Supergiant games et moi, depuis toujours c'est une histoire d'amour.
J'adore tous leurs titres et j'attendais déjà la sortie de Transistor à l'époque de son annonce tellement que Bastion avait été pour moi la définition parfaite du "simple et efficace" que j'aime tant!
Ah Transistor… Je me souviens encore de l’avoir lancé à sa sortie, sans trop savoir à quoi m’attendre. Ce second jeu allait marquer quelque chose d’encore plus personnel, de plus élégant. Aujourd’hui encore, c’est l’un de leurs titres que je garde précieusement en tête et même plus que Hades, pourtant bien plus célèbre.
Tout dans Transistor respire l’intention artistique. Que ce soit le choix des couleurs néon, l’architecture élégamment décadente de Cloudbank, ou cette bande-son magnifique signée Darren Korb, portée par la voix douce et mélancolique d’Ashley Barrett. Il y a une cohérence de ton, une atmosphère presque onirique, qui enveloppe le joueur du début à la fin. Rarement un jeu n’a su me parler aussi directement, aussi doucement, avec autant de retenue.
Le système de combat est d’une richesse étonnante. À mi-chemin entre l’action en temps réel et la stratégie au tour par tour, il propose une mécanique de gel du temps qui transforme chaque affrontement en une sorte de chorégraphie mathématique. Chaque compétence que l’on débloque peut être utilisée comme attaque, passif ou effet de soutien, ce qui décuple les possibilités. Et le jeu te pousse doucement à expérimenter, à jouer avec les combinaisons. Le fait de "perdre" temporairement une capacité quand on prend trop de dégâts est une idée brillante, frustrante mais jamais punitive, elle incite à adapter son style en permanence.
Et puis il y a Red. Cette héroïne muette, cette chanteuse à qui l’on a volé la voix… Son lien avec le Transistor, cette épée bavarde habitée par une conscience familière, donne naissance à une relation bouleversante, racontée sans surjeu. C’est un jeu romantique au sens noble du terme, porté par la perte, l’amour, le sacrifice, sans jamais sombrer dans le pathos. On comprend tout ce qu’il y a à comprendre sans qu’un mot ne soit crié.
Alors oui, Transistor est un peu l’oublié de la bande. Il n’a pas la nervosité et l’accessibilité d’un Hades, ni l’effet de surprise de Bastion. Il n'a pas non plus la profondeur scénaristique d'un Pyre, mais c’est un jeu plus silencieux, plus intérieur. Il demande qu’on l’écoute, qu’on se laisse bercer. Peut-être que c’est ce qui a freiné son envol. Peut-être aussi que c’est ce qui en fait une œuvre aussi précieuse.
Personnellement, je l’ai dévoré. Je l’ai ressenti. Et j’y repense encore avec un mélange de douceur et de respect. Un bijou discret, trop souvent relégué au second plan, mais qui mérite amplement sa place parmi les grands jeux narratifs de ces dix dernières années.