Traînant sur ma CM depuis près d'un an, je me suis enfin décidé à faire ce Virtue's last Reward, 2nd épisode de la série de visual novel Zero Escape créée et scénarisée par Kotaro Uchikoshi. Pour info, je n'ai pas fait le 1er épisode de la série "9 hours, 9 persons, 9 doors " (dispo uniquement sur Nintendo DS alors que ce 2nd épisode est à la fois sorti sur 3DS et PS vita ). cela n'a pas été un frein à la compréhension de l'histoire et de son background, bien que certaines révélations et découvertes doivent être plus appréciables lorsqu'on a eu l'occasion de jouer au 1er épisode. Mais de nombreuses découvertes, dossiers à débloquer et témoignages permettront aux nouveaux joueurs d'appréhender globalement les événements antérieurs.


L'histoire commence lorsque Sigma, avatar du joueur, se fait kidnapper par un mystérieux homme portant un masque à gaz. Se réveillant ensuite dans un mystérieux bâtiment, il rencontre rapidement 8 inconnus, tout aussi victime que lui. Tous se retrouvent munis d'un bracelet digital affichant un mystérieux nombre 3. Tout de suite après leur rencontre, ils apprennent de Zero Jr. - une IA à l'apparence de lapin (si si ) - qu'ils ont été choisi pour participer au "Nonary Game", un survival game dont le but est de réussir à survivre (forcément) et s'échapper. Le seul moyen de sortir est d'ouvrir la porte marquée d'un 9 en augmentant le nombre du bracelet au minimum à la même valeur. Ensuite vive la liberté. Mais rien n'est simple et si jamais le chiffre devait tomber au-dessous de zéro, ou encore en cas de transgressions de certaines règles, ce même bracelet injectera un poison mortel dans les veines du participant et game over. Nos 9 kidnappés n’ont d’autre choix que de s'allier ... ou de se trahir.


Voilà en gros le pitch de base. Mais derrière cette situation somme toute assez classique se dissimule des enjeux beaucoup plus ambitieux, embarquant nos héros dans une aventure bien plus subtile et complexe, avec son lot de révélations choc. Le joueur se retrouvera vite plongé dans un univers science-fictionnel mêlant psychologie sociale, bio-technologie, cybernétique, physique quantique et multivers, et même une petite touche de thriller avec l'apparition d'un mystérieux serial killer.


Virtue's last Reward, comme tout visual novel qui se respecte, offre au joueur la possibilité de suivre diverses routes scénaristiques selon certains choix déterminants. l'une des forces des auteurs est d'avoir réussi à parfaitement intégrer cet élément de gameplay dans une sorte de méta-narration plus globale. En effet, si chaque timeline entraîne bien sa propre chronologie d’événements, elles ne sont pourtant pas totalement indépendantes les unes des autres (certains faits se répétant parfois même d’une timeline à une autre ). A tel point que parfois, par manque de connaissance sur son alter-ego virtuel, le joueur se retrouvera bloqué sur une route, le laissant face à un frustrant "to be continued". Le seul moyen pour délocker la suite sera alors de parcourir une autre timeline afin d’obtenir les éléments clés nécessaires à la progression. Si il est vrai que ce concept peut sembler un peu tiré par les cheveux, tout cela se révèle parfaitement cohérent et logique dans l'économie du récit, surtout lorsque la notion de multivers entre en jeu.


Évidemment, toute l’histoire se déroule aussi à travers la dynamique de groupe qui lie les acteurs de ce drame. En terme d’écriture, chaque personnage a vraiment bénéficié d'un excellent soin, tant au niveau de la psychologie que du background. Et bien entendu,leur participation au Nonary Game n’est pas le fruit du hasard. En découvrir la raison fera aussi partie de l’un des nombreux enjeux narratifs. Chaque personnage dissimule une part de mystère qu’ils ne seront pas tous enclins à dévoiler facilement. Il sera nécessaire parfois de lire entre les lignes afin de ne pas avoir de mauvaise surprise. A côté de cela, certains protagonistes susciteront très vite l’empathie du héros, et du joueur par la même occasion. Les liens ainsi créés rendront dès lors certains choix plus difficiles lors de l’AmbidexGame, l’un des rares moments où le joueur intervient au coeur de l’histoire.


Parlons donc un peu maintenant du gameplay. Ce dernier se divise en trois phases particulières dont l’'une sera liée aux choix qui détermineront la timeline empruntée. Dans un premier temps, il s'agit d'emprunter l'une des différentes portes de couleur; ces portes menant à un endroit bien particulier du complexe. Ce choix sera lié aux personnes avec lesquelles nous souhaitons faire équipe. Les bracelets de chaque perso affichent une couleur particulière et indiquent également si il fonctionne en paire ou en solo. Une paire de même couleur devra s'associer avec un membre solo d'une couleur différente. Selon l'association de couleur, le groupe de trois obtient l'une des couleurs additives ou soustractives, permettant ainsi de franchir l'une des portes chromatiques. En fonction de la progression dans l'histoire, le joueur aura le choix entre trois, deux, voire seulement une solution (dans certains cas, des personnages ne voulant pas faire équipes avec d'autres limiteront donc les possibilités).


Une fois de l'autre côté de la porte colorée, le joueur se retrouve dans une pièce close de laquelle il doit arriver à sortir. Pour se faire, il s'agira de résoudre un puzzle plus moins tordu selon les pièces. Celles-ci sont assez variées (laboratoire, infirmerie, salon, jardin, etc.) et liées d'une façon ou d'une autre à l'histoire. Si jamais quelques difficultés sont rencontrées pour la résolution des énigmes, il reste toujours la possibilité de passer en mode « easy ». A partir de ce moment, les membres de l'équipe donneront des indices pour débloquer la situation. A noter que chaque puzzle offre deux solutions : l'une permettant d'obtenir la clé qui permettra de sortir (ainsi que,parfois, d'autres éléments en lien avec l'histoire) ; l'autre donnant accès à un dossier secret contenant des infos sur le background, les personnages, ou encore des infos sur les événements du précédent jeu.


puis arrive la troisième étape, le fameux AmbidexGame. Ici encore, le joueur devra faire un nouveau choix qui entraînera la progression sur l'une des routes narratives. C'est ici que les notions de trahison et d'alliance entrent en jeu. Toutes les équipes de trois se retrouvent séparées. Chaque paire va se retrouver au membre solo qui l'accompagnait (phrase pas claire). Un Vote se fait en huis clos. La paire détermine si elle fait confiance ou non au 3e membre de l'équipe et en fonction de sa décision, choisi entre « Ally » ou « Betray » . Lepersonnage solo fera également le même choix de son côté. Après le vote, les résultat sont affichés sur un tableau redistribuant plus ou moins avantageusement les cartes. En fonction des votes qui opposent une paire à un solo, les points affichés sur le bracelet vont soit augmenter pour les deux partis, soit stagner, ou encore monter d'un côté et descendre de l'autre. Évidemment, suite à ces votes, une nouvelle dynamique entre les personnages se créera: entre confiance et méfiance, mais aussi et surtout sur les résultats possibles du prochain AmbidexGame. Car oui, plusieurs rounds seront nécessaires pour obtenir le fameux 9 de la liberté.


Après cet événement, les paires et solo, de même que les couleurs, sont modifiés aléatoirement, permettant la création de nouvelles équipes pour franchir d'autres portes chromatiques, enchaînant ainsi sur une nouvelle pièce à énigme, qui elle-même entraînera un nouveau round de l'AmbidexGame, jusqu'à arriver à l'une des fins liée à un perso ou à un fatidique Game Over. Au final, le but est d'obtenir la fameuse « True End » dont la conclusion s'avère tout simplement grandiose mais qui pourtant, laisse aussi sur sa faim. En effet, le jeu se termine sur une énorme interrogation concernant une tragédie seulement évoquée mais qui a entrainé la situation vécue tout au long du jeu . La série étant pensée comme une trilogie, l’épisode 3 devrait normalement dénouer le dernier mystère de cette aventure.


Dans le genre Visual Novel, Virtue's last reward se place indéniablement dans le haut du panier. Avec son histoire démentielle, ses personnages fascinants, ses mystères, ses puzzles retors et sa durée de vie conséquente (une bonne trentaine d'heures seront nécessaires pour en arriver à bout), autant dire toute de suite que c'est un must-have absolu pour tout possesseur de 3DS ou PS Vita. Pour peu qu'on soit un anglophile de bon niveau. Car oui, la traduction, accompagnant un doublage japonais d’excellente qualité, est uniquement en anglais, ce qui limite inévitablement l'accessibilité du titre. Et pour ceux qui craindraient de ne pas avoir la conclusion de la série, point de panique. Le week-end où je terminais le jeu se tenait l'anime-expo 2015 aux USA.Uchikoshi Kotaro comptait parmi les invités. Ce fut l’occasion d’annoncer l’entrée en développement de Zero Escape 3 dont la sortie devrait être prévue pour le courant 2016, toujours sur 3DS et PS Vita. Grande nouvelle car, si la série bénéficie d'une certaine renommée d'estime, elle n'avait malheureusement pas rencontré un succès commercial important, ce qui a laissé beaucoup de joueurs dans l'angoisse de ne jamais connaître la grande conclusion. Maintenant, plus d'inquiétude à avoir, le rendez-vous est pris pour 2016 afin de voir quelle histoire hallucinante et quelles énigmes tordues nous réserve Uchikoshi et son équipe.

KamenAruno
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le 5 juil. 2015

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