Les chroniques du Raptor déchu : Épisode 5, La honte de la tribu.
Salut tout le monde, on continue de remonter le fil de la saga Turok et mine de rien ça commence à toucher à sa fin.
Comme cela faisait une éternité que je n'avais pas mis les mains sur cet opus, je viens donc de retoucher au jeu récemment pour les besoins de l'écriture. Enfin l'idée était surtout de confirmer si oui ou non, la note que je lui avait accordé n'était pas trop sévère.
Elle ne l'est assurément pas, cet épisode est une bonne grosse purge qui fait bien honte à tout ses prédécesseurs même au plus mauvais "Shadow Of The Oblivion".
Décryptage d'un échec :
Deux ans après l'épisode antérieur, Acclaim Austin remet sa série phare en route sortant ainsi Turok : Evolution en 2002.
Sauf que Acclaim n'est plus le studio des grands jours, en effet la société est désormais déficitaire. La faute principale venant de la baisse de qualité de ses softs, du en partie au rythme effréné de production que l'éditeur a imposé à ses développeurs. Eh oui, une stratégie qui pouvait paraître payante sur le court-terme mais sur la longueur,c'est une tout autre histoire. Donc, qui dit déficitaire, dit coupe de budget et cela va ce forcément ressentir sur Evolution.
En tout cas cet opus apparaissant pendant une nouvelle génération de console, on se disait avant sa sortie que le soft pouvait fortement tirer profit des capacités techniques de cette ère. C'était sans compter que cette fois-ci, Nintendo avait perdu l'exclusivité de la licence. Acclaim voulant développer son jeu sur de nombreux supports Turok : Evolution s'en retrouva finalement aucunement optimisé pour aucun d'entre eux, triste affaire. Pour ma pomme, je teste la version Nintendo, tout simplement parce-que l'avais eu sur le GameCube à sa sortie.
Malgré cela les quelques screenshot et trailers promettaient beaucoup en son temps, cela semblait très spectaculaire et dynamique. Avis transcendé par la presse qui fut assez généreuse envers le soft, encore une fois...
Le jeu nous propose comme d'habitude mode solo, multi et emplacement Cheats. Je ne changerais pas de méthode en commençant par le mode solo :
Cet épisode ne déroge pas à sa règle immuable d'un scénario tenant sur un post-it. Vous incarnez ici Tal'Set, un indien qui veut venger sa tribu décimée par le capitaine Brunckner, et on se retrouve avec lui dans le monde Perdu. Qu'il devra explorer pour en venir à bout. Voila le pitch on ne peut plus simpliste est posé. La scénarisation n'ayant jamais été le fer de lance de la série je ne le soulignerai pas cela en tant que défaut notable.
Pour ce qui relève de sa structure même, Evolution assume pleinement l'héritage de son aînée en réitérant une forme d'exploration linéaire et scriptée. Sauf que cette fois-ci, les niveaux fps seront alternés avec des passages ou Tal'Set chevauchera des dinosaures volants pour des phases de Shoot dans les airs ( Tout aussi linéaires ).
Pour ce qui est des niveaux Fps, globalement chaque monde laisse très peu de place à la découverte en nous proposant des environnement très limités dans leurs topographies. Toutefois si l'épisode précédent était lui aussi sous cette même structure, il comprenait tout de même un level design assez travaillé et même quelque fois innovant.
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de cet opus, la construction des niveaux est assez pauvre, manquant cruellement de créativité. L'ensemble est très fade, perdant même les fameuses découvertes de passages secrets et les phases de plate-formes typiques de la série.
La progression manque ainsi clairement de rythme, se résumant presque seulement à ses phases de combats la, ou les anciens épisodes pouvaient se venter d'une variété d'actions dynamisant bien mieux les niveaux.
Je pense que les développeurs étaient bien conscient de ces défauts et d'ailleurs je suis intimement persuadé qu'ils ont ajoutés que vers la fin du développement les phases de Shoot Aérien pour combler ce manque .Enfin ça c'est ma théorie, elle peut-être totalement Bullshit, mais elle me plait bien.
Si j'en suis si persuadé c'est que les parties Shoot Them Up, sont excessivement mal calibrées, faute à level design souvent illisible, et des actions de l'environnement trop scriptées. Sans oublier les nombreux bugs, les défauts de collisions, le fait que si on s'éloigne trop des limites du niveau imposées par le jeu on crève directe. Dans n'importe-quel jeu intelligent, votre appareil ferait dans cette situation demi-tour ( LilatWars, Rogue Squadron... ) Vous avez ainsi le cocktail idéal pour de belles crises de nerfs en perspective.
Enfin, le soucis c'est aussi que ces phases durent, durent... Franchement j'ai vécu cela comme un calvaire qui n'en finissait plus. Comme si les développeurs étaient tellement persuadés que leur idée étant géniale, il fallait l'enfoncer comme Ponce Pilate.
Puisqu'il en est la composante principale de Evolution parlons des combats.
Vous le savez tous la force des Turok vient aussi de l'arsenal que ceux-ci proposent. Alors pour le coups je n'ai pas grand chose à reprocher à ce que l'on nous donne au sein cet opus, à part des effets visuels moins spectaculaires dans leurs utilisation les rendant moins fun et énergiques.
Je noterais, le même défaut pour les combats face aux monstres que l'on affronte, qui sont horriblement mous et répétitifs. Bizarrerie notable, car c'était un défaut majeur du premier opus pourtant résolu dès le second de la série. L'IA est quand à elle une catastrophe, putain, les ennemis arrivent à être aussi débiles que sur "Dinosaur Hunter". Alors que je le rappel on est sur GameCube!
Enfin tout débiles qu'ils soient ces ennemis sont tous dopés comme des porcs, avec un armement ultra punitif. Parfois une seul erreur contre l'un d'entre-eux peut vous faire perdre la partie. Sachant que les points de sauvegardes sont encore une fois de plus très éloignés, cela rends le jeu très difficile. L'ennui c'est que si autrefois la difficulté boostait le joueur pour qu'il donne le meilleur de lui même, ici les fights sont si indigestes, fades et monotones que l'on a rapidement peu envie de reprendre la manette.
Finissons traditionnellement avec les choix de la direction artistique :
Premièrement, je pointe sévèrement du doigt le manque de soin apportés aux décors qui sont d'une pauvreté esthétique navrante. Le choix des lieux qui sont à l'image de l'épisode antérieur, sans fantaisie. Ou est passé l'incroyable travail effectué sur l'architecture et la maîtrise des éclairages que maniait avec brio "Seeds Of Evil"?
Deuxièmement, le bestiaire d'une nullité affligeante. Les monstres ne sont ni charismatiques, ni variés. Puis la ou Turok 2 avait donné aux ennemis une singularité au niveau de leurs déplacements et de la manière de les éliminer, ici ils sont tous quasi similaires. Heureusement quelques dinosaures sympathiques viennent de temps en temps s’incruster dans ce marasme.
Pour terminer, la bande-son est elle aussi insipide ( mamma celle de la base militaire, beurk... ). Voulant se donner absolument dans l'épique, elle tombe dans le ridicule tant l'action du jeu est sous lexomil. Les boucles étant aussi très courtes, elles ont le don de très vite devenir insupportables. Soulignons aussi un Sound Fx au ras des pâquerettes qu'il s'agisse des armes, des monstres et des bruitages en tout genres.
Turok : Evolution signe donc la pire direction artistique de la série.
Passons très vite sur le multi-joueurs très moyen, étant largement écrasé par la concurrence de l'époque. Les quelques modes de jeux sont peu intéressants, les maps pas assez nombreuses. Il réussit le fait d'être moins complet que ses aînées, ne proposant même pas la possibilité d'inclure des bots.
Tout de même il comporte quelques points positifs, la grandeurs des terrains au level design assez soigné. Puis l'arsenal étant varié, une multitude d'actions s'offrent à vous. Malheureusement pour réellement s'amuser sur ce mode il faudra être au minimum 3 sur le terrain. Il fallait tout de même les trouver les 2 potes pour jouer à Turok Evolution, quand à la même époque il y'avait l'excellent TimesPlitters 2...
Pour conclure, Turok : Evolution est un échec cuisant. Un épisode qui détruit définitivement le travail qui avait été fournit dans les deux premiers opus. La série est devenue sans âme, sans fun, sans originalité propre, bref sans plaisir. Acclaim Austin conclu sa série phare de la pire des manières qu'il soit, cela est fort décevant quand on voit ce qu'auraient pu offrir les consoles next-gen pour un tel soft.
En fait je pense juste qu'ils ne se sont pas posé les questions essentiels, pour cerner l'esprit de leur saga et l'orienter avec cohérence. Ils n'ont pas su ce que devait être un Turok, tout simplement.
Quand à moi, je vous retrouve pour la fin de la saga à ma prochaine critique, portez vous bien, bye!
[ L'ensemble de mes critiques à propos de la Saga Turok sont disponibles ici : http://www.senscritique.com/liste/Les_Chroniques_du_Raptor_dechu_Mes_critiques_sur_la_saga_Tur/564294 ]
