Beaucoup d'encre a déjà coulé sur le titre : sa réalisation magnifique qui met à l'amende presque tous les AAA sortis depuis 2016, la fluidité et la variété de son gameplay, ses qualités d'écriture, ses personnages attachants et le souffle épique de ses dépaysantes aventures.
En y jouant avec 8 ans de retard, rien n'a changé. Uncharted 4 reste le maître étalon de l'action-aventure cinématographique, et je ne saurais citer aucun jeu qui s'en approche. Alors plutôt que m'épancher en louanges redondantes, je vais plutôt me plaindre de sa structure.
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Est-ce quelqu'un s'est déjà plaint qu'un Uncharted était trop court ? Ce sont des jeux qui sont rythmés comme des films d'action (avec des fusillades beaucoup trop longues, certes), et plus le jeu s'étire, plus il a de chance de perdre son souffle et d'épuiser le joueur à force de sans cesse réitérer ses enjeux dramatiques en soufflant sur les braises de son intensité.
Et c'est exactement ce qui se passe dans Uncharted 4 qui s'étale sur plus de 16 heures. Les premières sont excellentes et bien rythmées, alternant action, narration, exploration et puzzle sans jamais vous laisser faire trop longtemps la même chose. Puis arrive le chapitre 11 sur 22 : séquence urbaine à Madagascar, escalade de clocher, fuite éperdue sous le feu ennemi, suivi de la course-poursuite la plus impressionnante de la série, qui se termine dans un feu d'artifice d'adrénaline.
A ce stade, on est déjà passé par des séquences très différentes les unes des autres, dans une foultitude de pays différents, à diverses époques, et ce chapitre atteint un pic d'intensité que le jeu ne parviendra jamais à égaler.
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Et c'est vraiment juste une question de rythme et de structure, car la plupart des chapitres suivants sont excellents. Le jeu est d'une générosité folle, la mise en scène et la réalisation sont toujours irréprochables, et vous passez de cabrioles au grappin à une poursuite en bateau sur une mer déchainée, de la plongée, de la jeep sur terrain accidenté ou dans des torrents... et tout fonctionne très bien, y compris ces séquences motorisées pourtant incroyablement casse-gueule à produire.
Nouveau pic d'intensité dans le chapitre 15 qui repousse les limites visuelles de la licence avec une énième cité perdue, certes, mais des effets d'échelles hallucinants et des paysages à couper le souffle.
Dans n'importe quel Uncharted, ce serait le dernier niveau, mais on est très très loin du compte puisqu'il nous reste 6 chapitres charnus et de combats au kilomètre contre des tétra-chiées d'ennemis pas très excitants qui déferlent interminablement dans le viseur de Nate. La trilogie originale lui faisait commettre un peu plus de 500 meurtres par épisodes, et on reste dans cette fâcheuse moyenne, qui continue de contraster salement avec l'écriture du jeu.
À ce propos, les premiers chapitres d'Uncharted 4 n'ont aucune fusillade, et sont de LOIN les meilleurs moments. Le jeu mettra longtemps à retomber dans ses pires travers, mais les derniers niveaux sont un festival de chair à canon qui a largement contribué à étouffer mon émerveillement et à gâcher l'excellente impression que j'avais de l'aventure dans son ensemble.