas plus intéressant niveau gameplay, To the moon et Secret of mana sont tout à fait comparables, la seule vraie différence entre les deux est que To the moon a des dialogues, et une bonne histoire. Et ça en fait un bon j... une bonne oeuvre interactive. Alors que Secret of mana c'est pourri.
L'histoire de To the moon est bien construite. Elle s'amène avec suspense, humour, de façon un peu lente, mais, contrairement à 99% du jeu vidéo, quand même à toute allure car elle ne s'embarrasse pas de phases de levelling et autres gameplays relous et hors sujets. To the moon se centre sur les qualités qu'il propose, il ne rallonge pas artificiellement la durée de vie. Au moins dans la forme, il brille.
Dans son fond, il nous propose une histoire d'anticipation sur une société du futur proposant de modifier ses souvenirs pour donner l'impression de vivre, à travers un souvenir (ou d'avoir l'impression d'avoir vécu, réellement, je n'ai pas bien compris quelle était la nuance exacte mais ce n'est pas très important), un ultime rêve justement.
Les personnages continuent de dire des choses amusantes dans les situations critiques (tout en y étant sérieux) ils prennent parfois des décisions un peu "folles" tout en étant sympathiques, contrairement aux oeuvres en général qui vont nous présenter une idée normale avec une grosse mise en scène américaine pourrie, des personnages qui froncent les sourcils trop violemment et tout.
Oui, l'histoire de To the moon est bien, et ça, ça compte. Je ne peux cependant pas (pour le moment en tout cas) faire une analyse plus développée à son sujet. J'ai juste une chose à dire pour le moment (spoilante, si vous ne l'avez pas fait) : les deux scientifiques font tout pour faire se réaliser dans sa mémoire, son rêve, alors qu'il peut mourir d'une minute à l'autre. Au final ils y arriveront, et ils mourra juste après, et ses souvenirs seront donc effacés, ils n'auront fait tout ça que pour ces quelques secondes. Ainsi, ils dédient leur vie, par leur travail, au respect des gens jusqu'à leur dernière seconde de vie, quand bien même c'est superflu, et lié à l'imaginaire.
J'ajoute pour finir que, si ce design en pixel art est sympathique, il n'est, pour la mise en scène, que trop peu permissif. To the moon utilise très bien RPG Maker sur ce plan-là, la mise en scène est vraiment excellente pour les moyens utilisés, mais malgré tout, si ça avait été un film ou une série ça aurait pu permettre de mettre plus de nuances et de profondeur dans les personnages, par exemple. Mais il faut bien comprendre que tout le monde n'a pas les moyens de tourner un film.
Deuxièmement, rappelons bien que l'avantage d'un "jeu vidéo", c'est de permettre des interactions. Dans toutes les oeuvres, certains vont s'intéresser à des détails et d'autres non, là c'est pareil, certains vont aller cliquer sur les tables et les lampes de chevet pour voir ce que ça donne, ce que le personnage nous en dit, et d'autres non. J'attends un jeu qui se sert de ce type de choses totalement secondaires, non ludiques, pour nous proposer des trucs (histoires, quêtes, personnages...) annexes (à travers des tables et des lampes de chevet oui).
Certains joueurs vont tenter de faire des choses totalement absurdes et improbables, et voir que l'oeuvre interactive les permet tout à fait, volontairement, que ça fonctionne, alors que d'autres joueurs poursuivront l'aventure normalement, sans le savoir. Ce n'est pas ce que permet To the moon, mais il est l'un des précurseurs vers ce genre d'interactions plus extrêmes. C'est bien le problème des jeux actuels qui se veulent permissif, comme les jeux Bioware. On peut y être bon ou méchant, mais dans les deux cas on nous propose déjà toutes les phrases et interactions nécessaires pour faire les choses, il n'y a qu'à cliquer. Il faudrait l'accès à de "bonnes fins de jeux", (mais pas forcément toujours manichéennes) plus difficiles, par des interactions absolument pas clairement affichées (mais juste logique, selon les gens, par les pensées du joueurs, ceux qui arriveraient à les imaginer).
J'apprécie aussi le souci du détail : dans To the moon, on ne peut pas marcher physiquement sur les lapins, mais on peut leur marcher dessus en étant immatériel.
