Cet avis contient de très légers spoilers (concernant certaines situations du jeu) balisés comme il se doit. Rien de bien méchant cependant, aucune grosse révélation sur l'histoire n'est écrite entre ces balises masquées
Finir une saga n'est jamais chose aisée, et c'est à cet exercice que s'est livré Naughty Dog avec cet Uncharted 4 (du moins jusqu'à ce que Sony ne nous annonce un cinquième épisode ;).
La série, vitrine technologie des machines du constructeur depuis le premier épisode sur PS3 en passant par une sympathique itération sur PSVita, débarque donc PS4 avec ce dernier opus. Et ce statut de vitrine technologique est encore une fois conservé, avec une maîtrise totale de la plateforme. Chaque séquence témoigne de l'expertise des développeurs à exploiter au maximum les ressources à leur disposition, sans jamais imposer au joueur le moindre ralentissement. Alors oui, le jeu est en 30 images par secondes et non pas 60, mais ce sont 30 images de manière constante offrant un confort de jeu appréciable. Et surtout quelles images ! Le jeu est une sublime invitation à découvrir des paysages tous plus impressionnants les uns que les autres. Que ce soit les panoramas époustouflants s'étendant à perte de vue, ou les intérieurs sombres de ruines aux jeux de lumières saisissants de réalismes, rarement un jeu n'a atteint ce niveau de détails.
Mais résumer A Thief's End à une simple démonstration technique des capacité de la console serait une erreur. Le jeu repose également sur une narration et une mise en scène solides.
On y incarne à nouveau (pour la dernière fois ?) Nathan Drake, un chasseur de trésor "à la retraite" rattrapé par son passé avec le retour de son frère disparu Sam, qui l'embarque sur les traces d'un antique pirate dont la fortune est une fable aux yeux de tous.
Sans en dévoiler d'avantage, le titre profite d'une histoire captivante du début à la fin, mais qui manque peut être un peu d'originalité et de surprises. Le joueur sera d'avantage marqué par l'écriture des personnages qui, bien qu'un peu caricaturale pour certains, permet au titre d'atteindre une dimension très humaine rarement atteinte dans un jeu vidéo. Ce sentiment est renforcé par des dialogue très bien écrits et par le jeu des acteurs, de qualité, que ce soit en VO ou en VF. D'ailleurs, le jeu prend réellement le temps présenter ses protagonistes grâce à des niveaux où l'action est en retrait, laissant place à des dialogues entre eux.
Par exemple, dans un niveau se déroulant à Madagascar à bord d'un 4X4, le joueur n'a pour objectif que d'aller d'un point A à un point B. En plus de quelques obstacles sur la route à contourner, ce petit voyage donne lieu à des échanges entre les personnages nous permettant de mieux comprendre leur motivation, et de s'attacher un peu plus à eux.
En plus de ces séquences "posées", le jeu propose deux autres types de phases : l'exploration et les gunfight.
Concernant la partie exploration, c'est une franche réussite. Le joueur est régulièrement amené à escalader divers éléments (église, manoirs, montagnes, falaises & Cie) mettant intelligemment en valeur les superbes panoramas du titre. Le level design est suffisament bien pensés pour donner l'illusion que plusieurs chemins sont à dispositions, bien que dans l'absolu, les niveaux sont plutôt linéaires. En plus de ces quelques acrobaties, des petites énigmes sont mises sur notre chemin - jamais bien compliquées, mais toujours bienvenues car renforçant ce sentiment de chasse au trésor qui imprègne le jeu.
En revanche, les séquences de gunfight sont plus mitigées, faute à la prise en main un peu lourde du personnage dans ces moments où un peu plus de souplesse aurait été bienvenue. Dans ces passages, le jeu se joue comme un TPS classique avec un système de couverture pas vraiment irréprochable et une IA à la ramasse. Pour varier les plaisirs, les développeurs ont tenté d'ajouter des possibilités d'infiltration, mais là aussi l'IA montre très vite ses limites et le joueur aura très vite fait de ressortir les armes. Heureusement les développeurs ont eu l'intelligence de ne jamais imposer la discrétion au joueur, évitant ainsi beaucoup de frustration et un risque de décrochage. En plus d'être un peu trop nombreuses à mon goût, les séquences de gunfight ne sont pas systématiquement bien intégrées au scénario.
Par exemple, dans le premier tiers du jeu, une mission nous amène a assister à une vente aux enchères pour dérober l'un des objets présenté. A ce stade du scénario, le joueur comprend tout à fait les motivation de Nathan à commettre un vol, qui n'approuve pas totalement ce geste illégal. En revanche, lorsqu'un peu plus tard, le casse tourne mal et qu'on est obligé de tuer tous les gardes qui se présentent (en quantité militaire au passage) - faisant du héros un meurtrier - cela ne pose pas de problème...
Dernier point négatif, le dernier tiers de ce Uncharted manque un peu de variété (voire même a quelques longueurs). Rien de bien méchant cependant, les tout derniers niveaux clôturant de fort belle manière la série.
Pour terminer, petit point sur la partie sonore du jeu. Comme dit plus haut, les doublages sont de très bonne qualité, ce qui est également le cas de la bande son qui, sans forcément marquer, appuie avec justesse les différents moments de jeu et ne tombe pas dans les clichés facile des destinations représentées.
Donc non, cette fin n'est pas une fin de voleur, c'est en fait tout le contraire. De par sa maîtrise technique, son écriture et ses phases d'explorations, A Thief's End met fin aux aventures de Nathan Drake de la plus belle des manières qui soit. Une belle mise en perspective ce que pourrait être les prochaines aventures des développeurs, un certain Last of Us 2 ? ;)