VVVVVV
7.2
VVVVVV

Jeu de Terry Cavanagh, Distractionware et Nicalis (2010PC)

Critique publiée à l'origine sur Etoile-et-Champignon.fr


Ne vous laissez pas tromper par l’esthétique rétro de VVVVVV, qui rejoue avec tendresse celle des vieux titres Commodore des 80′s : cette façade cache en effet un chef d’oeuvre de la plateforme, à la fois moderne et pointu. Ses épreuves d’adresses s’avèrent aussi exigeantes que ses mécaniques sont justes et précises, et sa progression ample et ambitieuse, façon « Metroidvania », permet l’exploration libre d’un monde labyrinthique et ouvert.


GAMEPLAY SIMPLISSIME, LEVEL-DESIGN HYPER VARIÉ


Tout commence par un crash de notre vaisseau, aux confins d’une galaxie inconnue : les quatre équipiers de notre adorable personnage de pixel se retrouvent isolés aux quatre coins du jeu, notre mission consistant à les secourir. Pour ce faire, il faudra explorer chacune des sous-sections du vaisseau, constituées de tableaux interconnectés pour autant d’épreuves plateformesques très pointues (c’est le cas de le dire).


Malgré l’apparente austérité de ses graphismes, VVVVVV déploie un monde emprunt d’une vraie personnalité et d’une certaine « chaleur ». En atteste le titrage de chaque tableau selon l’épreuve du moment, une idée qui souligne l’impression de parcourir des lieux singuliers proposant des challenges foncièrement différents les uns des autres.


Concernant ses mécaniques, VVVVVV se recentre sur un gameplay minimaliste . On se déplace à droite/à gauche par balayage du côté gauche de l’écran, on inverse la gravité par une simple touche à droite, et c’est tout. L’offre ludique peut sembler rudimentaire de prime abord ; mais le degré de complexité et de raffinement auquel le level-design élève ce combo (direction + bascule de gravité = trajectoire) est proprement sidérant d’intelligence et de malice… au point que l’on esquisse fréquemment un sourire impressionné devant les idées de gameplay parfaitement accomplies qui se matérialisent, tableau après tableau.


LA QUINTESSENCE DE LA PLATEFORME


Et le pire dans tout cela, c’est que Cavanagh ne se contente pas d’exploiter le plein potentiel de son gameplay : en dépit de la structure ouverte de son jeu (on choisira librement l’ordre des sections que l’on explore), il parvient à créer une vraie courbe de difficulté, à incrémenter le challenge au rythme d’une idée par tableau… d’où vient l’impression d’une progression presque parfaite, qui permet d’accepter de bloquer sur une épreuve retorse (sur le mode : « on a réussi les précédentes épreuves, on réussira bien celle-ci ! »). Les checkpoints sont en outre si proches les uns des autres que l’on ne doit presque jamais refaire plus que quelques pas.


Pour autant, VVVVVV est violemment, incontestablement difficile – surtout lorsque l’on tente de récupérer les pièces cachées, challenges les plus piquants du jeu -. Mais c’est une difficulté qui semble acceptable, tant son gameplay s’avère plaisant : flottant juste ce qu’il faut pour donner le temps de réajuster une trajectoire à la volée, en même temps qu’hyper réactif, il nous donne l’impression d’être en maîtrise, ou plutôt, de pouvoir l’être à force de persévérance, en nous laissant entrevoir une marge de progression. Même après la 10ème mort sur un parcours serré, il n’est pas rare de se dire : « je dois pouvoir passer, si je tente tel micro-déplacement à tel moment ».


C’est là le signe de la pureté de VVVVVV : son gameplay est un champs d’expérience, dont on ne doute jamais de la justesse des règles, et ses niveaux, le laboratoire de notre action. C’est, en somme, un jeu de plateforme quintessentiel : on se captive pour la simple pratique de son gameplay, pour le seul fait de tailler ses gestes et trajectoires le plus parfaitement possible, motivés par l’idée de poser le pied de l’autre côté de ses tunnels infernaux. Signe supplémentaire de l’intelligence à l’oeuvre : les téléporteurs judicieusement placés dans le décor écourtent tous les trajets, épargnant les retours-lourdingues. Seul vrai regret : VVVVVV est si jouissif et prenant qu’il en parait trop court (compter 3 à 5 heures pour en voir le bout).


CONCLUSION


VVVVVV, c’est l’accomplissement d’un certain idéal du genre « plateforme » : un gameplay simple mais juste, décliné par un level-design malin et précis en une grande variété de challenges. On s’y fait certes dompter par une difficulté redoutable ; mais cette difficulté laisse toujours entrevoir qu’une progression est possible. Et l’on progresse en effet, récompensés de nos efforts par un sentiment de mérite comme peu de jeux savent en créer. Un immanquable du genre « plateforme ».


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Benetoile
9
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Créée

le 4 mai 2020

Critique lue 95 fois

4 j'aime

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