Lara passion trekking extrême

Comment on peut prétendre une seule seconde que dans ce "retour aux origines" Lara Croft est une fragile jeune femme ne demandant qu'à être protégée par le joueur des méchants vilains pas beaux ? Je pense plutôt que Lara est un terminator qui ne connaît ni la peur, ni la fatigue, ni la septicémie. Ce qui tombe bien, puisque je craignais qu'on ait massacré l'héroïne de mon enfance pour en faire une énième fifille incapable de mettre un pied devant l'autre, comme on sait si bien le faire dans le milieu du JV.

Ceci dit, la résistance physique et psychologique de Lara, quoique très agréable à vivre dans les premiers temps, devient vite un poil agaçante car le réalisme en pâtit : dans un titre vendu comme un jeu de survie, on ne s'attend pas à ce que le personnage principal survive à des chutes de plusieurs mètres de haut, patauge sans broncher dans le sang couvert d'égratignures et abatte d'une traite une douzaine de tireurs.
L'aspect survie du jeu est de toute façon mis de côté et se résume finalement à "ramasser des trucs dans la forêt pour gagner un peu d'xp" ; dommage. Dans la même veine, on peut reprocher à ce Tomb Raider la facilité de son gameplay. Les énigmes des tombeaux sont surtout là pour faire un clin d'oeil aux origines de la saga et rajouter un peu de durée de vie (et encore). Je l'ai complété en mode Normal, par habitude et pour voir si le jeu se corsait vers la fin, mais même le mode Difficile, sans améliorer les compétences de Lara, doit être simple à terminer. Le rythme, quant à lui, est souvent inégal : on alterne entre des phases d'action nerveuses et des phases de collecte d'objets un peu plates.
Malgré tout, le gameplay a l'avantage d'être fluide, parfois jouissif (les tyroliennes !), et offre une aventure sympathique.

Le gros point fort de Tomb Raider réside dans ses environnements, parfaitement servis par des graphismes agréables à l'oeil et une ambiance générale réussie, avec plusieurs vues à couper le souffle. Choisir pour thème principal la culture et la géographie japonaise me semble également avoir été un bon choix.

Enfin, il est certain que la psychologie des personnages est très peu développée, et le rôle de chaque personnage se lit sur son visage. Néanmoins, j'ai pas mal apprécié la relation d'affection entre Lara et son amie, Sam, qu'elle sauve à plusieurs reprises. Il est d'ailleurs assez amusant de voir à quel point les personnages féminins se débrouillent mieux que les personnages masculins, huhu... Le scénario met en place, probablement de manière inconsciente, une sorte de retournement du thème de la demoiselle en détresse, puisque c'est une femme, seule, qui sauve la jeune fille enlevée et va même jusqu'à tenter - avec ou sans succès - de sauver la peau de ses comparses masculins.

Et ça, ça fait du bien. Lara Croft n'est en rien dénaturée, et j'ose espérer que le prochain opus continuera sur cette lancée. Sans se prendre pour un Michael Bay, si possible ?