Tyranny est le dernier né d’une collaboration, que j'espère fructueuse, entre Paradox et Obsidian. Malgré une présentation tardif, à peine 6 mois avant sa sortie, la promesse d’un jeu de rôle dans un univers original écrit par Obsidian est déjà en soi un motif d’attente important. Ça l’est d’autant plus quand on nous annonce que l’on incarnera un sbire de l’empereur suprême dans un monde ou le mal a remporté la guerre. Ça plus la promesse d’une forte rejouabilité et de choix (im)moraux, qui impacteront les événements du jeu, la hype était donc à son paroxysme (si si !) lors de la sortie du jeu debut Novembre. Quand est-il dans les faits.


Petites précisions tout d’abord, je n’ai terminé le jeu qu’une seule fois (en niveau de difficulté hard), pour l’instant. Je ne peux donc parler que des impressions glanées lors de mon expérience de jeu, mais me servirais d’informations recueillies ci et la sur les internets pour avoir une idée de la rejouabilité. Je fais également le choix volontaire de ne pas donner d’exemples trop précis sur vos possibles actes pour ne pas spoiler. Aussi ayant joué au jeu en version original, et n'étant pas au point sur ce que propose la version française, veuillez excuser mes anglicismes.


Dans le monde merveilleux de Tyranny, la plupart du monde connu a été conquis par l’Overlord Kyros au cours de plusieurs siècles de guerre. Si bien qu’il ne reste plus qu’une région éloignée à conquérir, Les Tiers. Deux armées commandées par 2 Archons, sorte de généraux possédant des pouvoirs colossaux, sont donc envoyées pour terminer la conquête du monde de Terratus. Le tout supervisé par l’Archon de la Justice, l’Adjudicator Tunon dont vous êtes au service, mais j’y reviendrais. Si très peu de choses sont connus au sujet Kyros, s’il s’agit d’une femme ou d’un homme par exemple, tout le monde connaît et craint l’étendu de sa puissance et de sa cruauté. Kyros est notamment connu pour ses Edicts, sorte de missives magiques renfermant sa volonté et capable de plonger une région entière dans le chaos. Il, ou elle, n’hésitera d’ailleurs pas à s’en servir pour ‘motiver’ ses troupes lorsque la résistance posera problème à ses armées: ‘all in the valley on Kyros' Day of Swords shall die unless Kyros' representative holds Ascension Hall’. Un chouette leader donc.


En tant que cRPG, et reprenant en partie le travail effectué sur le très bon Pillars of Eternity (PoE), Tyranny vous propose une phase de création de personnage assez classique pour le genre. La nouveauté ici est que votre personnage n’est pas un sombre inconnu amnésique ou autre, mais a un passé. Non seulement vous devez choisir la façon dont vous êtes entré au service de l’Overlord Kyros, mais aussi quelles furent vos actions durant les 3 premières années de la conquête des Tiers. Lors d’une phase logiquement appelé ‘Conquest’, se déroulant à la façon d’un livre dont vous êtes le héros, vous allez devoir choisir vos actions, qui vont ainsi forger un personnage unique. Ici impossible de tout voir, d'être à tous les endroits, ou d’intervenir à chaque problème, donnant lieu à une forte rejouabilité, car vos choix vont directement impacter votre aventure.


Vous incarnez un Fatebinder, ou ‘Scelleur de Destin’, au service de Tunon, chargé d’aider à la conquête des Tiers en arbitrant les débats houleux entre les deux armées de Kyros dont l’entente cordiale ne l’est plus vraiment. D’un côté, les élitistes Disfavored, des soldats d’élites peu nombreux mais organisés et, de l’autre les Scarlet Chorus, violent regiment peu organisé mais ayant l’avantage du nombre, embrigadant une partie des ennemis déchus lors de rituel inhumains et sanglant, n’hésitant pas à sacrifier leurs hommes au combat tel de la chair à canon.
Evidemment vos choix et réactions vont impacter non seulement l’aventure mais aussi la façon dont tous les PNJs vont vous percevoir.


Vous l’aurez compris, Tyranny est donc un jeu qui va vous demander de faire des choix, permettant ainsi une belle rejouabilité (comptez une bonne 30aines d’heures pour voir le bout). Allez vous être à l’écoute de votre conscience, à l’inverse embrasser le côté cruel ou alors vous montrer magnanime et vous contenter de suivre les lois de Kyros?
Mais il va surtout falloir vous poser les vrais questions : ‘quels choix risquent d’amener le plus de souffrance’ ou ‘quels choix va d’augmenter les risques de se faire poignarder dans le dos par un allier’... En effet vous pouvez gagner des points de loyauté et de peur, les deux n’étant pas mutuellement exclusifs, auprès de vos compagnons, de même pour les factions du jeux.
Le monde dépeint ici est cruel, sombre et impitoyable, et l'équipe d’écriture de chez Obsidian a d’ailleurs pris un malin plaisir à tester votre conscience de bon joueur habitué aux quêtes pour sauver la veuve et l’orphelin, afin de mieux vous obliger à vous résigner à vous tourner vers, au mieux, ‘le moindre mal’, ou au pire à devenir un monstre. Les tentatives de bonnes actions ou les prises de pitié mal placées auront surtout l’effet de vous faire passer pour faible auprès de vos ennemis, mais aussi de vos alliés. Du même genre, vouloir être trop bienveillant n’est surement pas un bon moyen de sauver des vie. Vouloir sauver un prisonnier peut amener à une situation bien pire pour lui/elle. De la même façon, la réputation de vos atrocités passées vous suit, et lorsqu’il s’agira de menacer un leader rebel pour qu’il se rende, vos paroles auront beaucoup plus de poids si vous avez par le passé brûlé un village entier, avec ses habitants, pour leur rébellion. Vos atrocités passées vont donc ironiquement permettre… de sauver des vies.


Evidemment, qui dit cRPG, dit combats. Ici on est une nouvelle fois devant un système à pause active. Une nouveauté par rapport a PoE étant que l’on peut assigner un IA a ses compagnons que je me garderais de juger l’ayant désactivée (oui j’aime la micro gestion dans ce genre de jeu…). Rien de bien nouveau de ce côté, même si on aurait aimé un peu plus de variété dans les adversaires rencontrés, même si c’est justifié par le Lore. Et si les mêmes soucis que son ancêtre persistent, lisibilité parfois compliquée ou pathfinding pataud, Obsidian a ajouté un système de craft de sorts magiques plutôt intéressant, directement lié à votre stat de connaissance. Vous pouvez ainsi choisir un core pour votre sort (electricité, feu, atrophie…), une forme (une cible proche, à distance, ou en cône...) puis y ajouter des spécificités (plus de puissance, de porté, ou même des effets additionnels). Et si tout le monde peut lancer un sort basique, utiliser des combinaisons puissantes demandera donc un niveau de connaissance plus élevé.


Dernière chose, il est intéressant de noter que le jeu va à l’essentiel. Pas de quêtes secondaires, tout est lié à l’aventure principale, ce qui permet une aventure plus condensée et mieux rythmée malgré les rares chutes d’intensité ici et la. L’aventure s'arrête d’ailleurs de l’avis de certains trop tôt. Personnellement je nuancerai ces propos. Soyons clair, la fin du jeu ne répond pas à toutes les questions que vous pourrez vous poser, et ne correspond pas à la fin de l’Aventure, notez bien la majuscule, de votre protagoniste. Cependant, ai-je été déçu par cette fin? Non, pas vraiment. Cela dépendra sûrement de votre point de vue sur la question suivante: une fin doit elle absolument révéler tous les secrets d’un univers et apporter une conclusion definitive a son héros? De mon point de vue non. S’il est vrai que la fin du jeu peut s’apparenter au commencement d’une plus grande aventure, elle se suffit en soi. Libre à Obsidian de nous narrer la suite ou de laisser libre court à votre imagination.
Quoiqu’il en soit, et quelque soit votre position sur la question ci dessus, c’est ici clairement le voyage plus que la destination qui compte.


En bref, vous l’aurez compris, Tyranny n’est pas parfait, et montre surtout ses grandes qualités sur ses dialogues et choix plus que sur ses mécanismes. Tyranny vous permet de vivre une aventure unique, dans un monde original intriguant et rempli de mystères. Grâce une fois de plus au travail d’écriture gargantuesque et de grande qualité réalisé par Obsidian, chaque interaction avec l’univers et ses personnages (les compagnons proposés sont superbes et proposent tous de long dialogues pour leur donner vie) est un plaisir. Le jeu reussi à vous faire ressentir vos décisions, et vos actes pourront même vous donner des hauts le coeur. Soyez prévenu, le jeu ne va pas être fait pour les plus sensibles d’entre vous.

CactusSinger
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le 26 nov. 2016

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CactusSinger

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